Pontonx : sur La Fragua est forgé l’avenir de la tauromachie

Pontonx : sur La Fragua est forgé l’avenir de la tauromachie

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Plus qu’une compétition, La Fragua est un temps de partage entre les différentes générations de toreros pour transmettre le flambeau entre les anciens et les nouveaux. Ce qui est parfois organisé en Espagne par des médias comme Canal Sur ou des grandes arènes comme Madrid, Séville , l’est en France sur les fonds privés d’un torero aidé par sa Peña (La Fragua) , ou des clubs taurins à Bougue  aidés par Dax, Bayonne et Mont de Marsan . N’y a-t-il pas d’autres arènes de premières catégories en particulier dans le Sud-est si souvent donneur de leçon ?
Juan Leal, pour la quatrième année consécutive, a permis à douze aspirants de se montrer. Parmi eux, quatre finalistes se sont qualifiés pour la finale.

C’est aussi une tradition, que le matin, un tentadero unisse en piste Juan Leal, un maestro retiré des ruedos et de jeunes pousses (des minimes aux juniors) d’Adour Aficion.
Ce sont quatre vaches de Miranda de Pericalvo qui ont été mises face au cheval du picador Gabin Rehabi puis toréées à la muleta par Richard Milian, le parrain de l’édition 2017, et Juan.
Chacun des maestros a touché une vache mauvaise et une très bonne.
Après avoir réduit une vache mansa, Richard a permis à Clément, Dorian et Yon de parfaire leur entrainement pour les débuts en non piquée à Mugron. Face à l’excellent troisième, brave au cheval et d’une très grande noblesse, le « prof de Cauna » a vite transmis la muleta à ses élèves. Ils ont pu prendre un énorme plaisir que ce soit les trois précédents ou bien les deux espoirs Juanito et Tristan qui ont enflammé le public présent sur les gradins.

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Face une première vache de grande classe, Juan Leal a toréé avec beaucoup de suavité, utilisant les capacités de la vache à partir de loin et en allongeant sa charge. Il a lui aussi transmis les trastos aux  « jeunes ». La dernière vache, mansa et sans race, ne permettait pas grand-chose sauf à réduire les terrains et la contraindre en lui « montant dessus », ce qu’a fait Juan Leal avec efficacité.


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Arènes couvertes de Pontonx,
Finale du Certamen de La Fragua 2017
Cinq erales de Miranda de Pericalvo, bien présentés au jeu inégal avec un excellent troisième honoré d’une vuelta al ruedo pour
Jaime Casas : une oreille
Juan Pedro Llugano : un avis et silence
Alvaro Passalacqua : un avis et une oreille
Ismaël Jimenez : un avis et vuelta, une oreille
Ismaël Jimenez est proclamé vainqueur de la quatrième édition de la Fragua
 A l’issue du paseo, un hommage a été rendu avec remise d’un trophée souvenir à André Viard.
L’écarteur landais Baptiste Bordes a réalisé un écart à la sortie du premier et du dernier novillo.
Président : Franck Lanati
Un tiers d’arène
Les femmes sont actrices de la tauromachie malgré le machisme « ancestral » du milieu taurin. Deux des novilleros étaient managés par deux anciennes toreras. Ismaël Jimenez l’était par Mary Fortes, la maman  du matador Saul fortes, et c’est María de los Ángeles Hernández Gómez, Angela, qui accompagnait Alvaro Passalacqua.  Cette dernière passionnée et avec une forte personnalité, torera de l’époque du Cordobès, est malheureusement décédée dans la semaine suivant la Fragua. Cette reseña lui est dédiée.

La Fragua était jumelée avec l’organisation par les jeunes dirigeants du club taurin de Pontonx d’une soirée landaise  qui a connu un très grand succès. Pour faire  le lien entre les deux tauromachies, Baptiste Bordes a écarté le premier et dernier eral de la novillada. Il serait intéressant d’échanger avec les ganaderos et les toreros sur l’impact de cet écart sur le comportement du toro. Il n’est un secret pour personne que beaucoup de professionnels de la corrida ne sont pas favorables à ce type d’initiative. Pour ma part, je n’ai pas d’opinion  tranchée, si ce n’est que le risque est quand même énorme pour un instant si bref. Il y manque  aussi ce qui fait l’intérêt des vaches sans corde, à savoir la lidia qui permet à l’écarteur d’aller à mas dans l’exécution de ses figures.…………….A suivre

Les erales fournis par Miranda de Pericalvo, propriété des apoderados de Juan Leal, très bien  présentés avaient tous un fond de noblesse malheureusement contrarié chez certains par de la faiblesse comme pour le quasi invalide sorti en quatrième.
On retiendra l’excellent troisième très encasté et noble qui sera honoré d’une vuelta al ruedo

C’est Jaime Casas, déjà vu à Arzacq, qui a ouvert la compétition. Le premier bicho, bien présenté, est noble à sa sortie en piste. Après une bonne réception à la cape, le novillero le cite pour une première série de derechazos « marginale ». Il se centre un peu plus sur la seconde avant de changer de main.  A gauche, le torero restera profilé. Sa tauromachie transmet peu d’émotions. Le toro baisse de ton  et réduit sa charge. Casas prolonge, inutilement, une faena qui devient hachée. Il tue, vite, d’une épée entière légèrement contraire et coupe la première oreille de la tarde après une pétition ultra minoritaire.  Comme à Arzacq, le novillero a toréé sans ses zapatillas, espérons que ce n’est pas une nouvelle mode……………………..


Nous étions restés sous le charme du mexicain Juan Pedro Llugano qui avait laissé entrevoir des qualités de lidiador face aux vaches de la tienta qualificative.  Il réalise deux bons premiers tercios avec en particulier deux bonnes paires de banderilles. Malheureusement, muleta en main, il manque de recours et est très brouillon. Les passes, souvent approximatives, sont enchainées sans continuité. La faiblesse du bicho prend le dessus sur sa noblesse. Il réduit sa charge, va à menos sans que le novillero puisse compenser par sa technique et la faena va, elle aussi, à menos.


Le troisième bien présenté. Haut et costaud  il n’est pas dans de le type de la ganaderia.  Très mobile, il a de la caste et de la noblesse .Il faut le toréer avec pas mal d’autorité et de temple pour le canaliser. Alvaro Passalacqua est un torero, à la muleta, fin et élégant.
Il développe une tauromachie moderne, toréant à mi hauteur et souvent sur le voyage et soignant le geste. Il va rester en dessous des possibilités du bicho qui ne demandait qu’à être  toréé plus par le bas.  D’ailleurs la meilleure série de la faena, est celle où le torero de Malaga a fait humilier son adversaire.  .Comme souvent en non piquée, l’inexpérience du torero n’a pas permis de voir toutes les qualités de l’eral.
Alvaro avec opportunisme, lucidité et sincérité porte une  bonne estocade à recibir. Malheureusement il est maladroit avec le verdugo. Sous la pression d’une partie du public, une oreille est accordée à un garçon qu’il faudra revoir avec un peu plus de maturité.


Ismaël Jimenez était pour beaucoup le favori de la Finale. Il est malheureusement très mal servi au sorteo. Son eral est un invalide à la charge courte .Le garçon, qui paradoxalement débutait en non piquée ce jour, va faire preuve de maîtrise et d’expérience. Il s’arrimera et s’efforcera d’imposer sa volonté au Miranda de Pericalvo. Il finira par y arriver en enchainant quelques passes méritoires. Il fait une vuelta après une entière verticale et deux descabellos.
Il y a un vrai  potentiel, déjà  entrevu en qualifications. chez ce garçon. C’est ce qu’a retenu le jury qui l’a déclaré vainqueur du Certamen. Dans l’esprit pédagogique de La  Fragua, cette décision, que je partage, aurait méritée d’être plus expliquée au public. Il n’y a pas eu de réaction à l’énoncé du palmarès mais le vainqueur a été moins applaudi que Passalacqua à la remise des trophées.

Jimenez a toréé le cinquième et dernier eral de cette journée. Le bicho, après un bon début, va rapidement à menos et se réserve. La faena bien commencée  va elle aussi à menos. Le novillero coupe quand même une oreille après une estocade en deux temps.


Merci à Juan et son équipe, nous serons à nouveau à La Fragua, l’an prochain, avec un peu plus de public, je l’espère. Ce type d’initiative mérite d’être aidée  et qui sait le futur Enrique Ponce a peut être commencé ce week-end sa carrière sur le sable  de Pontonx.

Petit détail, mais qui a son importance, il serait bon d’expliquer aux musiciens ,plus habitués aux courses landaise qu’aux corridas , qu’ils doivent jouer pendant la vuelta du toro et s’arrêter quand un torero victime d’une cogida est au sol.
En parlant de musiciens, prochain rendez vous dans le Sud-Ouest pour la Féria de Samadet, le 19 mars. Au-delà de l’intérêt du cartel, ce sera l’occasion de rendre hommage à Philippe Cuillé, coorganisateur de cette novillada et qui nous a quittés récemment.


Thierry Reboul

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