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Affichage des articles du mars, 2020

L'HÉRITAGE

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L'H É RITAGE Cette nouvelle a gagné le Prix de la nouvelle Taurine de Mugron le 9 avril 2012 Après des heures de conduite dans une quasi-hébétude, après m'être garée sur la place, derrière les arènes, comme le faisait mon père bien des années auparavant, et après avoir traversé trois rues mon sac sur le dos les yeux bien planqués derrière mes lunettes noires, je glissai la vieille clé dans la serrure. La tourner fut un peu difficile, mais ensuite la porte ne résista pas longtemps à mes coups d'épaule. Je refermais derrière moi, et m'enfonçai dans le jardin où je n'étais pas revenue depuis si longtemps. Tout avait trop poussé, mais le banc était toujours là, à l'ombre. Je m'assis et me mis à pleurer sans pouvoir m'arrêter. J'étais de retour dans la maison où nous passions nos étés, depuis toujours, mes parents et moi, souvent avec ma cousine, de deux ans plus jeune, et puis des amis de passage, des amis de mes parents bien sûr, qu

LA CUVÉE PROUST

LA CUV É E PROUST cette nouvelle est arrivée 2ème au concours de Nouvelles de Geaune le 13 octobre 2012 Nous sommes nés dans les Graves. Les Graves c'est ce territoire tout en long, collé à la face sud de la Garonne, tandis qu'au nord s'étend l'Entre-Deux-Mers. Les Graves, le plus ancien vignoble du Bordelais. Ma famille est de là, mais seuls mon oncle et ma tante étaient viticulteurs, à Saint-Pierre-de-Mons, près de Langon. Un pâté de maisons sur une colline caillouteuse, entouré de prairies, de forêts et de vignes bien entendu. On s'y retrouvait souvent le dimanche, parce que mes parents s'entendaient bien avec mon oncle et ma tante, depuis très longtemps. Mon frère et moi, on partait dans les prairies et les vignes se balader avec ma cousine, qui en âge était située entre nous deux. Il y avait un cousin aussi, mais beaucoup plus âgé, alors on ne jouait jamais avec lui, d'ailleurs il ne jouait plus, il draguait les filles et nous sno

QUI VA GARDER LE VIRUS ?

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QUI VA GARDER LES ENFANTS de et avec Nicolas Bonneau Seul en scène pendant une heure et demie, Nicolas nous raconte comment dans son enfance, l'exploitation de la classe ouvrière le choquait, mais l'exploitation féminine pas du tout! Ainsi pendant qu'il regardait la télé avec son père, sa mère et sa sœur faisaient la vaisselle. Lui  partait en mobylette, mais pas sa sœur, car elle n'avait pas de mobylette. Là c'est moi qui était choquée, car j'ai eu les mêmes droits que mon frère, même si chez certaines de mes amies ce n'était pas le cas. Passant d'Yvette Roudy à Simone Weil, de Ségolène Royal à Christiane Taubira, et par la maire d'une petite commune rurale, il nous raconte les femmes politiques qu'il a rencontré. Et si les femmes gouvernaient différemment des hommes? Super soirée, Nicolas Bonneau a bien occupé la scène, nous faisant rire ou nous indigner, pendant 2 fois 1h30, car à cause du covid19 et l'interdiction de grouper plu

LE VOYAGE À GURS

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Cette semaine il me tardait d'aller au lit. Non pas que j'étais fatiguée, mais parce que je savais qu'un bon livre m'attendait. Oui je lis au lit, surtout l'hiver. L'été je lis dehors, enfin, tant que les moustiques ne me chassent pas de la terrasse ! Patrick Fort a écrit « le foulard rouge ». Je ne sais pas pourquoi il n'a pas baptisé son livre « le voyage à Gurs », vu que son premier chez Gallimard s'appelait « le voyage à Wansee », et que le second ramène ses protagonistes dans cette commune des Pyrénées Atlantiques. Et puis il y avait la possibilité de décliner : « le voyage à Tatatouine », « le voyage à Venise », « le voyage sous les tilleuls » etc... Non Patrick, ne me remercie pas ! Autant j'aurai été en peine de situer Wansee, autant Gurs j'y passe régulièrement pour me rendre à Oloron-Sainte-Marie, où j'ai des souvenirs de vacances. Patrick Fort dit qu'il y a des anachronismes sur les restes du camp, je n'en sais r

SOIRÉE DES CÉSAR 2020

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Cette 45ème cérémonie de remise des César ne pouvait pas être normale. Les acteurs et artisans ayant travaillé sur le film de Roman Polanski "j'accuse" avaient prévenu qu'ils ne seraient pas présents à la cérémonie. Le mal était déjà fait, vu que le film concentrait pas mal de possibilités de trophées: douze. Florence Foresti a d'entrée décomplexé le truc en parlant de "Grincheux" ou "Atchoum", et a proposé un rire bio et consensuel. Elle était très en beauté, et a emballé sa belle plastique dans différentes tenues, du pantalon et jaquette courte, à la robe dorée moulante façon "César" rien que pour Vincent Cassel, ou un jupon noir et ouvert comme une corolle de fleur. Sandrine Kiberlain, présidente de la cérémonie, a dit à propos du gel hydroalcoolique, qu'il valait mieux prévenir que guérir, surtout si on ne guérit pas. Aissa Maïga a compté les noirs présents dans la salle, fait de l'humour avec Vincent Cassel, mais il n