L'homme devrait ressembler au taureau sauvage.

L'homme devrait ressembler au taureau sauvage.
Une interview de Victorino Martin Garcia par Jean de la Huerga 


Pour la caste, vous pouvez toujours courir. Fils du meilleur éleveur du monde, Victorino Martin Garcia, fils de Victorino Martín Andrés, prend les rênes du légendaire fer après la mort de son père. Né à Madrid en 1961, le président de la Fondation Toro de Lidia se remémore sur sa propriété de Cacerès les succès des meilleurs Victorinos. " Cobraidezmos, toréé par Manuel Escribano et gracié à Séville, est le plus médiatique, mais il y en a eu beaucoup : Baratero, Jaquetón, Bodeguero, Velador -seul gracié à Las Ventas-, Conducido, Matador, Madrugador, Gaditano...".

  - Je viens en paix, mais je fais de l’autocritique. Qu’avez-vous fait pour que le taureau ait une mauvaise presse ?
- Mourir avec succès. Comme tout allait très bien pour nous, nous ne nous préoccupions pas de l’avenir.
- Que pouvez-vous faire ?
- Ce que nous n’avons pas fait jusqu’à présent.
- Y a-t-il un intérêt caché à dire du mal de la tauromachie ?
–Oui, il y a beaucoup de fronts. Il y a ceux qui veulent rompre les liens qui unissent l’Espagne, un pays avec différentes régions qui s’appellent « autonomies » avec peu de choses en commun, pour voir si ça vous dit quelque chose : la langue, la Couronne, la religion, la Garde Civile, les taureaux, et rien d’autre... Ça vous parle, n’est-ce pas ?
- Ganadero, c’est un métier risqué ?
–Il l’a toujours été, physiquement et économiquement. Et maintenant beaucoup plus. Avec la pandémie, nous sommes les rares Espagnols à n’avoir pas eu de revenus, mais à avoir augmenté les dépenses.
- Le taureau doit mourir dans l'arène ?
- Oui. Cela ne se discute pas. L’autre mort serait perfide, lâche. Le taureau vit pour mourir en luttant, c’est la métaphore de la vie.
"Seuls les tyrans prétendent décider ce qui est culture et ce qui ne l’est pas", a dit récemment Manzanares. Les temps sont-ils si durs qu’il faut se souvenir en public de ces évidences ?
–Oui, nous sommes face à l’imposition de la pensée unique. Certains politiciens croient que ceux qui ne pensent pas comme eux n’ont pas leur place dans la société. La démocratie est le respect des minorités et, dans ce cas, c’est une minorité majoritaire.
- Voulez-vous remplacer Uribes à la tête de Culture par Calvo ou Ábalos, assidus aux courses ?
–Je voudrais simplement qu’Uribes, Calvo, Ábalos et tous les gouvernements futurs donnent à la tauromachie ce que nous donnons à l’État. Qu'ils soient co-responsables. Il n’est pas normal qu’une activité qui contribue à l’année en impôts avec plus de 500 millions d’euros, les budgets de l’État lui donnent 60.000-65.000 euros. Ce n'est pas proportionnel avec d’autres activités culturelles. Il représente 0,005% des comptes Culture. Nous ne sommes pas seulement une injection économique dans les grandes villes, mais surtout dans le monde rural.
Les taureaux dans leurs différentes expressions, capeas, recortes, festivals, sont la base principale des fêtes de nombreux villages. Et ce que représente l’élevage en termes de fixation de la richesse et d’emplois en milieu rural et dans la préservation de l’environnement est incomparable.
–Le député socialiste Luis Yáñez a publié un article intitulé « Indalecio Prieto iba a los toros ». Ne serait-il pas partial pour notre gauche de lire un peu plus et de tweeter un peu moins ?
–Je vous recommande de lire « Los toros, desde la izquierda » le livre d’Eneko Andueza, porte-parole socialiste au Parlement basque et coordinateur du PSOE au Guipuzkoa. Je le conseille à tous ceux qui disent que la corrida est à droite et pour les gens aisés.
- Votre père a dit il y a sept ans au camarade Luis Nieto que "les maux de la Fiesta se résolvent avec un vrai taureau".
–C’est une partie. Le taureau est important qu’il soit dans l'arène, c’est la base de tout. Mais les problèmes de la Fiesta sont aujourd’hui malheureusement beaucoup plus vastes.
- Si l’animal parlait... il demandait la nationalité française ?
- Non, non. Ce qui se passe, c’est que les Espagnols sont très compliqués et que nous n’avons pas l’habitude de valoriser nos potentiels, mais aujourd’hui, le taureau aime parler espagnol
- Voudriez-vous partager dans les écoles des notions de l’histoire du taureau ?

- Bien sûr, et surtout, je conduirais les enfants à la campagne pour qu’ils voient comment vit le taureau, comment travaillent les éleveurs et quelles sont les racines de la Fiesta.
- Quel serait le résultat d’un référendum de la Fiesta ?
–Il y aurait des surprises. Il y a beaucoup plus d’Espagnols, non pas parce qu’ils aiment, mais parce qu’ils respectent la liberté des autres de choisir ce que nous aimons, avec quoi nous risquons notre vie et dans quoi nous dépensons notre temps. Il y a beaucoup plus de gens qui respectent comment les autres aiment vivre et comment ils aiment mourir. Il y aurait des surprises, bien qu’il y ait un politicien déterminé à imposer une pensée unique, mais Dieu merci la société espagnole est ouverte.
- tu dis que "l’éleveur de Lidia est un gestionnaire environnemental brutal". Tu ferais une confrontation avec Greta Thunberg pour lui expliquer ?
- Bien sûr, avec Greta, maintenant qu’elle est majeure, et avec qui le souhaite.
- Avec ce qu'on sait sur la Couronne, est-il bon pour le monde taurin que Philippe VI n’ait pas hérité de l’aficion de son père ?
–Non, Philippe VI est respectueux de la Fiesta, indépendamment qu’il soit plus ou moins amateur. J’ai eu l’occasion de le saluer lors de la corrida de la presse de 2019.
- La famille Iglesias-Montero vous a évincés, vous et José Tomás, de la liste des voisins les plus connus de Galapagar. Quelle ironie!
- Ils avaient des villages à choisir et ils sont partis au plus taurin d’Espagne. Les amateurs de taureaux ne leur pardonneront jamais...
- Son père a été sorti en triomphe des arènes de Barcelone en 97. Combien d’indépendantistes peuvent se vanter de quelque chose comme ça ?
- Je pense que peu. Oui, oui. Et il est sorti des arènes de Madrid six fois en triomphe.
- Qu’est-ce qui différencie un taureau d’un homme ?
–L’homme devrait ressembler au taureau pour être meilleur. Il ne se plaint jamais, donne sa vie pour les autres (le taureau qui se dispute représente 10% des têtes d’un élevage), se bat jusqu’au bout, va en avant et chaque fois qu’il est invité, il vient. Ce serait un bon exemple pour toute la société.
- Vous avez combien de casquettes ?
- Beaucoup, mais je ne les porte pas parce qu’on m'a dit que ça rendait chauve, même si j’ai de beaux cheveux. Je les utilisais beaucoup quand j’étais petit. 

Traduction libre d'isa du moun

Article original à retrouver ici

Commentaires

  1. Je suis particulièrement étonné que Victorino fils ait "oublié" de citer parmi ses toros de légende, Muroalto qui a été gracié à San Sebastian le 21 Aout 2005 par JJ Padilla. Ce toro, curieusement, avait changé d'identité entre le moment où il avait été reseñé au sorteo et celui où il était sorti vivant de l'arène, elle aussi ayant changé de nom puisqu'on doit maintenant l'appeler Donostia. Il était, sur ordre de Victorino père, redevenu Murallon et toute la presse n'a parlé que de ce second nom. Et curieusement, quand la question était posée à l'un des deux Victorinos (père et fils), les explications étaient fumeuses. Mais de là à oublier de nommer ce toro d'exception sorti dans une illustre féria de première catégorie, à une époque où l'indulto n'était pas encore devenu une mascarade commerciale servant à communiquer sur la place où il a été toréé, avec en plus le très ferme Tuduri comme président au palco, il y a de quoi continuer à se poser des questions sur ce toro qui a vécu six belles années à se reproduire après son indulto suivi de soins intensifs : il a été retrouvé mort au campo en 2011 emportant avec lui ce qui restera comme une énigme d'appellation savamment initiée par le sorcier de Galapagar qui aura réussi si bien son coup que son fiston un peu moins sorcier mais plus marketteur, en aura perdu les repères. Une appellation incontrôlée en quelque sorte...
    Denis Guermonprez

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  2. Cet article semble écourté sur tous ses thèmes de toute façon...

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