Novilladas du Sud-Ouest , Opus 1: Hagetmau
photos de Matthieu Saubion
Hagetmau est une placita en
grande difficulté. Face aux déficits
des années précédentes, la mairie a décidé de réduire la voilure et de
supprimer une des novilladas. C’est donc à une non-piquée et une piquée que
s’est résumée la Féria du Novillo 2017 ;
A cela s’ajoute de fortes
dissensions entre les Peñas taurines locales et la structure qui montent les
spectacles taurins « à l’espagnole ».
Si le résultat artistique et financier de la non-piquée est
positif, celui de la novillada du dimanche montre bien que la situation et les
divergences actuelles ne permettent pas de redonner confiance en la pérennité de
cette féria. Il y a matière à travailler cet hiver pour tous les intervenants
locaux et ce sera loin d’être un long
fleuve tranquille (cf Vic, Aire ou Eauze).
Arènes d’Hagetmau, samedi 29 juillet
2017
Novillada non piquée de la Féria du
Novillo 2017
Cinq erales de la ganaderia
Alma Serena (origine Miranda de Pericalvo) intéressants et donnant du jeu pour
Clément Hargous : un
avis et salut
Dorian Canton : une
oreille, salut
Yon Lamothe : deux
oreilles, deux oreilles
Vuelta au cinquième eral et
salut des ganaderos
El Santo et Morandilla ont salué après avoir
banderillé le cinquième
Président : Serge Dupouy
(Samadet)
Le soleil est enfin de retour
600 entrées payantes
Le prix des organisateurs du
Sud-Ouest est réparti entre Dorian et Yon
Agréable surprise, la bonne entrée,
il y a quasiment plus de monde que pour la novillada du dimanche en 2016. De
quoi regretter de n’avoir que cinq erales prêts à sortir dans les chiqueros. La
présence à l’affiche de trois élèves d’Adour Aficion et le prix d’entrée à 10
euros y sont certainement pour beaucoup.
De gabarits adaptés à des
débutants pour les trois premiers, plus sérieux les deux suivants, les erales
d’Alma Serena ont par leur comportement donné un intérêt soutenu à cette novillada.
Organisée sur le modèle du
Bolsin de Bougue, cette course a vu en première partie, chaque novillero
affronter un animal. En seconde partie, les deux meilleurs se sont départagés
en tuant chacun un second eral
Face au tambour major,
Clément Hargous a eu du mal à trouver le sitio. Il s’obstine à le citer de près
et à le toréer en rond. Le bicho n’humilie pas, accroche la muleta et met le
torero en difficulté. Dès que Clément se décide à lui donner de la distance et
à le toréer en ligne droite, l’Alma Serena va à mas et la faena aussi. Après un
début brouillon, le final est d’un meilleur niveau, même si le torero reste en
dessous des possibilités du toro. L’estocade, entière, est longue à faire
effet. Clément, qui salue au tiers, a peu de chances de se qualifier.
Dorian Canton a un problème
en non piquée, il est grand et athlétique, ce qui contraste trop avec le
physique des erales, surtout s’ils sont, comme le second, petits.
L’Alma Serena est noble mais
manque de forces. Le béarnais le soutient en le toréant à mi hauteur. Pour
« animer » sa faena, il réduit les terrains. Cela ne fonctionne qu’à
moitié parce que le novillo transmet trop peu d’émotion. Le final, un peu
brouillon, est conclu par une entière basse et efficace qui permet à Dorian de
couper une oreille.
Yon Lamothe s’entraîne avec
Juan Bautista et il a su adapter à sa personnalité ce qu’a pu lui transmettre
l’arlésien. Face à un eral plus sérieux que les deux premiers, il alterne des
très bonnes séries templées,
dominatrices avec d’autres plus brouillonnes par manque d’expérience et aussi excès d’enthousiasme. Le bilan reste positif
parce que le novillero a de vraies qualités et qu’il sait
« connecter » avec le public. Après une faena essentiellement
droitière, Yon conclue d’une bonne entière efficace et coupe deux oreilles.
Logiquement Dorian et Yon se
qualifient pour la finale.
Le quatrième eral sera le
vilain petit canard du lot. Manso, manquant de race, il se réfugie très vite
dans les tablas. Dorian n’arrive pas à le ramener au centre et a du mal à
donner de l’intérêt à des passes données parallèlement aux planches. Comme à
Plaisance, il tue mal et doit se contenter de saluer.
Le cinquième sera à la fois
le meilleur du lot et le mieux exploité par son torero. Il est noble, vient de
loin et humilie. Très bien banderillé par El Santo et Morandilla, il permet à
Yon Lamothe d’enchainer de très belles séries des deux mains, intégrant des
passes d’adorños avec spontanéité et élégance au milieu de passes fondamentales
sincères et dominatrices.
Mêlant esprit de finesse et
de géométrie, le landais construit une faena qui pèse sur le toro et sur le
public. Il tue d’une bonne épée à la rencontre après un pinchazo porté à
recibir.
Le torero de Tartas coupe à
nouveau deux oreilles et remporte la compétition qui a opposé les trois élèves
d’Adour Aficion.
On reverra Yon à Maubourguet
face à des erales d’encaste Coquilla dont le comportement devrait
particulièrement convenir à sa tauromachie.
Arènes d’Hagetmau, dimanche 30 juillet
Novillada de la Féria du Novillo 2017
6 utreros de Cebada Gago,
très inégaux de présentation et commodes de têtes. Ressortent du lot le second,
très encasté, et le cinquième noble pour
Jésus Enrique Colombo :
silence, une oreille
Leo Valadez : vuelta,
une oreille
Andy Younès : une
oreille, salut
Prix de la meilleure faena à
Leo Valadez
Dix piques, cavalerie Bonijol
Président Pascal Darquié
Moins d’une demi-arène
Ciel nuageux et sombre,
éclairage artificiel à partir du troisième
Vouloir faire du deux en un
met les organisateurs face à un problème presque aussi insoluble que la
quadrature du cercle.
Ils doivent monter une
novillada avec du bétail au moins sérieux pour rester dans la ligne directrice
qui a animé depuis toujours la Féria du Novillo et satisfaire une partie du
public qui est là pour faire la fête et voir des triomphes. Avec deux courses,
on pouvait contenter tout le monde. Avec
un seul opposant des toros d’encaste Nuñez à des novilleros qui ne
fonctionnent que devant du Domecq, on a une course-compromis qui ne déçoit, ni
ne satisfait personne et fait enrager les plus exigeants. Le lot de Cebada Gago
était juste de présentation, avec très peu de tête. Les cornes se sont vite abimées,
y compris au contact du sable.
Des toreros, seul Valadez a
su tirer son épingle du jeu. Colombo, qui brille face aux Domecq (Madrid,
Séville) et sèche face aux Santa Coloma de Mugron, n’a pas su adapter sa
tauromachie aux caractéristiques du bétail. Andy Younès, la tête probablement à
son alternative, aurait du faire mieux et n’a pas convaincu.
Du coup, chacun a coupé une
oreille et la novillada sera vite oubliée. L’invitation du mayoral à saluer a
un côté « École des fans » qui ne fait pas très sérieux.
Côté piques, nous avons eu
droit à un festival de mauvaises mises en suerte et de cariocas.
Quand aux estocades, ce fût
le maintenant traditionnel défilé d’estocades dans le rincon, julipié et autres
pratiques condamnables.
Jésus Enrique Colombo n’avait
pas été très « emballant » à Mont de Marsan en 2016, ni à Pâques à
Mugron. Il a connu quelques bonnes tardes en Espagne. La France ne doit pas lui
réussir (ou le motiver) car il a été une fois de plus décevant.
Le premier prend un pique
sans pousser. Après un bon tercio de banderilles, il arrive faible, avec peu de
charge à la muleta. Il s’éteint vite. Pour animer une faena jusqu’alors
profilée, le novillero réduit les terrains. Le toro ne transmet quasiment rien
et la faena ne décolle pas. Silence
après une entière « hémorragique ».
Le quatrième a un fond de bravoure. Il part de loin et
pousse bien à trois reprises, dont une après la sonnerie. Colombo banderille à
nouveau très bien Débuts de faena à
genoux Puis à droite, le Cebada vient bien, semble encasté. Le novillero tarde
trop à baisser la main et n’allonge pas la charge .A la quatrième série, le
bicho s’éteint et tout va à menos. Quelques muletazos pour se mettre le public
dans sa poche une demie efficace et Colombo coupe une oreille discutable
Le second a une armure très
refermée. Hors du type de l’encaste, il est aussi hors du standard d’une arène
comme Hagetmau. Ce sera pourtant le meilleur novillo de la course. Il prend
deux bonnes piques. Le bicho très encasté met bien la tête dans le leurre. Valadez n’a pas lu le mode d’emploi des Cebadas,
option « avec de la caste » .Il a du mal à trouver le sitio. Les
premiers muletazos sont brouillons. Il
finit par prendre du recul, le toro vient bien mais le mexicain se replace mal
entre chaque passe. Le Cebada le déborde dès la troisième passe de chaque
série. Compliqué sur la corne gauche. Il cherche le combat avec une bravoure
certaine sur la droite, bravoure mal exploitée par un novillero débordé en fin
de faena. Valadez tue d’une demie, en
avant et de côté. L’arrastre est applaudie. Le torero après avoir salué,
s’octroie une vuelta un peu chahutée.
Le cinquième est le premier à
ressembler physiquement à un Cebada Gago. Bon
piqué il arrive au troisième tiers avec une charge noble et sans aspérité. Valadez
applique le opératoire adapté au Cebada noble, quasi soso. Il le cite à mi distance, se replace, le laisse
respirer entre chaque série. Il réalise, à droite, avec un certain temple les meilleures muletazos
de l’après-midi. A gauche, le toro est plus compliqué. Pour assurer l’oreille,
le mexicain travaille, en fin de faena,
le public. Un pinchazo, une entière en place et il coupe une oreille,
l’arrastre est applaudie.
Le troisième est un peu plus
costaud. Peu piqué. A la muleta, il chute dès qu’Andy Younès le sollicite vers
le bas ou exige un peu de lui. Le nîmois
toréé, sur la corne droite, à mi hauteur et sur le voyage. Le novillo est
noble, mais il faut attendre la septième
série pour que le torero se croise et donne les deux meilleurs muletazos de la
faena. C’est le moment que choisit le bicho pour « s’éteindre ».
Younès, pour relancer la mécanique, réduit les terrains, s’adorne avec de
manoletinas. Il coupe une oreille après un julipié.
Le dernier est lui aussi dans le type
.Faiblissime, il est économisé à la pique. Il chutera à plusieurs reprises et
trainera la patte arrière gauche pendant toute la faena. Younès essaie de construire une faena qui
finit par sonner creux par défaut d’opposition. Il salue après un entier
contraire rapide d’effet.
Novillada décevante, il est
grand temps que mairie, peñas et aficionados locaux se mettent autour d’une
table, s’affranchissent de leurs dissensions et prennent peut-être exemple sur
les vicois, qui ont su changer de prestataire
et s’en portent très bien.
Thierry Reboul
Commentaires
Enregistrer un commentaire