Soustons: semer et récolter l'Aficion


La ville de Nîmes, elle qui a profité de la manne des bobos parisiens qui venaient se faire voir sur les gradins des arènes à l’époque du duo Casas-Bousquet, écarte la tauromachie, espagnole et camarguaise de sa communication. Elle préfère la promotion d’une romanité « peplumesque », bon marché, oubliant  que cette époque en termes de barbarie et de mépris des droits de l’Homme, se pose en modèle du genre. Bientôt, on fera des reconstitutions « disneylandisées » de la Croisade des Albigeois pour attirer les touristes de masse.

 Pendant ce temps, une petite ville des Landes, Soustons, avec l’aide d’une maire, si ce n’est aficionada au moins ouverte à la vraie Culture de nos terroirs permet à une bande de passionnés de promouvoir tauromachies espagnole et landaise en particulier auprès des jeunes. La chose est tellement innovante (dans un monde où les grandes communes renient leurs racines) que deux antis sont même venues réaliser un reportage sur cet évènement prouvant que les jeunes sur les gradins sont tous sauf traumatisés. Quand nous croiserons ces deux greluches, à l’abord un peu revêche conséquence d’un veganisme  militant, n’oublions pas de les remercier d’avoir contribué à l’équilibre financier   de cette journée. (Pour les reconnaître, outre le mal-être qu’elle porte sur leur visage, leur photo est sur tous les réseaux sociaux).
Après une becerrada matinale organisée en 2017, pour le premier anniversaire de l’Ecole Taurine « La Marensina », les socios de l’Ecole et de la Peña La Finca ont décidé d’organiser une Fiesta Campera avec l’objectif d’en faire un évènement récurrent de la cité landaise.
A l’origine de cette « folie » on trouve Denis Labarthe, cet ancien novillero reconverti dans l’élagage acrobatique des arbres, est passionné, exubérant, démesuré et très attachant. En somme tout ce qu’il faut pour entraîner quelques copains dans l’aventure de la création de l’Ecole Taurine « La Marensina ». Denis et ses potes ne rêvent pas de former un nouvel Enrique Ponce, ils veulent transmettre le virus, et les valeurs, de l’Aficion à des minots.
Les antis ont compris que l’avenir de la tauromachie passe par la transmission aux jeunes générations. Ne soyons pas plus idiots qu’eux (ce qui nous positionnerait au  degré zéro de la stupidité), défendons tout ce qui peut amener les mômes de demain à prendre notre relève.
En paraphrasant un grand scientifique, « le 21ème siècle, en matière de tauromachies, sera pédagogie et transmission, ou ne sera pas ».
On peut juste regretter que les aficionados ne se soient pas déplacés en plus grand nombre pour soutenir l’initiative soustonnaise.
Pour Denis, l’amitié est une valeur essentielle, c’est pourquoi, il a monté cette fiesta campera en faisant appel à ses « copains »   pour toréer. De plus l’adrénaline de ses escalades arboricoles ne lui suffit pas, il a décidé de participer lui aussi à ce moment de fête et de « fraternité aficionada » et de torée ce qui sera pour lui le dernier toro de sa carrière.
L’après-midi taurine a commencé par une becerrada. Face à un bétail de la ganaderia Grenet, adapté au contexte , très noble et même encasté, sont sortis de premiers Sam, Nathan, Thomas et Esteban. 



Sont sortis de seconds, Simon et Elio. Bien encadrés par Bastien et Cyril, les niños toreros ont montré des qualités certaines face à un bétail exigeant.

La journée s’est terminée par la Fiesta Campera.
Comme Amitié et Aficion vont de paire à Soustons, les organisateurs ont invité Dominique Larié sauteur landais, ancien champion de France, a sauté les six novillos de la Fiesta Campera. Il l’a fait avec beaucoup d’efficacité, sa prestation allant à mas avec un excellent vrillé au dessus du sixième et dernier.

Ce sont des novillos de la ganadéria Sainte Cécile qui ont été combattus. Cet élevage qui a gagné, il y a quelques années le concours de Castelnau, a fourni un lot sérieux à Plaisance, est d’origine Salvador Domecq. Si les têtes étaient hétérogènes, et c’est normal pour ce type de course, tous les bichos avaient du trapio et offraient des possibilités pour les toreros. Il leur a manqué parfois un peu de forces pour mieux s’exprimer face au cheval.
Le premier, après avoir poussé au cheval, a tendance à derroter dans la muleta de Mehdi Savalli. Le torero arlésien aura du mal à s’entendre avec son adversaire, se faisant désarmer par un bicho qui va rapidement à menos. Il tue d’une épée basse et coupe la première oreille de la journée.

Roman Perez a touché un novillo très noble. Discret à la pique, il a une corne droite exceptionnelle et humilie à chaque passe. A gauche, il est plus tardo. Roman en profite pour construire une très intéressante faena. Bien commencée par des doblones, elle va à mas à partir de la seconde série  à droite. Le torero prenant confiance, toréant plus relâché profitant d’un novillo qui embiste à chaque passe. Il coupe deux oreilles après une entière en avant et trois descabellos.





Le troisième, mal piqué, se retourne vite dans la cape de Marco Leal. C’est le novillo le moins clair et le plus compliqué de la tarde. L’arlésien va construire face à ce toro qui demande de l’autorité et du courage, la faena la plus techniquement aboutie de l’après-midi. Il finira par imposer sa volonté à son utrero et finir en réduisant les terrains. Au-delà d’être un banderillero athlétique et brillant, Marco a une grande connaissance des toros et de leur lidia. S’il n’a pas pu percer comme matador, il a toutes les qualités pour devenir un grand peon. L’arlésien coupe lui aussi deux oreilles.

Le quatrième prend deux piques appuyées sans vraiment pousser. Meilleur à droite au capote, il va à menos sur cette corne à la muleta et à mas sur l’autre. Denis Labarthe en profite pour enchaîner de bonnes séries naturelles. Les dernières dans le terrain des planches sont même excellentes. Vuelta au novillo, puis Denis, visiblement ému, coupe deux oreilles et invite Dominique Larié à l’accompagner lors de sa vuelta triomphale.

Le cinquième est un joli castaño. Il sera le meilleur au cheval du lot et prend deux piques en poussant. Mojales Balti, toréé peu. Il est très contracté et aura du mal à se colloquer avec un novillo pourtant noble. Il arrivera toutefois à se mettre au niveau du Sainte Cécile, le plus complet et encasté du lot, lors d’une série à droite et une autre à gauche. Mojales tue d’une demie rapide d’effet et coupe deux oreilles.

Baptiste Cissé même s’il toréé peu en ce début de saison est très affûté. Son novillo est mal piqué. Il est noble et permet au landais de réaliser un excellent quite par chicuelinas. A la muleta, le toro est sérieux avec une très intéressante corne droite. Baptiste relâché, croisé et avec une certaine élégance construit une très bonne faena, la plus artistique du jour.  Il  réduit les terrains pour un final plus encimiste. Il coupe deux oreilles après s’être régalé et nous avoir régalés. Il conclut ainsi une Fiesta Campera où   sérieux et  plaisir de toréer se sont mêlés pour la plus grande joie de ceux qui avaient faits le déplacement.

Un petit regret que la marchande d’éventails et que Régis n’aient pas pu installer leurs étals autour des arènes au nom d’une Sécurité au jusqu’auboutisme totalement déplacé (on se serait cru à Nîmes). Et ce d’autant plus que deux antis   pourtant fichées ont pu s’installer sur les gradins sans être inquiétées.
Ces deux commerçants font partie de notre culture taurine et du paysage taurin du Sud-Ouest. Espérons que l’an prochain, pour la seconde édition de la Fiesta Campera soustonnaise, ils pourront se joindre à nous.



Arènes de Soustons, Fiesta Campera
6 Novillos de Sainte Cécile bien présentés et donnant du jeu pour
Mehdi Savalli : une oreille
Roman Perez : deux oreilles
Marco Leal : deux oreilles
Denis Labarthe : deux oreilles
Molajes Balti : deux oreilles
Baptiste Cissé : deux oreilles
Vuelta al ruedo pour le quatrième
Neuf piques, cavalerie Bonijol
Les six novillos ont été sautés par Dominique Larié .
Un petit quart d’arène, mais peu importe la quantité, qualité et convivialité étaient présentes sur les gradins et en piste
Très beau soleil landais

Photos Nicolas Couffignal
Thierry Reboul

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