LE NOUVEAU ROMAN de PATRICK FORT

 

J’ai eu l’heureuse surprise de retrouver Léopold Pujo, un gars de Générès. Comme
moi, il est forestier et, par le passé, nous avons souvent travaillé ensemble, dans la même
équipe. Il est arrivé hier et a été versé aujourd’hui dans notre compagnie. Pourtant,
j’étais certain qu’il serait réformé ou exempté. Les militaires ratissent large pour être
allés le chercher. Ce n’est pas un mauvais bougre. Il connaît bien son travail et on
peut lui faire confiance. Mais il est un peu simplet. « Pépiot » comme on dit chez
nous. Il ne comprend pas souvent ce qu’on lui demande. Quand vous lui posez une
question, il vous dévisage, se gratte l’oreille et reste planté là, la bouche entrouverte
et les yeux écarquillés. Enfant, il a pris un coup de sabot sur la tête. Il avait échappé
à la surveillance de ses parents pour s’allonger entre les pattes d’un canasson. Il est
arrivé ce qui devait arriver. Sa mère l’a veillé pendant une semaine. Le fossoyeur se
tenait prêt. Mais par miracle, il s’est réveillé. Il est plus petit que moi et même s’il est
plutôt mince, il est réputé pour sa force et son endurance. Par contre, à la suite de
cet accident son intelligence n'a pas évolué. Il en a gardé des problèmes d’élocution.
Quand il est pris de panique, il bégaie. À Générès, tout le monde l’apprécie et a de
l’affection pour lui. Un brave gars. Pas méchant pour un sou. Il ne ferait pas de mal à
une mouche. Il est toujours prêt à rendre service à partir du moment où ce n’est pas
très compliqué. Il est assez surprenant quand on ne le connaît pas. Dans la forêt, après
avoir abattu un sapin, avant de l’élaguer, il lui arrive de s’adresser à lui pour demander
pardon. Sans oublier les longs moments qu’il peut passer, assis sur une souche, la tête
levée à fixer la cime des arbres.

Léon Duvignac et Léopold Pujo, deux amis d’enfance, quittent pour la
première fois leur village natal pour être projetés dans le brasier infernal de
la Grande Guerre. Plus de cent ans après, François hérite d’un mystérieux
carton. Il y découvre un carnet rédigé par son aïeul, Léon, contenant ses
souvenirs de guerre. Dès lors, il n’aura de cesse de traquer la vérité pour
rétablir l’honneur d’un homme oublié par la France.
Roman sur la mémoire collective et les souvenirs intimes, la culpabilité et
le rachat, Là-bas, la forêt m’attend est un hommage vibrant au pouvoir des
mots capables de consoler et de réparer.

Avec ce quatrième roman, Patrick Fort continue son travail de mémoire autour des évènements
encore méconnus – certainement car trop douloureux – de notre Histoire. Il lève ici le voile,
comme quelques autres avant lui, sur les crimes de la Première Guerre mondiale et plus
particulièrement sur les nombreux jeunes soldats français fusillés « pour l’exemple ». Entre
champs de bataille dantesques où la vie ne vaut rien et nature bienfaisante au sein de laquelle
l’existence prend tout son sens, l’auteur nous livre un récit sensible et essentiel pour se souvenir.

PARUTION en septembre 2023, aux éditions Passiflore, c'est dire qu'il nous tarde !!!!

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