EL ADOUREÑO à ROQUEFORT

Pierre Noguès - PierreVidal - Yannis "El Adoureño" - Gérard Ducès

Pour sa venue à Roquefort pour une rencontre-débat, le novillero Yannis « El Adoureño » a fait le plein de la salle de Penecadet, le local du Cercle Taurin Roquefortois. Une trentaine de personnes venues le voir et l'écouter : un record !
Malicieux, il glisse au président du CTR qu'il a amené un stylo, pour pouvoir signer le contrat après la conférence. Ses yeux rient.

Le garçon est né en Isère, à Saint-Martin-d'Hères, près de Grenoble. Mais sa famille originaire du Gers est bien vite retournée dans son berceau Gascon. A dix ans il entre à l'école taurine de Richard Milian, et il y reste jusqu'à ses 17 ans. Il étudie à Nogaro, jusqu'à l'obtention de son bac. 



En 2015 il arrête un an, bien qu'il sache être torero depuis tout petit. En avril 2016 il participe à un bolsin en Espagne, près de Salamanque. Puis un festival au Pays-Basque. Là un apoderado lui dit qu'il veut s'occuper de lui. Il était venu avec sa mère, il restera vivre chez Angel Vaquerizo qui possède une entreprise de débardage de bois et c'est déjà occupé d'un novillero, mais celui-ci n'avait pas percé. Il torée neuf novilladas.
En 2017 les novilladas s'enchaînent, et Yannis fini à 24 courses et 3ème de l'escalafon (le hit-parade des toreros) avec 43 ou 44 oreilles, quatre queues et un indulto. Il gagne le Zapato de Oro de Arnedo, la plus prestigieuse récompense pour un novillero, sans couper d'oreille. On doit lui remettre le prix au mois de mars. Il compte y aller avec un fourgon blindé, le trophée de l'an passé ayant été volé chez le bijoutier avant la remise (il se marre)

Il a eu quelques problèmes à la mise à mort, et sur les conseils des espagnols, n'adopte plus la méthode « Milian » enseignée à l'école qui part le bras plié et « donne un coup de poing » mais part le bras tendu (celui qui tient l'épée) et du coup maintenant, plus de problème au moment de tuer. Même s'il pinche parfois, comme tout le monde !
Il ne banderille pas, il a l'impression que ça enlèverai quelque chose à sa prestation plutôt que de lui apporter des points.

Il n'a pas de modèle unique chez les toreros, même s'il en admire plusieurs. Il veut rester lui-même, prendre des risques et gagner ses courses au coup par coup et penser à l'avenir proche : 2019.
Il s’entraîne avec ses banderilleros, ils sont une équipe jeune. Son ayuda aussi est jeune.
Gérard Ducès intervient pour dire que c'est une bonne équipe : ils sont simples, sympas, sensibles, sérieux, sincères et solidaires. Ils sont là pour que Yannis triomphe, pas pour se mettre en avant.

Comme tous les toreros, ils courent, font du toreo de salon près de Valladolid où ils ont l'arène et des carretons à disposition. Parfois ils courent jusqu'à chez Joselillo à quelques kilomètres de là, mais ce sont les seuls contacts qu'ils ont avec lui. Joselillo s’entraîne dans un bois, avec les arbres pour spectateurs. Ce n'est pas du tout dans les goûts de Yannis !
Il n'est pas vraiment intégré au monde taurin, même s'il a ses entrées dans les ganadérias pour tienter, il n'a pas d'ami torero. Il s'entend bien avec tout le monde. Pas vraiment d'amis, mais pas d'ennemi non plus. Il donne l'impression d'être un garçon normal, bien dans ses zapatillos.

Il a trois costumes : un blanc et argent, un rouge et or qu'il mettra à Arles, un bleu et or qu'il garde pour Madrid, s'il y arrive. Mais il a l'air confiant. Et il lui restera à faire confectionner un blanc et or pour l'alternative. Cette année 2018 sera très chargée, il a beaucoup de contrats, même en France, et pense passer l'alternative en fin de saison. Mais il sera toujours novillero pour venir à Roquefort.
Le président du CTR lui demande quelle serait son cartel d'alternative idéal, pas d'hésitation : Perera et El Juli.

Quand il torée il n'aime pas qu'on lui parle en permanence (il a bien du aimer Milian... *) il veut être capable de se débrouiller seul. Au pire qu'on lui fasse un geste discret.
A Mont de Marsan il a eu une cornada de 20cm dans une cuisse, mais il ne pense pas à la blessure. Les espagnols lui ont dit : « il faut se relever sans se regarder ». S'il comprenait l'espagnol à ses débuts, maintenant, depuis qu'il vit en Espagne, il le parle aussi.
Parfois on pense qu'il vient d'Andorre, l'Adour n'étant pas forcément connu chez nos amis d'outre-Pyrénées.

En France Gérard Ducès, réputé chez les gascons pour tenir l'hôtel-restaurant à Nogaro « le Solenca », connait Yannis depuis qu'il est tout petit. Tout naturellement, quand il a voulu revenir dans les ruedos, il est allé lui en parler. Ducès était plus que sceptique, mais devant le travail accompli et les résultats, il était aussi surpris qu'enchanté. Il a donc cessé la collaboration qu'il avait avec Thomas Dufau, mais en restant amis, sans rupture sèche, pour s'occuper à partir de 2018 de Yannis.

Bien entendu vous pouvez suivre Yannis « El Adoureño » sur Facebook, Instagram. Mais pas Twitter, car il a été voir, et n'a rien compris, mais il n'y a pas que lui !
Et sur le site web qui lui est dédié !

Bref une bonne soirée, avec un garçon qui nous a vraiment donné envie d'aller le voir dans les arènes. Un garçon basique, qui ne boit pas, ne sort pas. Qui a un but : être torero. Et très connu de préférence.
J'espère de tout cœur qu'il y arrivera.



*réflexion personnelle de l'auteur, en aucun cas de Yannis !

Commentaires

  1. Compte rendu très fidèle, J'ai repassé ma soirée... Sauf que j'avais cru comprendre qu'il s'agissait de l'escalafon 2017... à bientôt pour une aussi bonne soirée !

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  2. Oui, c'est une erreur, je corrige! Je devrais me relire plus attentivement!

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