Les rencontres d'EL NENE : MATTHIEU VANGELISTI

 

Il est assurément un des visages du futur de la Corrida… engagé dans la transmission on lui doit Happycionado… #ouialacorrida c’est lui… aussi élégant et efficace que Raphael Viotti dans ses interventions j’ai l’honneur qu’il ait répondu à quelques questions sur son nouveau rôle d’empresa à Mauguio… Matthieu Vangelisti
 
Matthieu la première question qui me vient à l’esprit est pourquoi une novillada alors qu’on considère (souvent à tort) la corrida comme « LE » spectacle majeur?
« D’abord pour des raisons économiques. Nous sommes entièrement autonomes financièrement dans l’organisation de la novillada, grâce à nos partenaires privés et à la billetterie. Aujourd’hui nous n’aurions pas le budget pour organiser une belle corrida. Pour que le public se déplace, il faut lui proposer un plateau de qualité. Notre discours auprès de la Mairie de Mauguio a toujours été « si on veut remplir les arènes, il vaut mieux une belle novillada qu’une corrida médiocre ».
Ensuite parce que rouvrir une arène après 3 ans sans toros est toujours une inconnue donc il nous fallait être raisonnable et avoir une certaine prudence. Grâce au Club Taurin Toros y Toreros, qui nous suit mon père et moi dans cette idée un peu folle de relancer la tauromachie espagnole à Mauguio, nous avons la chance d’avoir une structure solide et des gens passionnés qui nous soutiennent.
Et enfin et surtout, parce que le nombre de novilladas s’est considérablement réduit ces dernières années et qu’il est important de donner la chance à des jeunes toreros de toréer. Sans novillada, difficile d’avoir un avenir en corrida… et je pense que maintenant tout le monde connaît mon goût de la transmission donc c’était naturel d’aider des jeunes en devenir.
 
Même si il y a une belle dynamique autour de la corrida « à la française » certaines arènes regardent encore du côté de l’Espagne pour leur programmation. Pourquoi faire le choix engagé du 100% français?
Pourquoi acheter des fraises d’Espagne quand on peut acheter de bonnes Gariguettes du coin…?
Parce que c’est un choix qui nous semble évident aux vues des bons résultats des ganaderos et des jeunes toreros annoncés. Ils sont au cartel parce qu’ils sont bons, pas juste parce qu’ils sont Français.
Nous avons dans la région des professionnels de grande valeur et c’est naturel de leur faire confiance. Si l’on souhaite voir éclore un nouveau Sébastien Castella, il faut bien que ces jeunes toréent le plus possible.
En tant qu’organisateur, c’est aussi important de pouvoir compter sur les peñas taurines locales. Et il me semble que le format avec six élevages différents plaît aussi au public. Mais chaque année pourra être différente. »
 
Certains n’aiment pas trop la distinction « toriste » « toreriste »… selon moi elle existe malgré tout alors pourquoi ce choix assumé d’un cartel plutôt « Toreriste »?
« Parce qu’il y a déjà pas mal de cartels dit « toristes » dans les environs à Saint-Martin de Crau, Beaucaire ou Boujan. Même Pérols avait annoncé une novillada de Miura. Il me semble important qu’il y en ait pour tous les goûts. Mais au-delà des termes « toriste » ou « toreriste », je pense qu’il est surtout important de proposer une affiche attractive et de qualité. Après, comme dit le dicton : « El hombre propone, Dios dispone y el toro lo descompone ». On ne peut jamais être sûr du résultat dans les toros…
Et pour rappel, cette année il y a un toro de La Golosina, d’origine Santa Coloma – Buendia, pour varier les encastes. »
 
On te sait plutôt proche de Simon Casas, est-ce un modèle ?
« Quand on est le plus grand empresario actuel et qu’on gère les plus grandes Arènes de France, d’Espagne et donc du monde, on est forcément un modèle. Mais il n’est pas le seul, d’autres organisateurs font aussi du très bon travail. »
 
T’a t'on soufflé des noms malgré tout?
« On est autonome financièrement mais également dans la composition des cartels. Nous sommes fiers d’annoncer la présentation de Tristan Barroso dans le Sud-Est pour son seul paseo dans la région, après son triomphe à Madrid et avant son alternative dacquoise en août. »
 
On regarde souvent d’un œil inquisiteur le cumul de fonctions apoderado/empresa/ ganadero. En tant qu’organisateur pourquoi mettre un fer de ta famille ?
« Parce qu’en tant que Melgoriens d’origine, c’est une Arène qui nous tient très à cœur avec mon père et que l’on aimerait que nos toros triomphent à domicile.
Ça aurait la facilité de programmer une novillada complète de la Ganaderia San Sebastian mais on a aussi envie de faire travailler nos confrères éleveurs car ils le méritent.»
 
En tant que jeune empresa, comment est-ce que tu te projettes dans l’avenir ? As-tu l’envie de voir plus « gros » et de postuler sur d’autres arènes ?
« Ma principale ambition depuis bientôt 10 ans avec Happycionado est la transmission de la culture taurine auprès des jeunes, la promotion de la tauromachie et la défense de notre culture face à nos détracteurs. C’est ça mon moteur. Je suis convaincu que tant que les arènes seront pleines, nous serons quasiment intouchables. Cette ambition dicte mes choix et c’est pour ça que l’on organise une tienta publique, gratuite et pédagogique avec El Rafi le matin de la novillada du 1er juin et que l’on offrira des livres éducatifs à tous les enfants présents.
En tant que jeune empresa, je souhaite d’abord pérenniser la novillada de la Romeria de Mauguio et en faire un rendez-vous important du circuit des novilladas françaises. Pour l’instant, j’apprends et je ne me projette pas plus loin. Mais si de belles opportunités se présentent et que les conditions sont réunies pour bien travailler, pourquoi pas postuler à l’avenir.
Mon rêve serait de continuer à rouvrir les Arènes fermées ces dernières années comme Palavas, le Grau-du-Roi, Rodilhan… Symboliquement ce serait un nouveau message fort ! On doit regagner le terrain que l’on a perdu et après Pérols (on l’espère), Mauguio, Vieux-Boucau, Marsillargues, je suis sûr que c’est possible. »
 
Comment est-ce que tu décrirais l’aficionado dans le sud-est avec d’un côté de belles entrées sur des cartels toreristes mais qui sont critiqués, de l’autre un vrai engouement sur les réseaux pour des cartels plus toristes mais qui font peu d’entrées ?
« Tout simplement en disant que les réseaux ne sont pas la vraie vie. »
 
Pour Mauguio est-ce que tu envisages une évolution ? Élargir la féria ou passer à l’échelon supérieur à savoir une corrida ?
« Pas à court terme en tout cas. Comme je l’ai dit, à moins de gagner au loto et pouvoir organiser une corrida de catégorie, il nous semble préférable de monter de belles novilladas. Quant au fait d’élargir la féria, le programme de la Romeria est déjà assez étoffé et les arènes sont aujourd’hui occupées durant tout le reste du weekend (spectacle équestre et recortadores). »
 
On parle de plus en plus de rigueur et d’indépendance pour les palcos. Comment est choisi celui de Mauguio ? Est-ce que tu as ton mot à dire ?
« Oui bien sûr, nous choisissons le palco avec mon père et on le fait avec aficion en choisissant des personnes sérieuses, passionnées et qui ont l’habitude de présider des courses. »
 
D’où ma question suivante, quelle orientation voudrais-tu donner à Mauguio ?
« Je voudrais surtout donner l’image d’une arène sérieuse, professionnelle et où le public passe de belles après-midis de toros. L’orientation sera toujours la qualité. Depuis deux ans, nous avons la chance d’annoncer quatre novilleros aux portes de l’alternative et les élevages parmi les meilleurs du pays. On espère continuer dans cette voix. »
 
Propos recueillis par El Nene

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