Vic :Le palmarès d'une féria en demi teinte

Parallèlement à la Féria vicoise se déroule le Festival de Cannes.
A l’issue de la manifestation cinématographique sont distribués un certain nombre de prix. Il m’est venu à l’idée de faire de même pour les quatre corridas gersoises.

La Palme d’Or du jury revient au toro Cubano de la ganaderia de Valdellan. très brave, il a été bien mis en évidence au premier tiers par le piquero Yvan Garcia. Toro de Bandera, à la muleta, il a débordé en fin de faena  Cesar Valencia par sa caste hors du commun,
Il y a au cinéma des films cultes, le brave Valdellan figurera en bonne place dans le panthéon des toros cultes qui ont marqué l’histoire de la tauromachie gersoise.


Le Grand Prix  du Jury est attribué à Cesar Valencia. A la fois « indien dans la ville » par son physique et E T (extra torero) par son talent il a fait preuve d’un courage à tout épreuve et d’une grande  sincérité dans sa manière de toréer. Il lui reste à peaufiner sa technique mais il n’a que quatre mois d’alternative. Il a eu le cran d’accepter de venir à Vic et d’affronter les Valdellan et il a été à la hauteur du défi qu’il s’est fixé. Un remake de la matinée vicoise est programmé à Orthez en Juillet. J’ai toujours un doute sur la reproductibilité des miracles en matière taurine mais qui sait ?


Un accessit est accordé à Alberto Lamelas et Thomas Dufau. Le premier, à peine remis de sa blessure d’Alès, après son succès dans « Cantinillo le terrorifique » a failli rejouer le même scénario face à un Dolores Aguirre très dangereux à droite. Adepte des Missions Impossibles, il va réussir à corriger les défauts de son adversaire et terminera par deux excellentes séries à droite.  Le jeu du torero, très technique, lui ouvre les voies d’un nouveau succès vicois. Hélas la dernière scène, celle de la mort, n’est pas à la hauteur de la faena. Présent dans un second film  au scénario sans intérêt, Alberto quitte le ruedo vicois sans couper de trophée. On peut lui reprocher toutefois son incapacité à gérer les deux premiers tercios ; handicapé, il est vrai, par sa blessure et une cuadrilla d’acteurs amateurs.

Thomas Dufau a joué une version de « Je t’aime, moi non plus ».Son engagement vicois a été très critiqué et il a quand même réussi à couper une oreille grâce à un toro très noble, sans faire de passes à gauche et surtout sans se croiser.


D’autres acteurs n’ont pas démérité malgré leur participation à des films pas très réussis. Sanchez Vara, tel est un bon second rôle. n’hésite pas à jouer dans des films à petit budget et/ou à risque .Il est vaillant, toréé propre mais sans génie et hélas tue très mal.
Rafaelillo est un vrai comédien, un brin Arnaqueur. Il est capable de faire croire qu’il toréé ou prend des risques comme il l’a fait face à son second Aguirre et le public se laisse prendre. C’est, et c’est à son honneur un bon chef de lidia qui a su intervenir pour remettre de l’ordre en piste lors de certains tercios de piques.
Paulita n’a réussi qu’une scène, le début de sa faena au premier Valdellan, le reste est du niveau d’une série B.

Les autres toreros sont passés à côté de cette Féria Vicoise.
Aguilar m’a fait penser à Christian Clavier .Hyper agité lors de sa première faena au point de ne jamais laisser plus de quelques secondes sa muleta  devant le toro, il a été pueblerino et superficiel lors de sa deuxième prestation. Il ne manquait plus qu’il crie « OK » à la fin d’une série.
Manuel Escribano est venu faire une pige à Vic aussi motivé qu’un De Funès à qui on a proposé le rôle du narrateur du Testament d’Orphée.
Perez Mota est un toreo artiste, il est aussi perdu dans une corrida « dure » que Vincent Lindon dans un remake de « Mon curé chez les nudistes ».
Medhi Savalli est passé à côté de deux bons toros de Valdellan. Oublié des scénaristes, il tente un come back, mais ses vieux démons reprennent le dessus. Attention à ne pas devenir un de ces vieux comédiens ringards et qui n’ont que le Boulevard du Crépuscule pour  exister un peu.
Robleño court depuis quelques temps après le scénario qui relancerait sa carrière. Il est le prototype du super héros vieilli et fatigué par des années de lutte et pourrait devenir un vieil homme amer..
Rafael Cerro est venu remplacer Sergio Aguilar. Probablement présent dans le casting des Escolar par protection, il n’a pu que nous montrer son absence de recours et de talent errant comme un zombie dans l’arène.

La Palme du meilleur scénario revient à la Ganaderia Valdellan .Suspens, émotion, alternance de drame et de  tendresse ont émaillé les peleas des 6 toros de cet élevage combattus à Vic. Comme dans un film de Spielberg on retrouve tous les ingrédients (Présentation, caste, bravoure et noblesse) pour plaire au public, à condition de ne pas se tromper dans la distribution des rôles de toreros

Un accessit revient aux Cebada Gago. Bien présentés, ils offraient des possibilités.que seul Dufau a exploité face au troisième .Ce n’est pas un grand, ni même un bon lot mais, avec un peu d’envie de la part des toreros, cela aurait pu être un bon film pour un Dimanche de Pluie.

Les Escolar Gil nous ont joué Faux Semblants. Le ganadero a adoucit le sang de ses toros en utilisant un semental de Buendia. Du coup, il sort des La Quinta. C'est-à-dire soit des toros faibles et décastés ou des bonbons trop sucrés et de ce fait sans saveur. Pour que ce type de toros donne l’illusion d’une corrida, il faut leur opposer des toreros que Vic ne veut pas voir et n’a pas les moyens de se payer.

Les Dolores Aguirre n’ont joué ni le Silence des Agneaux, ni déclencher la colère de Dieu.
Comme c’est le risque avec cette ganaderia, la mansedumbre a pris le dessus sur le fond de caste C’est un peu, comme un film d’Art et d’Essai, c’est parfois génial mais souvent lassant.
Ce type de corrida, réservée à un public averti, n’est vraiment intéressant que lorsque le danger ou la couardise rencontre la technique, la sincérité et le courage (cf. Cantinillo).Les deux  premiers étaient là mais seul Lamelas a tenté de faire quelque chose sans toujours y parvenir handicapé par sa blessure et pas très heureux au sorteo. C’est peu pour que cette forme de tauromachie emporte l’adhésion du public.

Pour les seconds rôles, on a souvent vu  « Peur sur la Ville » .Seuls ressortent du lot Morenito d’Arles et Agustin Gonzalez Gomez avec les palos et Raul Ramirez Gomez  qui a joué les cascadeurs en sautant à la garrocha le premier Aguirre de Sanchez Vara.

Parmi les picadors on a eu « Le  très bon, le bon, la brute et le truand » .Le très bon en la personne d’Yvan Garcia ovationné après avoir piqué Cubano. Le bon c’est José Antonio « Titi » Agudo, picador préféré de l’ADA Parentis, qui a piqué avec technique et sincérité aux ordres de Sanchez Vara.  La brute, c’est Olivier Riboulet, qui confond piquer avec découper de la viande. Le truand, c’est Gabin Rehabi qui a fait preuve d’incompétence et d’irrespect du public tout au long de cette Féria  en particulier lors de la corrida des Dolores Aguirre. Il me fait penser à ces jeunes acteurs qui ont eu quelque succès et dont la tête enfle et qui deviennent mauvais professionnellement et exécrables au plan humain. Il faudra qu’il prenne conscience qu’avoir la grosse tête est incompatible avec le port du castoreño.


Un prix spécial, celui du courage, est attribué à Medhi Savalli qui par son quite a sauvé Cesar Valencia d’une blessure gravissime.


Que dire du public ? Les bilans mesureront une fréquentation que je sens honorable sans plus.  A l’exception de la corrida du dimanche matin, il est sorti globalement déçu d’une Féria qu’il a vécu comme « trois enterrements et un mariage).
L’option toro-toro choisi par les réalisateurs vicois est difficile, il est difficile de trouver des « tontons flingueurs » capables de se mettre devant les derniers des Mohicans de l’élevage brave.  Nous avons tous un lien affectif avec la placita gersoise et nous rejouerons à nouveau « L’année prochaine à Marienbad, pardon à Vic ». Mais combien seront nous et pour combien de temps ?
Pour sécuriser l’avenir de cette Féria, les organisateurs ont deux possibilités :adoucir les toros et faire venir des figuras, ou bien exiger des vrais toros mais les mettre devant des toreros ambitieux comme Lamelas et Valencia. La première option est facile mais dénaturerait l’esprit vicois. La seconde, est ma préférée, même si comme la vie, ce n’est pas un long fleuve tranquille


Les antis ont aussi voulu faire leur cinéma. Ces désaxés ont fait un bide et frisé le ridicule  avec leur scénario digne des plus mauvais films de Max Pecas. Pas d’histoire, pas de son et comédiens minimalistes par le nombre et le niveau intellectuel. , Garrigues, Saldain et consorts sont devenus les rois du navet. 

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