Corrida Aire sur Adour :Un grand Morenito de Aranda et des Fraile intéressants

Retour des Fraile en France

Les photos sont des maestros Romain Tastet et Christian Sirvins que je remercie pour leur contribution

Arènes d’’Aire sur Adour, dimanche 21 juin : corrida des fêtes 2015


                                                                                   (cette photo est de Christian Sirvins)

6 toros de José Luis Fraile pour
Rafaelillo : silence, silence
Morenito d’Aranda : salut au tiers, une oreille
Medhi Savalli : silence, silence
Une vingtaine de piques
Une demi-arène
Grand beau temps

Il flottait comme un parfum de nostalgie sur les arènes d’Aire sur Adour. Les Fraile sont de retour en France.  Cette ganaderia, petite cousine des Valdellan, a toujours eu la réputation des bichos bien présentés, sérieux voire compliqués. A une époque où certains voudraient faire évoluer la corrida vers plus de douceur, il est agréable de constater que la famille Fraile a maintenu le cap du toro-toro.
Les 6 exemplaires aturins, bien présentés étaient tous de ces mansos con muy casta qui entretiennent l’émotion en piste et redéfinissent les rôles des toreros. 

Morenito de Aranda c’est l’étoile montante capable de dominer à ce jour toutes les encastes, Rafaelillo est le second rôle capable de se sublimer comme à Madrid ou de toréer « alimentaire » comme à Vic et Aire. Medhi Savalli, qui l’an dernier semblait revenir sur le devant de la scène, est retombé dans ses travers. Il est passé, comme à Vic, à côté des opportunités offertes.
Certains parlaient à la sortie des arènes de toros compliqués, en fait les Fraile deviennent compliqués, voire complexes en l’absence de vrai lidia.
Ce type de toros oblige le torero à les consentir et à se croiser pour imposer sa volonté. Sinon le toro devient dangereux et la faena tourne court. Cet axiome s’est vérifié tout l’après-midi.
Morenito de Aranda a lidié et ses toros sont allés à mas. Rafaelillo, par manque d’envie, et Medhi Savalli, par manque de savoir faire, n’ont pas lidiés et leurs toros sont devenus incontrôlables et dangereux.

Le premier Fraile est haut et bien armé. Il répond bien à droite et à gauche dans la capote de Rafaelillo. 

Il est, et tous les autres toros, difficile à fixer et il prend sa première pique juste à la sortie en piste du cavalier. Il met en difficulté le piquero lors de la seconde et en prendra deux autres avec bravoure. 


(cette photo est de Christian Sirvins)

Le piquero est applaudi ce qui est exagéré compte tenu des positions trasera de certains puyazos.
Le toro est encasté et après une bonne série de doblones oblige le torero à reculer dans les premiers derechazos. Quelques bonnes passes puis le Fraile accroche le murciano. Le torero se marginalise, ne pèse pas sur l’animal Par sa faute, aux défauts naturelles de l’animal s’ajoutent ceux appris par le torero. 

                                                        (cette photo est de Christian Sirvins)

En fin de faena le bicho est devenu intoréable à droite. Après un pinchazo et une estocade en avant, l’arrastre est applaudie, pas le torero.
Le quatrième ne sera pas le toro du rachat. Il manque de franchise à la cape, prend une bonne pique et deux mauvaises par la faute du piquero et des peones. Le Santa Coloma qui semblait diminué après les piques et la multiplication des capotazos au second tiers se reprend au troisième tercio. 


Le torero donne l’impression de vouloir faire l’effort sur les premiers muletazos puis baisse rapidement les bras. Peut être a-t-il compris que les cameramen présents dans le callejon ne sont pas ceux de Canal Plus Toros. Une entière en avant, un descabello et retour au burladero.
J’ai un vieux contentieux avec Morenito de Aranda depuis un certain Raso de Portillo à Orthez. Je dois reconnaître que le torero s’est bonifié et qu’il a été aujourd’hui énorme.
Il a su mettre en évidence les qualités de l’excellent second et corriger les défauts du cinquième. 

Très technique, il a aussi une tauromachie belle à voir qui lui permet de toucher tous les publics. Si les « affreux » du mundillo ne le pourrissent pas, il peut devenir très vite le torero à suivre.

Le second  Fraile est celui qui est le plus dans le morphotype de l’élevage. Reçu avec autorité à la cape pour corriger sa tendance à donner des coups de tête, 

il sera mis en suerte avec beaucoup de professionnalisme par Morenito de Aranda. Bien piqué, le bicho ira à mas face au cheval, la troisième rencontre étant superbe. Le picador est ovationné et aurait mérité de gagner le prix au meilleur piquero étonnamment déclaré desertio.
David Adalid donne une leçon à tous les banderilleros en posant avec efficacité et élégance les palos et surtout en le faisant en plaçant lui-même  le toro sans intervention de la cape.



Le toro est encasté, il vient bien à droite et domine le torero en début de faena. Avec calme, en se croisant et en tenant le toro dans sa muleta, d’Aranda s’impose .Le toro dominé va à mas, le torero alterne les séries à droite et à gauche, les trois dernières, superbes, font monter l’ambiance sur les gradins. 

Le triomphe est au bout de l’épée .Hélas trois pinchazos, un tiers de lame et quatre descabellos sont nécessaires .Le brave Fraile tombe à la limite du troisième avis sonné avec une remarquable ponctualité par le président Florenza (père). Arrastre ovationnée avec pétition de vuelta, le torero est lui aussi très applaudi après cette très grande faena, hélas mal conclue.
Le cinquième sera le plus compliqué du lot  Très bien fait, il est bien mis en suerte et charge avec bravoure la cavalerie. Ce qui aurait pu être un bon tercio de pique est gâché par la maladresse du cavalier. Je retiendrai un superbe geste du toro qui fait tourner le toro sans cape, simplement en marchant.
Le toro se garde dans la muleta, il faut le consentir .Morenito se croise, les deux premières séries  à droite sont superbes. 
                                                             (cette photo est de Christian Sirvins)

                                                                                         (cette photo est de Christian Sirvins)

A gauche, le bicho se rebiffe, après retour à droite pour reprendre le pouvoir, le torero revient à gauche et tire une, la seule possible, série de naturelles. Eso es lidiar. Final en derechazos et adorno de bon goût, l’estocade est défectueuse, mais fulgurante. Le public réclame une oreille, accordée par le président et qui vient récompenser l’ensemble de l’œuvre aturine de Morenito de Aranda.



Medhi Savalli a un capital sympathie naturel, renforcé auprès du public aturin par son excellent prestation de l’an dernier face aux Baltasar Iban. On l’avait pressenti à Vic, il est retombé dans ses mauvaises habitudes. 


Face à ses adversaires, il va toréer, sur le pico, de façon approximative, reculant et se mettant en danger à  chaque passe.


Il passera à côté d’un bon troisième, très mal piqué par Marc Raynaud et se fera dominé par le sixième, plus complexe, lui aussi très mal piqué par Olivier Riboulet.

                                                                                    (cette photo est de Christian Sirvins)

De ses deux prestations, on ne retiendra que le tercio de banderilles au dernier, c’est trop peu et ne laisse pas augurer d’un avenir professionnel serein pour le torero arlésien.


J’ai passé un excellent après-midi sur les gradins des arènes aturines grâce aux Fraile et à un excellentissime Morenito de Aranda.
Il y avait, à l’époque, une opération publicitaire d’un grand producteur de boissons anisées, animée par Christian Carrere, qui venait dans les clubs pour analyser avec joueurs et public le match du dimanche précédent. Il serait intéressant, dans un but éducatif, de revoir le film de cette corrida et en la décortiquant apprendre ou rappeler aux toreros et au public les effets d’une bonne ou mauvaise lidia sur un toro digne de ce nom.
Je commence à rêver d’une corrida concours avec un Dolores, un Valdellan, un Fraile, un Pedraza, un Miura et un Victorino face à Del Alamo, Morenito de Aranda et Adame. Cela aurait de l’allure n’est il pas ?

Merci à l’équipe des fadas, au sens noble du mot, de la Junta des Penas Aturines pour cette belle année Santa Coloma. Bravo aux aficionados qui se sont déplacés, pitos à ceux qui ne sont pas venus (surtout ceux qui se plaignent de l’overdose Julicogarcigrandesque.)
Quant à Roland, le trésorier, ne perd pas patience .Cela commence à payer et sans vouloir paraphraser VGE, Aire n’a jamais été aussi près de la sortie du tunnel. C’est tout le bien que je souhaite à Thierry Pinot , Mathieu Cazalet et à leur équipe de bénévoles.


Prochain rendez vous à Saint Sever qui nous doit un desquite après la prestation calamiteuse des La Quinta en 2014.

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