Aignan, les toros trahis par leurs forces
Photos Mathieu Saubion
Arènes d’Aignan,
Corrida des Fêtes de Pâques 2017
Trois toros de Gallon (1, 3,5)
bien présentés mais très faibles et trois du Camino de Santiago très nobles
mais juste de forces pour
Manuel Escribano :
silence, deux oreilles
Yvan Fandiño : une
oreille, silence
Emilio de Justo :
silence, une oreille
Douze piques et picotazos,
cavalerie Bonijol
Vuelta discutée au quatrième
9/10ème d’arène
Des antis loin des arènes et
pas assez nombreux pour faire une belote
Température agréable
A l’issue du paseo ,une
minute de silence a été observée à la mémoire d’un membre de la Peña La Montera
de Gimont décédé subitement à l’issue de la novillada non piquée du matin alors
qu’il se rendait à la salle où était organisé le repas.
La saison des corridas « outdoor »
débute ce dimanche de Pâques à Aignan.
Après avoir présenté des corridas plus toristas avec des toros de Concha
y Sierra ou du Marquis d’Albasserrada, les organisateurs gersois ont choisi de
présenter cette année une corrida d’encaste Domecq. Pour cela ils ont fait appel aux deux ganaderias
françaises en tête de l’escalafon national en programmant les Sampedro des
frères Gallon et les Marquis de Domecq du Camino de Santiago.
Très bien présentés les toros
de Gallon n’ont malheureusement pas fait preuve d’une grande solidité. Leur faiblesse
n’a pas permis aux toreros de s’exprimer.
Bien que justes de forces,
les toros de Jean Louis Darré ont offert plus de possibilités.
Faibles ou justes de forces, aucun des toros n’a permis un tercio de piques dans l’esprit de cette placita qui est en quelque sorte l’annexe de la proche arène de Vic Fezensac. Les six bichos ont pris en tout en pour tout douze picotazos dont certains symboliques.
Faibles ou justes de forces, aucun des toros n’a permis un tercio de piques dans l’esprit de cette placita qui est en quelque sorte l’annexe de la proche arène de Vic Fezensac. Les six bichos ont pris en tout en pour tout douze picotazos dont certains symboliques.
A la muleta, quand leurs forces
le leur permettaient, ils se sont montrés
coopératifs.
Du lot ressort le quatrième
(Camino de Santiago) très noble honoré par une vuelta al ruedo malgré un
premier tercio minimaliste.
Il est regrettable que
certains toros soient sortis avec des armures abimées et que, pour d’autres,
les pointes n’aient pas résisté aux chocs contre les burladeros.
Manuel Escribano reprend l’épée après sa grave
blessure de l’an passé. Il n’a pas encore récupéré toutes ses facultés et est
hors de forme. Aux banderilles, seule la dernière paire est digne de la
réputation du torero sévillan.
Yvan Fandiño, mal servi au
sorteo et peu motivé, a connu une après-midi sans peine ni gloire.
Emilio de Justo a confirmé
ses prestations orthézienne et montoise. Il allie courage et sens artistique. Dommage
que sorteo et épée ne lui aient pas permis de couper une oreille à son premier. Il s'est rattrapé à son second qu'il a tué d'une estocade à montrer dans toutes les écoles taurines.
.
Le premier (Gallon) bien présenté, mais aux
pointes vite abîmées contre un burladero, montre dès sa sortie des signes de
noblesse mais aussi, hélas, de faiblesse.*
Il est peu et mal piqué. Tercio de banderilles approximatif de Manuel Escribano,
le toro commence à se garder. A la muleta, le Gallon a une charge courte et
lente sur les deux cornes.
Il ne permet pas grand-chose et transmet très peu d’émotion.
Le sévillan tente en réduisant les terrains et en jouant sur la corde
trémendiste de réveiller toro et public mais cela ne fonctionne pas. Escribano s’engage,
ou plutôt se désengage, pour tuer d’un vilain julipié qui provoque une
hémorragie. L’arrastre est sifflée.
Le second (Camino de
Santiago), est lui aussi faible. Il est lui aussi peu et mal piqué. Sur la première série, il prend bien les deux
premières passes à gauche de Fandiño, puis il fléchit.
Le scénario se reproduit
à plusieurs reprises. Le torero n’est pas dans le coup, il recule à chaque passe.
La faena reste à menos et est terminée par une série de manoletinas. Le basque
conclut les débats par un très bon coup d’épée. L’estocade entière et efficace
lui permet de couper une oreille.
Le troisième (Gallon) bien reçu à la cape par Emilio de Justo, est
faible. Il prend deux picotazos symboliques.
Le toro est noble. Il vient bien quand on le cite de loin et permet au
torero de lier deux bonnes séries à droite. A la troisième le toro fléchit. A gauche,
le Gallon se garde.
Retour à droite, le bicho fléchit à nouveau. De Justo
réduit les terrains pour essayer de mettre un peu d’émotion dans une faena qui
en manque cruellement. Mais le Gallon s’éteint et part dans les planches. La
mise à mort est laborieuse (mete y saca, trois pinchazos et une entière tombée),
silence pour les deux acteurs.
Le quatrième (Camino de
Santiago), bien fait, est très mal piqué (épaule et trasera) lors de deux rencontres
prises sans pousser. Du tercio de banderilles, on ne retiendra que la troisième
paire dans le terrain des planches. Le toro est noble mais juste de force.
Escribano commence sa faena par des cambiadas. Le Camino charge avec beaucoup
de noblesse malgré quelques fléchissements. A gauche, il suit sans s’employer.
Le torero est très superficiel.
Il toréé de façon marginal sans se croiser. Il
cherche les effets faciles pour créer de « l’émotion » en abusant des
circulaires en fin de faena. A l’épée,
nouveau julipié rapide d’effet, le palco
accorde deux oreilles, la première généreuse mais demandée par le public, la
seconde totalement injustifiée. La vuelta accordée au toro est exagérée,
malgré la grande noblesse du toro,
compte tenu du tercio de piques et du manque de force du Camino.
Le cinquième, très bien présenté, est un quasi
invalide qui aurait du être remplacé. Il tombe à plusieurs reprises.
Comme le
torero est tout sauf motivé, la faena tourne court, la mise à mort est approximative,
puis rideau pour les deux acteurs.
Le sixième, bien présenté,
est distrait. Faible, il est économisé aux piques et prend deux picotazos. Comme Fandiño, De Justo brinde son toro à
Escribano. Le torero débute sa faena en baissant la main, le toro tombe. Il
relève la mire et toréé, avec sincérité, à mi hauteur.
A droite les séries sont
intéressantes. Elles laissent par moment entrevoir les capacités artistiques du
protégé de Luisito. Capacités qui sont encore plus visibles quand Emilio prend
la main gauche, dommage que le toro ne se livre pas sur cette corne.
Le torero s’engage en mettant
tout son cœur pour une estocade superbe d’exécution et très efficace qui à elle
seule justifie l’oreille accordée. De Justo, programmé à plusieurs reprises
dans les arènes du Sud-Ouest, sera peut être le torero de la temporada 2017. Qui
vivra, verra…………..
Thierry Reboul
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