Aignan, Mugron reseñas des non-piquées
Le week-end de Pâques est l’occasion,
dans le Sud-Est et le Sud-Ouest pour les aficionados de se retrouver sur
les gradins des arènes. Arles, gérée par
les professionnels du mundillo, est la première grande
féria française de la temporada. En Gascogne, plus modestement, les clubs
taurins organisateurs, arrivent à mettre dans les gradins plus de spectateurs
que d’habitants dans leurs villages. Ils se battent aussi pour maintenir dans
le cadre de leurs journées taurines, une non-piquée. Que ce soit à Aignan ou à Mugron,
ces novilladas sont organisées avec autant de sérieux et de rigueur que les
corridas avec figuras de l’amphithéâtre provençal.
Les gradins étaient plus que
convenablement remplis à Aignan et très bien garnis à Mugron montrant que la
non-piquée, intégrée dans une journée taurine, a un vrai avenir.*
photos Romain Tastet
Aignan,
Novillada non piquée des Fêtes de Pâques
Quatre erales du Lartet bien
présentés, excellent le troisième, compliqués les trois autres pour
Juan Collado Dias :
passage à l’infirmerie, le bicho est tué par Dominguez Cabrera et une
oreille
Carlos Dominguez
Cabrera : silence et silence après un avis
Demi-arène
Aignan est proche de Vic et
on y aime les toros costauds et armés. Trois des quatre erales du Lartet de
cette matinale, nés en Mai 2014, auraient pu dans quinze jours sortir en
novillada piquée. Ils avaient le
physique de leur âge et la difficulté qui fait que l’on réserve ce type
d’erales à des novilleros expérimentés en passe de monter à l’échelon
supérieur. Malheureusement, les deux jeunes toreros, qui ont fait le paseo en
ce dimanche de Pâques, n’avaient que leur courage à opposer aux bichos de la
famille Bonnet. Il leur a manqué la
technique pour lidier avec l’autorité nécessaire leurs opposants. Débordés, ils ont été durement châtiés à
plusieurs reprises. Ce manque de
technique et de recours a fait que Juan Collado Diaz a toréé avec application
mais est resté très en dessous de l’excellent eral, né lui en juillet, sorti en
troisième position.
Le premier eral bien présenté et armé, comme ils le seront
tous, est distrait à sa sortie en piste. Il embiste dans la cape mais envoie un
léger coup de tête en fin de passe. Juan Collado Dias le double avec autorité
mais se fait sévèrement accrocher sur une naturelle mal maitrisée. Le toro est
tardo. Il a une charge courte et demande de l’autorité de la part du torero. En
difficulté en début de faena, Collado finit par prendre la mesure du Bonnet et
enchaîne des séries à droite et à gauche. Le novillero se laisse griser,
allonge trop la faena.
Le toro, compliqué, n’est que
partiellement dominé et sur la « série de trop » prend avec violence
le novillero. KO debout Juan Collado est dans l’incapacité de reprendre le
combat. C’est son compagnon de cartel, Carlos Dominguez Cabrera, qui estoquera
d’une entière delantera le novillo.
Juan Collado, après un passage à l’infirmerie, revient en piste pour affronter le troisième eral. Il reçoit avec élégance un joli colorado né en juillet 2014. Le Bonnet est noble. Il met bien la tête dans la muleta et répète. Il conservera toutes ces qualités tout au long de la faena. Le jeune novillero, qui ne semble pas avoir totalement récupéré de son KO, construit un trasteo appliqué, courageux mais en dessous des possibilités du bicho. Il commet l’erreur de le citer de près et de ne pas baisser la main alors que le novillo embiste si on le sollicite par le bas. Collado tue d’une bonne entière en place et coupe ce qui sera la seule oreille de la matinée. L’arrastre est applaudie.
Juan Collado, après un passage à l’infirmerie, revient en piste pour affronter le troisième eral. Il reçoit avec élégance un joli colorado né en juillet 2014. Le Bonnet est noble. Il met bien la tête dans la muleta et répète. Il conservera toutes ces qualités tout au long de la faena. Le jeune novillero, qui ne semble pas avoir totalement récupéré de son KO, construit un trasteo appliqué, courageux mais en dessous des possibilités du bicho. Il commet l’erreur de le citer de près et de ne pas baisser la main alors que le novillo embiste si on le sollicite par le bas. Collado tue d’une bonne entière en place et coupe ce qui sera la seule oreille de la matinée. L’arrastre est applaudie.
Le second eral se casse une
pointe après que les peones, très
protecteurs, l’ont fait taper à plusieurs reprises contre les burladeros. Après
un bon tercio de cape, Carlos Dominguez Cabrera brinde sa faena au public. Le
toro s’engage bien sur la première série de muletazos puis prend querencia au
toril près des planches. Le novillero se fait accrocher sur une passe où il
s’est placé entre le toro et les tablas. Le Lartet est compliqué. Dominguez
Cabrera manque de métier et ne réussit pas à le sortir de son refuge. De plus
le bicho est très dangereux à gauche et trop difficile, pour un toreo inexpérimenté,
pour être toréé dans la querencia. Silence après deux pinchazos et une estocade
verticale.
Le quatrième, par son
physique, est un vrai utrero qui aurait du être piqué. Après une bonne
réception par paquirrinas, Dominguez Cabrera l’embarque dans des capotazos valeureux. A la muleta, le
novillero hésite. Le toro est manso, il
demande un métier et une autorité que ne possède pas encore le jeune garçon. La
faena s’éternise sans peser sur le toro, Carlos a de nouveau du mal à tuer et
entend un avis.
Mugron, lundi
17 Avril
Novillada non
piquée des Pâques Taurines
3
erales d’Alma Serena, exceptionnel le premier, excellent le second et bon le
troisième pour
Clément
Hargoux : une oreille
Dorian
Canton : deux oreilles
Yon
Lamothe : deux oreilles
Vuelta
au premier novillo
Salut
des ganaderos à l’issue de la course
Prix
de la Peña Taurine Mugronnaise à Dorian et Yon
Prix
des organisateurs du Sud-Ouest aux trois novilleros qui débutaient en non
piquée
Plus
de mille personnes
Très
grande matinée de toros que celle vécue par les toreros, éleveurs et
aficionados présents sur les gradins des arènes de Mugron.
Au
long des capéas organisées par l’association des organisateurs du Sud-Ouest,
les aficionados ont suivi l’évolution et les progrès réalisés par Clément,
Dorian et Yon, tous trois élèves de l’École Taurine Adour Aficion. Ils sont venus en nombre pour assister aux
débuts en traje de luces des protégés de Richard Milian.
Avec des personnalités différentes,
les trois garçons ont réussi leurs débuts en non piquée. Ils y ont été aidés
par les trois erales d’Alma Serena ; De belle présentation, d’un âge
adapté à des novilleros débutants, ils ont fait preuve de caste et de noblesse.
Si le troisième a été bon, le second excellent, le premier a été exceptionnel. C’est
posé dès le milieu de la faena de Clément Hargoux comme une évidence que le
bicho avait toutes les qualités pour devenir le semental d’origine Algarra dont
ont besoin Pierre et Philippe Bats pour faire grandir leur élevage. Le callejon
a commencé à s’agiter. Malheureusement le public ne réagit pas, le jeune
novillero n’a encore le métier nécessaire pour mettre en évidence toutes les
qualités du bicho. Le président aurait
pu prendre l’initiative mais le Sud-Ouest n’est pas le Sud-Est, Les publics y
sont rigoureux. De plus la grâce d’un
novillo du Lartet à Aignan, il y a
quelques années, novillo qui avait du
être éliminé après avoir été tienté, à laisser des traces. Donc en l’absence de
demande du public, organisateurs et présidence demande au torero d’estoquer le
novillo.
Je ne suis pas un fan des
indultos et encore moins en non-piquée car on ne peut pas mesurer la bravoure
face au cheval. Mais dans le cas d’une ganaderia « récente », dont on
connait le sérieux des propriétaires qui tienteront le novillo avant de le
mettre sur les vaches, cela peut se discuter. Surtout quand on connait le prix de l’achat ou
de la location d’un semental. Alors la règle ou l’esprit en toute honnêteté
difficile de se prononcer. Dommage que ce bicho ait subi les conséquences de
l’image négative donnée par des indultos discutables (en particulier dans le Sud-Est). L’indulto doit
être exceptionnel et le galvauder
conduit à passer à côté des Garapito, Miralto et du numéro 42
d’Alma Serena.
Le premier eral, costaud et
légèrement gacho, est un joli colorado d’origine Luis Algarra. Il fait preuve
de caste et de noblesse dès les premiers capotazos et permet à Dorian Canton de
réaliser un bon quite. Après avoir été bien doublé par Clément Hargoux, le
bicho a un léger passage à vide. Il se reprend vite et répond avec caste,
noblesse et alegria et sans faiblir aux
sollicitations du jeune torero.
Celui enchaine de bonnes séries en particulier
à droite. Sur cette corne, il trouve le sitio et conduit bien la charge
exigeante d’un novillo encasté qui finit par prendre le dessus sur le torero en
fin de faena. Après une série, destinée à mettre en évidence l’Alma Serena, un
peu brouillonne, Clément s’engage pour une bonne entière et coupe la première
oreille de sa carrière de novillero. La vuelta au novillo est très
chaleureusement applaudie par le public.
Le second eral, origine
Miranda de Pericalvo, est bien reçu à la cape par Dorian Canton. L’Alma Serena
est lui aussi très noble avec de la fixité. Après un début par cambiadas, il
fait l’avion dans la muleta du jeune béarnais. Un peu crispé en début de faena,
le torero prend confiance et sa faena, bien construite et appliquée, va à mas.
Il
termine par une excellente sérié à droite
donnée avec temple et dominio. Il tue d’un quasi entier en place et
coupe deux oreilles.
Le dernier, probablement
d’origine Algarra, est très bien toréé à la cape par Yon Lamothe. Le torero de Tartas débute sa faena de
rodillas et « pègue » une magnifique arrucina et un derechazo donné avec un temple de torero
andalou. La série suivante, à droite, est un plus brouillonne. Suivent deux
très belles séries de naturelles, où le jeune torero fait preuve d’une très
intéressante capacité à improviser pour s’adapter au comportement du novillo.
La faena baisse de ton, comme le novillo, mais est conclue par une élégante série de passes d’adorño. Yon
s’engage pour une entière très efficace et coupe lui aussi deux oreilles.
Le public, ravi d’avoir
assisté à une grande matinée de toros,
fête éleveurs et toreros.
Nous avons vécu ce weekend
end deux non-piquées très différentes. Sérieux mansos con casta à Aignan, nobles et encastés à Mugron, les deux lots
d’erales du Sud-Ouest ont contribué à des matinées sérieuses et entretenues.
Les cinq novilleros, avec des profils et probablement des avenirs différents,
ont fait preuve de sincérité et d’envie de bien faire.
C’est cela la novillada non
piquée, formatrice de toreros, d’éleveurs et d’aficionados, que nous avons le
devoir de défendre.
Thierry Reboul
*c'est en tout cas là que débute la tauromachie ! (note d'isa du moun)
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