Mugron: ne pas confondre difficile et décasté
Il est toujours compliqué de
faire la reseña d’une course qui ne vous a pas plu quand on connait et respecte
les organisateurs de l’évènement. L’équipe de la Peña Taurine Mugronnaise est
composée d’aficionados militants, leur accueil est un des plus agréables de la
planète taurine gasconne. De plus ils
ont fait ce qu’il fallait pour monter une course de bon niveau avec les débuts
en piquée de Baptiste Cissé, la présentation en France d’Alvaro Sanchez et le choix d’une ganaderia digne d’intérêt. Hélas,
ils ne sont pas dans la tête des toros quand ils les choisissent et les
novillos d’Añadio n’ont pas été à la hauteur des attentes qu’ils avaient placées
en eux.
La présentation, costauds et
bien armés, aurait du peut-être les alerter. Le lot était composé de trois
coquillas et de trois buendias. Les six toros sont sortis limite du type de
leur encaste. Les coquillas sont sortis lourds et armés et les buendias plus
gorditos que costauds. L’exemple de Flor de Jara dont les produits, encaste
Buendias, ont perdu leurs qualités quand le ganadero, pour sortir à Madrid, a
augmenté le promedio de sa camada est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire.
C’est difficile pour un ganadero qui veut vendre,
mais chaque encaste à sa morphologie, son poids de forme. On ne fera pas d’un
Fidjien un « Jean Gachassin » ou d’un Pedraza un Garcigrande.
Certains, dont je respecte le
point de vue, ont vu dans cet enciero, un lot intéressant car compliqué et
difficile. Pour moi, un toro complexe et
difficile est un toro qui par son agressivité,
son refus de se voir imposer sa trajectoire met en difficulté le torero
et l’oblige à une lidia courageuse et/ou autoritaire. Les novillos de Mugron se
défendaient sur place, avaient un quart de charge. Difficile de lidier des
toros que le manque de race fait se réserver dès la deuxième série et qui
se réfugient dans le terrain des planches.
Les utreros d’Añadio ont fait illusion à la pique mais se sont vite éteints ou réservés au troisième tiers.
Les utreros d’Añadio ont fait illusion à la pique mais se sont vite éteints ou réservés au troisième tiers.
Face à ce bétail Alvaro
Sanchez a confirmé les qualités entrevues à Madrid et qui font de lui, un des
toreros à suivre en ce début de temporada. Baptiste Cissé a débuté en piquée et
a laissé une bonne impression qui sera à confirmer lors de ses prochaines
sorties. Jésus Enrique Colombo, mal servi au sorteo, a montré ses limites.
Le premier (encaste Coquilla) prend une bonne première
pique et sort seul d’une seconde rencontre où il n’a pas été mis en suerte. Aux
banderilles, il se réfugie dans les tablas.
En début de faena, Alvaro Sanchez
le sort de cette querencia, pour une bonne série à droite. A gauche le toro
serre le torero et a une charge courte. Malgré un changement de terrain et le
retour à droite, le toro se complique.
Avec du métier, et un certain dominio, le novillero prend le dessus sur
le novillo .Malgré deux accrochages,
Alvaro Sanchez enchaîne deux
séries à droite en se croisant bien et en conduisant la charge. A la mort, le
coquilla est difficile à fixer. Le novillero doit se contenter de saluer après
une demie et un descabello.
Le second (encaste Buendia)
est long à sortir du toril. Tardo, limite apathique, il s’allume sous le fer et
pousse bien à la première rencontre, hélas trasera.
Il pousse également à la
seconde rencontre. Correctement banderillé, le toro arrive tardo dans la muleta
de Jésus Enrique Colombo.
Le torero
manque de recours, le toro ne se livre ni à gauche, ni à droite, Après deux
séries de quart de passe, la faena tourne court. L’arrastre est sifflée.
Le troisième restera dans
l’histoire comme le premier novillo estoqué par Baptiste Cissé. L’añadio (encaste Buendia) prend deux bonnes
piques, en poussant, données par Nicolas Bertoli.
La faena est appliquée. Mais la faiblesse du
toro enlève toute émotion et tout brio. On retiendra une bonne série de
naturelle de face, puis le buendia s’éteint et la faena va à menos.
Le
tyrossais coupe une oreille, contestée par une partie du public, après une
bonne épée.
Le quatrième (encaste Buendia)
s’endort sous le fer à la première pique et fait une vuelta de campana avant de
prendre la seconde. Le bicho a un fond de noblesse et permet à Alvaro Sanchez
de nous montrer ce dont il est capable.
La première série à droite est
excellent donnée en se croisant avec temple et domination. La seconde, bien
qu’un ton en dessous, laisse présager d’une faena intéressante.
Le torero fait
une tentative à gauche où le toro est tardo. Retour à droite, mais le toro (à
la quatrième série) s’éteint et la faena, par sa faute va à menos. Le novillero
s’engage pour une bonne entière à la rencontre efficace et coupe une oreille.
Le cinquième (encaste
coquilla) est pousse par deux fois au cheval, dommage qu’il soit très mal
piqué. Colombo pose deux bonnes paires de banderilles puis brinde au
public.
Il sort le toro des tablas où il
avait pris querencia. A gauche comme à
droite, le toro est compliqué (quart de charge et coup de tête .
Le torero, en
manque de moyen devant un manso qui ne permettait pas, abrège une faena très
mal conclue à l’épée.
Le sixième (encaste coquilla)
prend un « carioca des familles « à la première pique et se défend
sans pousser à la seconde.
A la muleta,
il a lui aussi un quart de charge, mais Baptiste Cissé insiste et lui impose
trois courtes séries méritoires. Le toro se décompose par la suite et met en
danger le novillero à chaque passe. Le novillero salue après un pinchazo
accroché et une bonne entière.
Ainsi se termine le weekend
pascal dans le Sud-Ouest. Weekend dont on retiendra le très bon non piqué
mugronnaise, les qualités de torero et de matador d’Emilio de Justo, et deux novilleros à
suivre cette temporada, Alvaro Sanchez et Baptiste Cissé.
Prochain rendez vous à Aire
sur Adour pour la traditionnelle novillada du 1er Mai, la météo
semble optimiste.
Thierry Reboul
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