MADELEINE 17 - un grand torero et des toros petits
Non je ne suis ni malade, ni
fâché avec Isa, ni devenu scriptofainéant. S’il n’y a pas eu de reseña
quotidienne des corridas montoises sur les Chroniques, c’est pour protester.
Depuis des lustres, le meilleur site d’information montois avait
droit à une accréditation. Cela permettait à Laurent d’entretenir son bronzage
au soleil du tendido presse, sa surdité naissante au son des clarines toute
proches et surtout d’exercer son art de photographe au service de la tauromachie et de sa ville rugbystique préférée.
Cette année, pas d’accréditation,
donc pas de reseña quotidienne, ni de photo dans ce billet sur le volet
tauromachique des Fêtes de la Madeleine.
De toutes les arènes du Sud-Ouest, Le Plumaçon est celle où l’accueil de la part de la direction est le plus désagréable. Le mépris de ceux qui
bénévolement contribuent à la promotion de la tauromachie ne grandit pas ceux
qui s’en drapent pour paraître plus qu’ils ne sont. N’oublions pas que la Roche
Tarpéienne est très proche du Capitole.
Il y a aussi des comportements
qui commencent à me choquer. Remonter les bretelles au palco parce qu’elle ne fait pas jouer la musique
alors que les toros sont parados, relève de la confusion des pouvoirs.
J’ai par ailleurs boycotté le
dimanche pour me rendre à Tyrosse, arène où l’accueil est à la hauteur de la
convivialité qui fait la renommée du Sud-Ouest.
Si on revient à ce qui s’est
passé dans le ruedo, c’est d’un arlésien que le public se souviendra. Juan Bautista,
face au quatrième La Quinta, a été exceptionnel, grandiose, énorme et sublime à
la fois. Sa faena est une faena de deux oreilles et Puerta Grande à Madrid.
Face à un toro, noblote qu’il a obligé à se grandir, il a ajouté à sa maîtrise technique
habituelle, une variété et une dimension artistique qui font qu’il est devenu
une Figura. Sans atteindre les sommets, ses trois autres faenas de La Madeleine
ont toutes confirmé son talent et sa grande forme du moment.
Autre torero à avoir réussi
son passage sur le sable montois, le local Thomas Dufau. Le sorteo lui a
réservé une machine à embister qu’il a su exploiter avec application et un
certain sens artistique. Pour une fois, il a même toréé de la main gauche.
David Mora, avec des moyens
physiques hélas diminués, est à gratifier d’une note plus qu’honorable pour ses deux faenas face aux La Quinta.
Talavante a construit une
faena esthétiquement irréprochable mais en toréant systématiquement de profil.
Ponce a dominé son sujet avec
le talent qu’on lui connait mais face à une opposition bien faible. FERRERAface à une autre machine à embister à confirmer qu’il avait retrouvé, après sa
blessure, ses moyens et qu’il était un élément de base à prendre en compte pour
bâtir les cartels.
Manzanares a été mal servi au
sorteo. Cela tombait bien, il n’était pas motivé.
Juan del Alamo a déçu. Il a
eu du mal à résister à la pression créé par l’émotion de l’hommage rendu à
Fandiño et le « dominio » de
Jean Baptiste Jalabert.
Mention particulière à la
terna du dimanche, que je n’ai pas vu actuer, et qui s’est mis devant la seule
corrida correctement présentée des Fêtes.
Côté novilleros, Dorian
Canton et Ismael Jimenez ont dominé la non-piquée. Pour la piquée ; la
terna a fait ce qu’elle a pu. Mais à l’impossible nul n’est tenu.
Côté bétail, la présentation
des trois corridas d’origine Domecq est
proprement et scandaleusement indigne d’une arène de première catégorie. Les cornes des Nuñez del
Cuvillo ont fait résonner les « afeitados » et pas seulement depuis l’Escalier
6. Seize des dix huit Domecq ont manqué
de force ou de caste (ou des deux à la fois). Le premier et le quatrième
JPD relevaient plus du toro synthétique
pour faenas préfabriquées que du toro bravo.
Seuls les lots des encastes
dites minoritaires, dans le type Buendia et Albasserrada, ont tenu, malgré
quelques imperfections, leur rang. Comme par hasard, ce sont ces deux corridas
qui ont donné le plus d’émotion et d’intérêt. Si la commission taurine et l’Empresa
ont un minimum de logique et de lucidité, il y a là des leçons à tirer pour 2018.
Pour la non-piquée, Guillaume
Bats a joué de malchance. Le toro sur lequel
il fondait beaucoup d’espoir est mort au débarquement et les cuadrillas
ont écarté au sorteo, l’eral le mieux présenté du lot. On retiendra l’intéressant
eral d’origine « El Torreon » sorti en second et l’excellent « Gallon »
toréé par Dorian Canton.
Grosse déception pour le
sympathique éleveur camarguais Patrick Laugier dont les novillos, plus sérieux
que la plupart des toros du cycle montois, ont manqué de force et de race.
Éteints dès le second tiers,
dans une arène silencieuse et lugubre, ils ont mis en danger les novilleros
sans pourtant transmettre la moindre émotion. Patrick nous doit un desquite à
Villeneuve de Marsan.
En résumé une Madeleine plus que décevante, sauvée par un torero
français « exceptionnellement exceptionnel », la faena de Juan
Bautista a constitué le plus beau des
hommages rendu au grand absent de ces Fêtes, le Maestro IVAN FANDIÑO.
Thierry Reboul
Bonjour Thierry
RépondreSupprimerEt merci de ces notes synthétiques que tu produis : j'ai déjà eu l'occasion de te dire qu'elles constituent pour moi dans le maelström des reseñas bidons, une -si ce n'est la seule -, qui me donne une photographie précise de ce qu'il s'est réellement passé sur les sables dont tu nous racontes les combats avec l’honnêteté que je te reconnais totalement. Tu n’es inféodé à personne, contrairement à tous ceux qui produisent de l’hagiographie, ce me qui permet de t’accorder le crédit que tes papiers méritent. Dans ce concert de louanges, je me permettrai une remarque qui va hélas à l'encontre des louanges universelles envers la production montoise de Juan Bautista. Et Dieu sait si, quand j'intervenais quotidiennement lors de mes périples du Nord de l'Espagne, je m'attachais aux prestations de notre arlésien. La faena qu'il nous a produite devant son la Quinta, pour exceptionnelle qu'elle fût artistiquement, est pour moi entièrement réalisée au pico. Ce qui est rédhibitoire en ce qui me concerne pour l'attribution d'autre chose qu'une oreille. Je ne pense pas pourtant que ce "petit truquage" t'ait échappé un seul instant, mais je tenais à te le dire comme je l'ai fait auprès d'autres, mais dans une rédaction certes, moins sympa que ce petit clin d’œil complice...
A te lire...
Denis Guermonprez. (je signais Dionxu...)