Dax : on continue le naufrage ganadero.

(photos Nicolas Couffignal)

Après une Féria décevante, les arènes de Dax nous devaient un desquite. Si les rouges et blancs de l’US Dax  semblent progresser. Les Noirs cornus des arènes municipales restent au fond du classement.
Des trois lots sortis en piste pour Toros Y Salsa, seuls les novillos de La Quinta ont été à la hauteur des attentes des aficionados. La présentation «  commodes » n’est pas à la hauteur d’une arène de première catégorie.
Occupé à railler ses collègues ganaderos et à cultiver son relationnel dans les callejones, Ricardo Gallardo, a complètement oublié de s’occuper de ses Fuente Ymbro. Il a laissé  partir la caste et cet élevage s’enfonce tout doucement dans les profondeurs de la seconde division. Décastés, amateurs des tablas ils n’offraient que peu de possibilités.
Les Montalvo faisaient leur présentation à Dax. Décastés, faibles  ils n’ont pas donné plus de jeu que les Fuente Ymbro de la veille.
Les La Quinta ont fait du La Quinta. Nobles à souhait, souvent sosos ils sont venus dans la Cité Thermale pour offrir leurs oreilles. Pour nous aider à supporter une telle overdose de suavité, il faut des toreros qui ont de la personnalité. Seul Adrien Salenc a été à la hauteur.

A noter, l’entrée bien moyenne du samedi a été à peine compensée par le presque lleno du dimanche.

Le samedi, le premier Fuente Ymbro est faible. Il doit être traité avec sollicitude par Diego Urdialès. Le torero n’est pas dans une bonne passe et ce n’est pas ce type de toro qui lui permettra de sortir d’en sortir. Pas vraiment séduit par la faena, le toro décide de partir vers les planches. Urdialès abrège en passant par Saint Paul les Dax.
Le quatrième est faible, tardo et décomposé au bout de trois séries. Rien de cela n’est de nature à remotiver, le torero d’Arnedo qui plie rapidement les gaules, non sans visiter Mugron au moment de tuer.
Yvan Fandiño est lui actuellement dans un bon moment. Il essaie de tirer quelque chose d’un bicho faible mais avec un fond de noblesse.  Toréant joliment, mais souvent sur le voyage, il donne au public les merles sensés se substituer aux grives. Les «présents sur les gradins » s’en contentent. Pour une fois la présidence résiste à la pétition de seconde oreille qui n’aurait pas fait sérieuse compte tenu du contexte.
Le cinquième est faible, lui aussi.  Economisé à la pique, il est bien banderillé par Yvan Garcia au premier passage. Le second est moins bon. C’est à contre cœur que le banderillero salue un public dont il doit se dire qu’il doit être bien frustré de bons gestes taurins pour se contenter d’un demi tercio de banderilles. A la muleta, il faut obliger le Fuente Ymbro   Fandiño se croise et construit une faena plus intéressante et surtout plus sincère qu’au premier. Le toro se décompose malheureusement vite et devient « complexe ». Le basque est violemment pris lors d’une manoletina. Eprouvé, il s’engage pour une épée qui résulte atravesada et le prive d’un nouveau trophée.
Pepe Moral avait séduit l’aréopage landais. Depuis le début de la temporada, il déçoit. Plus occupé à « faire joli » qu’à toréer, il est souvent marginal et brouillon. Le troisième titulaire complètement invalide est renvoyé au corral. Il est remplacé par un José Cruz correctement présenté. Noble et fade, il permet mais Moral n’y arrive pas. Le toro raccourcit sa charge, le torero augmente la distance entre lui et l’animal. En plus, il tue mal.
Le sixième est noble. Sans être un grand toro il permet offre beaucoup de possibilités. Pepe Moral brouillon et toujours aussi marginal, passe complètement à côté. Il aurait pu couper, il doit se contenter du silence d’un public déçu. Le Fuente Ymbro part à la découpe quasi inédit.

Fiche pour les amateurs de statistiques
Dax, Toros y Salsa : première corrida du cycle
5 toros de Fuente Ymbro et un sobrero de José Cruz (3 bis), remplaçant le titulaire complètement invalide, Tous les toros, ont manqué de force, de caste  pour
Diego Urdialès : un avis et silence, silence
Yvan Fandiño : une oreille, salut au tiers
 Pepe Moral : silence, silence
Salut d’Yvan Garcia après avoir banderillé le cinquième
12 piques et picotazos (surtout des picotazos)
Cavalerie Bonijol
Poids moyens des toros : 510 kg
7/10ème d’arènes
Chaud soleil estival

La Quinta produit des novillos avec les oreilles pré découpées. Il suffit de faire un petit effort et avoir un peu de talent pour promener des appendices auriculaires lors de vueltas fleuries. Seul Adrien Salenc a su en profiter et être à la hauteur des possibilités qui s’offraient à la terna.
Le premier est un monument de bonté et de noblesse. Juan de Castilla  le cite de loin, met la jambe en accentuant la gestuelle. N’est pas Rincon qui veut. Les séries s’enchaînent bien faites mais sans grand relief. Le novillero profite de la noblesse de l’utrero sans parvenir à transmettre de l’émotion et en ne l’exploitant pas totalement.  Même le sympathique public du matinal dacquois reste froid, silence après une mise à mort en deux temps.
Le quatrième est faible. Il est noble et manque d’alegria. Le colombien insiste trop alors que le toro est allé à menos et en plus il tue mal, nouveau silence.


Le cadet des Adame m’insupporte et ce n’est pas cette novillada dacquoise qui va me réconcilier avec son toreo marginal et basto. Son premier est lui aussi un bonbon.  Le mexicain le toréé sur le voyage. Seul l’adorño final est à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre d’un leader de l’escalafon.  Luis David finit par mettre une entière efficace après trois échecs dont une première à recibir qui résulte atravesada. Son second, fuera de typo, est soso /il charge avec suavité et se laisse toréer. Adame est à nouveau marginale et semble avoir l’esprit tourné vers sa proche alternative. Il tue d’une entière en avant à la cinquième tentative.


Adrien Salenc coupe une première oreille après une très bonne faena à un très bon novillo.
 Bien piqué   par Laurent Langlois, le toro est noble et a de la fixité. Adrien Salenc  brinde à El Juli, Début par statuaires, puis les  séries à droite et à gauche posées, élégantes et sincères sont enchainée avec aguante.   Une naturelle et un trinchera devrait avoir attiré l’objectif des  photographes avisés. Dommage que le tiers de lame n’ait du son efficacité qu’à l’expérience de la cuadrilla, ce qui fait perdre à Salenc une seconde oreille pourtant méritée.

Le sixième est plus Patas Blancas que Buendia. Costaud, bien armé, il s’allume, à deux reprises  sous le fer. Le toro est compliqué. La faena est intéressante, courageuse et même appliquée mais manque de dominio face à un toro complexe et compliqué.  Une nouvelle oreille, synonyme de sortie à hombros par la porte des cuadrillas, vient récompenser la bonne volonté et l’application du jeune novillero français.

Pour ceux qui font le concours de Zocato
Dax,   Toros y Salsa, novillada matinale
6 novillos de la Quinta bien présentés, nobles et donnant du jeu pour
Juan de Castilla : salut au tiers, un avis et silence
Luis David Adame : silence, silence
Adrien Salenc : une oreille, une oreille
Sortie à hombros d’Adrien Salenc par la porte des cuadrillas
Douze petites piques
Cavalerie Bonijol
Demi-arène
Soleil et chaleur


Les Montalvo ont eux aussi déçus les aficionados présents à Dax.  Bien présentés mais commodes de têtes, ils n’ont eu ni la bravoure, ni la force nécessaires pour briller au cheval. Il leur a manqué le fond pour permettre aux toreros de briller.
Le premier bis est un invalide qui tombe à plusieurs reprises. El Juli l’estoque d’un vilain julipié (double pléonasme). Le quatrième est faible et décasté. El Juli après un début brouillon à droite,  tire quelques bons muletazos à gauche. La faena va comme le bicho à menos.  Pour l’estocade voir plus haut.

Manzanarès est le torero préféré de ces dames. Il toréé joliment ses deux toros. C’est aussi quelqu’un qui met de la distance entre lui et les toros. Tout cela n’était pas bien grave aujourd’hui car ses deux opposants ne permettaient pas grand-chose. L’esthétique lointaine et prudente du torero d’Alicante a entretenue l’illusion qu’il y avait corrida à Dax. A défaut de grives, certains arrivent à se contenter de merles, pour ma part je préfère les palombes.
Heureusement Manzanarès est un grand tueur et ses deux recibirs méritaient le déplacement et l’oreille coupée à chaque toro. En fait le beau gosse d’Alicante est la porte parole du retour à la tauromachie antique où seule l’épée comptait. C’est dommage que ce soit à cause de l’indigence du bétail.

David Galvan a lui aussi touché un premier toro sans intérêt auquel il a fait une faena sans intérêt. Le sixième est noblote et tardo. Galvan tire quelques bons muletazos sans vraiment transmettre d’émotion si ce n’est par un final trémendiste limite grotesque. Ce torero est à revoir dans un autre contexte.

Ainsi s’achève une corrida décevante à l’image de la temporada dacquoise. Sept lots d’encaste Domecq et aucun n’a été bon. Beaucoup de faiblesse, de mansedumbre ou de naïve soseria, les organisateurs doivent se remettre en question d’autant que la fréquentation des arènes est en recul par rapport aux années précédentes. Seules les novilladas piquée et non piquées ont été à la hauteur des attentes des spectateurs


Pour les férus de statistiques
Dax :   Toros y Salsa corrida de clôture
6 toros de Montalvo (le premier invalide remplacé par un exemplaire du même fer) faibles et sans race  pour
El Juli : silence, silence
José Maria Manzanarès : une oreille, un avis et une oreille
David Galvan : un avis et silence, un avis et une oreille
Douze piques et picotazos
Cavalerie Bonijol
Poids moyen des toros : 520 kg
Président : Jean Charles Bouet
Presque lleno
On se croirait toujours en été

 Thierry Reboul

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