Bilan de la temporada 2015
Un aficionado, c’est quelqu’un
qui croit au Père Noel tous les jours à cinq heures. Je fais donc régulièrement ma lettre avec plein de
demandes pour la temporada qui suit. Le vieux barbu fait ce qu’il peut et se trompe souvent, semblant faire sien le
proverbe « corrida de expectacion, corrida de decepcion »
J’ai donc décidé de l’aider
en lui disant ce que j’ai aimé ou pas dans la temporada qu’il a mis sous mon
sapin en 2015.
Cher Père Noël,
pour t’éviter de faire (ou
refaire) des erreurs l’année prochaine, je te joins la liste de ce que j’ai
aimé ou pas dans les cadeaux « taurins » que tu m’as apportés en
2015.
J’ai énormément apprécié
·
Les « Los
Manos » de Parentis et les « Valdellan » de Vic qui par
leur agressivité, leur bravoure ont créé en piste cette émotion forte que je
viens chercher aux arènes. Face à eux, les deux Valencia, Guillermo et
Cesar, ont fait preuve d’un courage et d’un engagement, voire d’une folie,
qui sont l’apanage des toreros de verdad.
·
Les Pedraza de
Garlin avec un club taurin qui récolte les fruits de sa volonté de promouvoir
le toro-toro.
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Juan del Alamo
avec son caractère bien trempé et surtout cette manière de toréer citant de
loin et allongeant la charge du toro qui n’est pas sans rappeler Cesar Rincon. Ses
faenas à Dax et Bayonne en font pour moi
le torero de la saison dans le Sud Ouest. Il reste à souhaiter que le Sud Est
(c’est fait avec Arles) et l’Espagne se
rende compte que nous tenons là une vraie figura.
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Le moment de
douce nostalgie offert à Magescq lors de
la tienta inaugurale de la temporada par Joselito, El Fundi et un Bote transfiguré
et rajeuni de 30 ans
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Certains tercio
de piques « authentiques » donnés par Alberto Sandoval (face à un
manso perdido à Parentis et un Pedraza encasté à Dax), Gabin Rehabi (première
pique au Pedraza de Dax et tercio face
au Granier de Vic même s’il y a redire sur le positionnement trasera de la pique)
et Juan Jose Esquivel au Moun face à un excellent Cebada Gago.
J’ai beaucoup apprécié
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Le geste de
Mathieu Guillon qui a montré face à un solide et encasté Blohorn qu’il mérite
qu’on lui donne une nouvelle chance.
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Les efforts faits
par les ganaderos français pour proposer en non piquée un bétail sérieux et de qualité.
Merci donc à Jean Louis Darré, aux frères Bats, à Guillaume Bats, Jérôme Bonnet
et Pascal Fasolo pour le travail fourni.
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Les Cebada Gago
de Mont de Marsan
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L’abnégation des « petits »
organisateurs du Sud Ouest pour promouvoir la tauromachie avec de jolies
réussites.
o
Les non piqués d’Aignan,
Mimizan, Plaisance, Maubourguet, Saint Sever
o
La tienta de
Tartas
o
Les Fraile d’Aire
sur Adour et les Victorinos de Saint Sever,
o
Mimizan qui
remplit les arènes et vide les rangs des antis
o
La journée
Valdellan à Orthez
o Roquefort qui se maintient contre vents et marées avec courage malgré la concurrence de Dax et Bayonne
o Roquefort qui se maintient contre vents et marées avec courage malgré la concurrence de Dax et Bayonne
·
L’implication et
le courage des Aturins qui commencent à récolter les fruits de leur travail
avec un bon concours et une corrida de Fraile d’un très bon niveau au plan
toros avec un lot de respect et au plan torero avec un excellent Morenito de
Aranda. Ils sont sur la bonne voie, même si
le sympathique Jiminy Crickett qui leur sert de « conscience
financière » les tannent encore pour qu’ils fassent encore plus.
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La montée en
puissance de toreros qui dament le pion aux figuras de papier du FIT ,(Pepe Moral,
Jose Luis Adame, Diego Urdiales, Fandiño, Rafaelillo et même Curro Diaz Pour ce dernier, je retiendrai sa prestation
à Tyrosse face à des Baltasar Iban où il a pu faire état de sa classe naturelle
face à un toro « respectable ».
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Le sérieux de l’organisation
de Saint Perdon. Si le résultat artistique n’a pas été à la hauteur des années précédentes,
la Peña Camping-car a réussi à créer une date « torista »
incontournable et attendu par les aficionados du Sud Ouest.
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Les Bolsin
organisés à Pontonx par Juan Leal et à Bougue par le club taurin « La
Soledad » qui offrent une vraie opportunité aux jeunes toreros de demain.
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L’arrivée ou le
retour dans le giron des arènes « espagnoles » de Gamarde, Pontonx et
Maurrin
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Les Baltasar Iban
de Mugron et les Pedraza de Dax qui ont donné beaucoup de relief aux tercio de
piques et aux prestations de Louis Husson en novillada et Juan del Alamo en
corrida.
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Les actions
caritatives menées par les aficionados (Collectif des aficionados français,
festival « El Corazon », Juan Bautista et Corrida France)
J’ai apprécié
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De voir les
arènes quasi pleines à Bayonne pour la
Féria de l’Atlantique
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Les novilleros
officiant en non piquées (Tibo Garcia, Adrien Salenc, Baptiste Cissé et Yvan
Gonzales) qui ont progressé tout au long de la temporada face à un bétail
souvent très sérieux.
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La place faite
aux non piquées à Bayonne et Dax
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Certains novillos
qui par leur présentation et/ou leur comportement ont satisfait les spectateurs
présents (Granier à Vic, les La Quinta et un Escolar Gil à Hagetmau, Valdellan
et Coquilla à Aire, Aguirre à Saint Perdon)
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Le courage et le
sérieux de Perez Mota, Lamelas et
Sanchez Vara
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L’entrega, la
classe et la technique de certains novilleros dont certains devraient faire une
belle carrière : Roca Rey, Joaquin Galdos, Pablo Aguado, Guillermo
Valencia et un Manolo Vanegas en net progrès en fin de temporada.
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Le coup de folie
du Juli qui, vexé par le succès de Pepe Moral, est allé attendre, dans la boue,
à Porta Gayola son seconda adversaire à Dax.
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Le choix d’encastes
moins connus comme les Concha y Sierra d’Aignan, les Osborne de Riscle, les novillos
des concours d’Aire et Saint Perdon. Les organisateurs ont montré qu’il était
possible de sortir des sentiers battus et d’avoir des résultats artistiques (et
un remplissage) plus qu’honorables.
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La gamelle que se
sont pris les figuras (Talavante, Manzanares, Perrera, Padilla et consorts) qui ont montré que leurs exigences au plan
financier et bétail n’avaient aucune justification.
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La hausse de
fréquentation apparente sur les gradins par les aficionados et la baisse
(avérée) des abords des arènes par les antis.
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Les mesures
prises par les autorités et les organisateurs pour tenir les « ridicules
animalistes » éloignés de mon champ de vision.
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L’intelligence et
la lucidité de Louis Husson
Je n’ai pas apprécié
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La présentation
des toros de Gamarde
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Le faible niveau
des novilleros français qui ne sont pas en mesure d’assurer la relève
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Le peu de
contrats accordés par les grandes arènes (à l’exception de Bayonne) à Juan
Bautista et surtout à Sébastien Castella
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La capacité de
certaines armures à prouver que les parois des camions et les burladeros sont
en apparence très voire trop solides ainsi que la passivité des publics face à
des cornes parfois très abimées.
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Le peu de réussite
des autres toreros français Pour ceux qui ont le plus de potentiels, Dufau et Leal
semblent se remettre en question, la prochaine temporada sera importante pour l’un
et l’autre.
·
Les tercio de piques
de Gabin à Vic quelles qu’en soient les raisons.
·
Le bache dans
lequel semble s’enfoncer la placita d’Eauze. Certes il y a eu des oreilles
coupées mais des toros sans intérêts et des faenas de pueblo. La désaffection
du public devrait inciter les organisateurs elusates à se remettre en question.
J’ai détesté
·
L’attitude
désinvolte et irrespectueuse d’Alberto Lopez Simon vis-à-vis des organisateurs
de la Brède
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Le peu d’intérêt
manifeste des organisateurs vis-à-vis de la novillada des Fêtes
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Le comportement
scandaleux de Javier Conde imposant aux organisateurs du festival « El
Corazon » un eral qui ressemblait plus à un lapin bélier qu’à un bovin et
qu’il a toréé en se moquant du public (contorsions d’empastre et torero muy
fuera de cacho)
·
La dérive des tercio
de piques. De plus en plus c’est le côté équestre qui est favorisé. Il ne faut
pas confondre rejoneador et picador. C’est le piquero et le toro (brave ou non)
qui font l’émotion et l’intérêt du premier tercio. Le cheval est là pour aider
le cavalier à châtier le manso ou mettre en évidence la bravoure d’un toro
encasté. Nous avons la chance d’avoir en
France d’excellents chevaux de piques,
restons du bon côté de la « Force » en utilisant leurs qualités pour
redonner de l’authenticité au tercio de varas.
·
La grosse
boulette faite par le Père Noel quand il a livré leurs nouvelles partitions aux
musiciens de certaines arènes. Les musiques de film ou d’opéras ne sont pas
adaptées à la tauromachie. Sans avoir l’air
de radoter, le pasodoble est bien plus adapté à la « liturgie taurine »
et dégage plus d’émotion que « les chariots de feu ». Ceux qui ont
récemment entendu jouer « Martin Aguero » dans l’église de Saint
Pierre du Mont peuvent en témoigner
·
Que des
tracasseries administratives contraignent les rieumois à jeter l’éponge
Cher Père Noël, tu ne t’en es pas trop mal sorti en 2015. Mais, si tu veux que je continue à croire en toi,
tu dois faire encore mieux l’an prochain, sinon …………
Thierry Reboul
Bien entendu ce bilan n’engage
que moi et fait référence aux courses que j’ai vues Avant de passer à 2016, un
grand merci à tous ceux qui m’ont permis de rédiger mes resenas en
La
grande cheftaine Isa
Laurent,
Romain, Frédéric, Christian, Philippe pour les photos
Les
empresas et organisateurs qui m’ont accrédité et en particulier celles qu’ils l’ont
fait pour les Chroniques du Moun
Les
lecteurs, avec une mention particulière à ceux qui prennent le temps d’échanger
avec moi sur leur perception de mes écrits
Et
également à mes deux autres « patrons » Laurent et Eric qui me font
confiance pour Corrida France et Toromag
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