Analyse , photos et vidéos de la Féria Vicoise
Photos de Philippe Latour (La Montera qui pleure) Matthieu Saubion
(Vuelta à los toros) et vidéos d’Alain Garres (Corrida TV)
Le toro de la Féria
J’aurai pu titrer cette
analyse de la Féria vicoise : « En passant par les arènes avec mes
sabots ».
En trois jours, six toros, au
moins, ont perdu un sabot. Principales victimes de cette épizootie, les
Baltasar Iban et les Valdellan, et surtout le bon public qui paie. C’est l’équivalent
d’une corrida complète qui n’a pas pu être lidiée dans des conditions normales.
Autour des stades, il y a en général autant d’entraineurs-sélectionneurs que de
spectateurs. A Vic, ce sont 6000
vétérinaires qui phosphoraient sur le « pourquoi de la chose ».
Attendons les conclusions des experts même si en échangeant avec des professionnels,
ganaderos ou vétérinaires taurins, le nouvel agencement des corrales vicois
semble le coupable évident.
Dommage quand même car si on prend comme critère pour évaluer la
bonne présentation d’un lot, la conformité au morphotype de l’encaste, les
toros vicois étaient bien présentés. Les armures inspiraient le respect. Il n’y
a pas eu cette faiblesse congénitale qui couplée à une soseria systématique a
généré ennui et colère sur les gradins de l’autre Féria de Pentecôte.
Après les forfaits de
Rafaelillo et Lamelas, Vic 2016 a été marquée par la blessure de Paco Ureña et
surtout celle sérieuse de César Valencia. Le vénézuélien toréé peu, manque d’expérience
et affronte systématiquement des
élevages durs. Toutes les conditions sont réunies pour qu’il se fasse accrocher
par ses adversaires. L’an dernier à Vic, à Aignan puis ce dimanche après-midi il
est passé à deux doigts du drame. Avec tout le respect que je dois au courage et
à l’Aficion de ce garçon, est ce bien raisonnable de le laisser prendre autant
de risques ?
Les meilleurs moments de cette Féria
Pour les vivre, il fallait se
lever tôt. Ce sont les deux courses matinales qui ont marqué les aficionados
présents.
Tout d’abord la Concours,
après quelques éditions décevantes, celle de 2016 a apporté beaucoup de
satisfactions. Nous avons vu trois toros intéressants et trois très bons
tercios de piques.
Le vainqueur, ganaderia Los Maños, a livré face au cheval un
combat spectaculaire et brillant. A la muleta il est venu avec beaucoup d’alegria
à droite puis s’est éteint dès que le toro est passé à gauche laissant un goût
d’inachevé à sa pelea.
Le suivant, un Hoyo de Gitana,
s’est comporté en manso con casta. Dur et violent à la pique, il a été très
exigeant à la muleta, finissant par dominer son torero.
Sorti en dernier, le Pedraza
a été pénalisé par des mises en suerte approximatives, heureusement compensées par l’application de son mayoral
qui officiait comme picador.
Côté piquero, le vainqueur du
jour, est Gabin Rehabi qui a piqué le Los Maños. Autant j’avais peu apprécié
ses prestations en 2015, autant il a piqué, ce jour, avec beaucoup de sincérité, d’efficacité et d’envie
de mettre en évidence le toro. Il l’a fait avec sa personnalité, sa manière de
faire qui ce jour a collé à gusto avec la personnalité du bicho.
Nicolas Bertoli, autre
excellent picador français, a fait preuve d’abnégation et de technique pour
encaisser les arrancades violentes du Hoyo de la Gitana.
Quand à Curro Sanchez,
il s’est mis au service de « son toro » pour le mettre en évidence.
Si Gabin est l’auteur du tercio de piques le plus complet à la fois brillant et émotionnant, le mayoral
de Pedraza a réalisé le tercio le plus efficace.
Voir trois tercios de ce
niveau en une matinée, a comblé un public qui vient quand même à Vic pour vivre
ce type d’évènements.
L’autre moment marquant de
cette Féria est la prestation des erales de la ganaderia du Lartet lors de non
piqué du lundi matin. Il y avait du monde sur les gradins, des novilleros qui
en voulaient et de très bons novillos. Le
public s’est régalé et le second et
exceptionnel « Bonnet » pourrait bien être l’eral de la temporada.
Les gestes de la Féria
Outre les trois piqueros
cités plus hauts, deux subalternes se sont illustrés par leur brega et les
banderilles posés. Il s’agit de Marco Leal et surtout d’Antonio Molina qui a
été phénoménal lors de la corrida concours.
La qualité de la présidence du
concours qui a mené les débats avec beaucoup de professionnalisme..
Les bonnes surprises
Curro Diaz qui est tout sauf
un torero vicois a su tirer son épingle du jeu lors de la course de Baltasar Iban.
Il a toréé dans son style, et probablement inventé
son second toro. Il a très bien tué à deux reprises. Il ne lui a pas manqué grand-chose
pour triompher, peut être, trop réservé, a-t-il trop attendu pour être lui-même dans
ses faenas.
Javier Cortès a fait preuve
de beaucoup d’application et d’envie face à ses deux adversaires lors de la
concours Il est resté en dessous du Los Maños et a mal tué .Mais il a apporté
beaucoup de fraicheur de sincérité en piste. Il mérite d’être revu.
Autre surprise, Domingo
Lopez-Chaves, sans atteindre les sommets, il a su mettre en évidence un bon
exemplaire de Valdellan. Son investissement et son efficacité, en tant que chef
de lidia, pourrait lui ouvrir pas mal de cartels.
Les novilleros Cissé et André
Lagravère qui ont su mettre en évidence les erales du Lartet.
Les mal servis
Le samedi Juan del Alamo et
Morenito de Aranda ont fait les frais des problèmes de sabots des Baltasar
Iban.
Luis Miguel Encabo est tombé au
concours sur le manso sin casta de la temporada (Quintas) et un Pedrès noble à
en être ennuyeux.
Les déceptions
Les Baltasar Iban et les
Valdellan ont déçu. Il y a eu une petite pointe d’espoir pour les premiers avec
les deux derniers typés Aldanueva. Par contre, pour les seconds, à part un bon premier,
les cinq autres étaient plus proches du lot d’Orthez que de ceux qui ont fait le renom de cet
élevage.
La blessure d’Ureña qui nous a privé
du seul torero en capacité de faire
quelque chose face aux Victorinos.
Perez Motta qui, malgré sa
grande sincérité, n’est pas fait pour toréer des toros exigeants et dangereux
Thomas Dufau qui a manqué de métier dans
les mises en suerte de ses deux toros de la concours et qui est passé
complètement à côté du Pedraza de Yeltès après avoir essayé, avec courage, de
bien faire avec le Hoyo de la Gitana.
Les coups de gueules
Aux présidents « catastrophiques »
de samedi et dimanche après-midi, oubliant de saluer les toreros, ne tenant pas
compte de l’avis des assesseurs et parfois peu concernés par ce qui se passait
en piste.
A José Carlos Venegas qui a
mis les trois quart de la faena avant de s’apercevoir qu’il pouvait se croiser
et toréer son second adversaire.
Au montage de la course de
Victorino Martin. Il est sorti un lot
compliqué mais intéressant Mais il n’y avait pas en face d’eux les toreros qu’il
fallait. Le même type de lot, sous le fer d’Escolar Gil, avait donné une grande
course, il y a quelques années au Plumaçon.
Le fils en digne héritier du
père est capable de choisir ses lots en fonction des arènes.
A Séville, il a envoyé un lot
pour Séville, à Vic un lot pour Vic qui nécessitait des toreros avec plus de
poder.
Au public du Lundi qui a
oublié d’applaudir Escribano, qui avec ses défauts et ses qualités a quand même
essayé de s’arrimer face au dernier Victorino.
En résumé, une Féria Vicoise avec des moments d’émotion sincère
et d’autres d’ennui profond avec de très
bons tercios de piques, trois grands toros et eral. On peut attendre plus d’une Féria, mais en
obtenir plus ne relève-t-il pas de l’utopie ?
Et pour finir à la Vincent
Bourg dit Zocato, Ris de veau, Cœur de canard succulents à l’Auberge du Lac et hébergement pas
cher et super sympa au Camping « Le Pardaillan » à Gondrin.
Thierry Reboul
Merci pour ces commentaires
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