Gamarde: une oreille , quelques détails et des photos de Romain Tastet
Arènes de Gamarde, samedi 28 mai 2016,
corrida organisée par la Peña Gamardaise.
6 toros de Banuelos, gabarits
et armures adaptés à une arène de troisième catégorie, nobles mais faibles les
quatre premiers, mansos les deux derniers pour
Pepe Moral : silence,
vuelta
Roman Perez : un avis et
silence, ovation
Thomas Dufau : une
oreille, un avis et ovation
Salut de Marco Leal au
cinquième
9 rencontres avec la
cavalerie Bonijol
2/3 d’arènes
photos Romain Tastet
Pour la seconde fois la Peña Gamardaise
organisait une corrida. Il s’agit d’aficionados
qui s’investissent et investissent, personnellement dans le montage de cette course.
En 2015 les gradins étaient remplis,
en 2016 on était plus près des deux tiers que des trois quart. Le fait que la
course ait lieu un samedi y est probablement pour beaucoup. Le prix des places
aussi. Paradoxalement le prix des barreras étaient tout à fait abordable. Le
prix moyen était probablement le même que dans les autres arènes, mais l’absence
de places à un prix plus « populaire » freine l’accès aux arènes de
personnes à revenus plus modestes et en particulier des plus jeunes. D’autant
plus que pour la même somme, on pouvait être au second comme au sixième rang,
et en cas de lleno se retrouver sur des « praticables » au 8 ou 10ème
rang.
L’an passé, le lot de toros
choisi avait fait sourire tant les pupilles de Benjumea (succursale de Nuñez
del Cuvillo) ressemblaient plus pour certains à de gros erales qu’à des cuatreños.
Pour l’édition 2016, c’est un
lot de Banuelos qui est sorti en piste. Plutôt légers, surtout le premier, avec
des têtes très faciles, c’est le type de bestiaux qui sortent en troisième
catégorie dans les pueblos espagnols. Ils dénotent avec les lots qui sortent
habituellement dans les placitas du Sud Ouest et cela peut aussi impacter la fréquentation.
Au plan du comportement, ce
fut très varié. Le second a été un excellent toro, noble et encasté, les deux
derniers ont manqué de race et se sont comportés en manso et les autres nobles
et faibles ont été sosos.
Difficiles de les juger au
plan de la bravoure. Il y a eu neuf rencontres avec la cavalerie avec une seule
vraie mise en suerte. Le troisième a reçu un unique picotazo à la sortie du
patio de caballos sans que le piquero ne se place dans la zone « réglementaire ».
On a eu droit à des cariocas inutiles dans le sens qu’il n’y avait en piste ni
monstre ni manso perdido. Et je passe sur les piques montées à l’envers.
J’attendais Pepe Moral qui m’avait
fait vibrer à Dax. Son premier toro, anovillado, très faible ne lui a pas permis
de s’exprimer. Le bicho, soso, était incapable de suivre la muleta au-delà du
quart de la passe.
Le quatrième, le plus lourd et
le moins armé, est reçu avec beaucoup
d’élégance à la cape par Moral. Rien d’intéressant
aux deux premiers tiers, le toro est noble et faible. Il perd souvent l’équilibre sur ses antérieurs.
Moral construit ce qui sera la meilleure faena de l’après-midi. Le torero est élégant, les séries à gauche
sont allurés avec des passages templés. Pepe Moral nous fait sentir qu’il a de
vraies possibilités et qualités.
Malheureusement, il toréé avec un décalage d’origine
comme diraient les matheux ou en bout de muleta comme le crieraient
nos amis catalans.
En plus sur les deux dernières séries, le torero laisse partir
le bicho qui, pas assez dominé, file aux tablas. La faena est
conclue par un vilain bajonazo qui n’empêche pas Pepe Moral de faire une
vuelta. Sentiment mitigé virant sur la déception pour ceux qui étaient venus
essentiellement pour revoir le torero qui avait « mis la pâtée » au
Juli à Dax.
Roman Perez touchera avec le second,
le meilleur du lot. Bravito lors de l’unique rencontre avec le cheval, le toro
est noble et encasté. L’arlésien qui toréé peu, a envie de briller. Il construit
une faena appliquée et vaillante. Mais il ne se croise pas assez , manque de temple et
reste en dessous de ce que permettait l’excellent Banuelos.
Le public adhère,
l’oreille semble possible. Malheureusement la mise à mort, et en particulier le
descabello, prive Roman de toute récompense. Silence pour le torero,
l’arrastre, par contre est très applaudie.
Le cinquième est un quinto malo. Distrait, il ne fixe jamais et semble plus attentif au mouvement sur les gradins qu’à ce qui se passe en piste.
Le cinquième est un quinto malo. Distrait, il ne fixe jamais et semble plus attentif au mouvement sur les gradins qu’à ce qui se passe en piste.
Sévèrement et mal piqué, le
toro sera par contre très bien
banderillé par Marco Leal qui salue. A la muleta, le Banuelos est parado, Il ne
s’investit pas dans la passe. Roman Perez insiste un peu trop alors que la toro
n’a plus de passes dans le ventre. Entière de côté mais efficace, et le torero
salue au tiers.
Une bonne partie du public était là pour Thomas
Dufau. Le toro est piqué à la sauvette à la sortie du
patio. La faena est débuté de rodillas, le problème est que le toro est faible
et qu’il s’agenouille lui aussi. Noble, il est soso et fade. Le toro ne
transmet rien et Dufau n’arrive pas ni à animer la faena. Il toréé avec
application mais ne créé pas d’émotion.
Le toro va à menos, Après un
pinchazo, Dufau s’engage pour une bonne
entière qui lui permet de couper une oreille.
Le sixième est, dès sa sortie
tardo et distrait. Il est sévèrement et mal piqué (pique montée à l’envers).
Il est bien banderillé par de Rafael Viotti. Le toro est manso et complexe. Il
demande une lidia autoritaire. Dufau semble ne pas être en confiance.
Il fait
un pas en arrière à chaque passe, se découvre et se met en danger. Le toro n’est
pas dominé, le torero en difficulté. Il
tue d’une entière trasera longue à faire effet et salue.
Mention très bien à la Peña
Al Violin avec un répertoire « purement » taurin pendant les faenas.
Gamarde est à la croisée des chemins.
Ils peuvent soit rester sur ce type de courses, comme les pueblos espagnols, pour
lesquelles ils auront du mal à imposer
leur volonté au mundillo avec un résultat artistique incertain et surtout en n’attirant
pas les aficionados qui fréquentent assidument les arènes, soit passer en
novillada, avec des toreros locaux et/ou punteros et des toros sérieux sur le modèle des autres
arènes du Sud-Ouest .
Dans le premier cas, ils
risquent de voir la fréquentation et leurs finances s’étioler, dans le second,
c’est mon avis personnel, ils peuvent se faire une place dans le calendrier d’autant
qu’ils possèdent avec leurs arènes modernes et couvertes un outil exceptionnel.
A corriger dans l’organisation
, il y a peu de places dans le callejon et les photographes sont relégués sur les gradins ,
sauf deux ou trois, mais l’absence de places attitrées rend leur travail très
difficile.
Dommage aussi qu'il n'y ait pas eu de minute de silence à la mémoire de Renatto Motta tué le 17 mai au Pérou alors que Gamarde est la première corrida en France depuis ce tragique évènement.
Respectueusement, je lui brinde cette reseña.
Respectueusement, je lui brinde cette reseña.
Thierry Reboul
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