Mugron: Très bon lot de Baltasar Iban

Arènes de Mugron, Lundi 6 avril 2015 : Novillada piquée des Pâques Taurines
 (photos de Romain Tastet)

6 novillos de Baltasar Iban pour


Alejandro Marcos (silence, silence)


Louis Husson (salut au tiers, une oreille)


Pablo Aguado (silence, applaudissements)

Poids des novillos (480, 475, 475, 435, 480,435)
8/10 ème d’arènes
Ovation aux picadors Gabin Rehabi et Laurent Langlois (cuadrilla de Louis Husson)
Salut des banderilleros El Santo et Manolo de Los Reyes (cuadrilla de Louis Husson)
Cavalerie Heyral
Présidence de François Capdeville
La novillada s’est déroulée sous le soleil mais avec un vent du Nord glacial qui a gêné les toreros.

Très bien présentés, les utreros de la ganaderia Baltasar Iban, ont dominé les débats ce jour à Mugron. Ils nous ont offert une très grande diversité de comportements allant du manso très dangereux au bravissime  encasté, du très compliqué au maniable. Face à de tels adversaires, les jeunes toreros présents se sont défendus avec les armes qui sont les leurs,  sans démériter. Mais leur manque d’expérience les a mis parfois en difficulté. L’angoisse, l’émotion ont été présentes en piste tout au long de l’après-midi.

Dans un tel contexte les novilleros ont souffert, parfois été meurtris dans leur chair et leur amour propre, mais ils ont bien plus appris en une après midi qu’en plusieurs passées sur les bancs d’une école taurine.
Le public attentif et bienveillant les a soutenus face aux difficultés. On a entendu ces « silences angoissés » qui soulignent l’émotion transmise.

Le tambour major applaudi, comme le seront les autres à leur entrée en piste, met bien la tête dans la cape d’Alejandro Marcos.





 Mal mis en suerte, il pousse avec bravoure lors de ses deux rencontres avec la cavalerie. Il mettra en danger le peon de brega lors du tercio de banderilles. Le toro a marqué le coup après le premier tercio, mais il s’est repris au début du troisième. Marcos le double bien en début de faena, mais il a du mal à trouver le sitio pour la suite .

Il se fait beaucoup toucher la muleta ne maîtrisant pas les hachazos du novillo. Il se fait désarmer deux fois. Cité à la bonne distance, le toro permet au torero de réaliser une excellente série de naturelles. Le garçon est sincère, comme il l’avait été à Saint Perdon, mais il n’arrive pas à dominer son adversaire. Il n’allonge pas assez la passe et le garde trop près de lui en sortie.
En fin de faena, le bicho, probablement pas assez piqué, prend le dessus.  Le toro tarde à tomber après une quasi entière de côté

Le second est superbement présenté. Louis Husson le reçoit bien à la cape  et le met très bien en suerte à la pique.



Bravissime le toro prend trois grandes piques, poussant longuement, refusant de sortir du peto. Le picador Gabin Rehabi est ovationné.
Public et toreros ont compris qu’ils ont à faire à un très bon toro. Comme souvent dans ce cas, les cuadrillas se grandissent .El Santo et Manolo de los Reyes  saluent après un excellent tercio de banderilles avec une brega très efficace de Rafael Cañada.
La faena commence par une très élégante série de doblones. Le toro est très sérieux ; Louis fait preuve de beaucoup d’autorité pour contenir la caste du toro Malgré le vent, les séries à droite s’enchaînent avec élégance et sincérité, à gauche le toro est très compliqué. Ce type de bétail est très exigeant et demande beaucoup de métier.


Louis malgré son application ne dominera pas son opposant. Accroché avant l’estocade, le dacquois perdra ses moyens, et les trophées potentiellement gagnés, avec l’épée. Très dépité, il devra se contenter de saluer au tiers à cause d’une mise à mort laborieuse (deux pinchazos, un golletazo et trois descabellos).
Le public demande et obtient la vuelta pour cet excellent utrero.

Le troisième est aussi très bien présenté. Dès le début, il se révèle dangereux mettant en difficulté Pablo Aguado à la cape. Les cuadrillas sont paniquées. Le picador, hors sitio, sera renversé à trois reprises par un toro plus violent que brave. Il ne recevra une vraie première pique, à la quatrième rencontre pique que lorsque le piquero se mettra dans le bon terrain pour piquer.



Le public en mettant la pression pour obtenir le changement de tercio, voulant protéger le cheval met en danger le torero. Il suffisait, par sécurité, de faire rentrer le picador de réserve ce qui aurait permis de châtier suffisamment le novillo. Quelques « lettrés » ont crié « Bonijol. » La cavalerie Heyral me semble bien plus adaptée face à ces toros braves et /ou puissants qui nécessitent que le cheval résiste à la poussée sans céder garantissant ainsi la sécurité du piquero et l’efficacité de la lidia.


Après « panique au premier tercio » la cuadrilla joue un remake de "panique au second tercio." A la muleta, le jeune torero, quasi débutant en piquée, est complètement dépassé .Sévèrement secoué, il doit serrer les dents pour aller au bout de son combat.

La mise à mort est très difficile .Après 5 pinchazos, trois épées mal placés le toro finit par tomber libérant l’ensemble des acteurs et le public d’une angoisse qui commençait à être pesante.


Le quatrième semble léger comparé au trois premiers. 



Il ressemble au toro des gravures de l’époque de Goya  avec une très grande cambrure du dos. Il prend trois piques en manso, part sur tout ce qui bouge. Il est lui aussi compliqué.
En début de faena Alejandro Marcos semble prendre la mesure du Baltasar Iban. Mais les défauts vus au premier reviennent et produisent les mêmes effets. Initialement compliqué à gauche, l’utrero le devient aussi à droite avec des hachazos qui mettent en difficulté le novillero. Nouveau silence après une entière contraire long à faire effet.

Le cinquième bien reçu à la cape, va se révéler plus maniable que les précédents.


Il prend trois piques sans grand style. Bien banderillé, il arrive à la muleta avec une tendance à serrer sur le côté droit  Une fois ce défaut corrigé, Louis Husson peut profiter de la noblesse fade du toro pour réaliser une faena bien léchée mais qui manque un peu de transmission.


Le dacquois coupera une oreille après un pinchazo et une estocade très engagée foudroyante au cours de laquelle le novillero sera durement secoué.




Le sixième léger mais bien armé poussera face au cheval .à deux reprises. C’est un toro noble, un peu faible, sans difficultés majeures qui va permettre à Pablo Aguado de construire une faena très élégante, relâchée dont ressortira une superbe naturelle.



Le toro transmet peu ce qui relativise l’impact sur le public. Le protégé de Luisito va mal tuer (deux pinchazos et une estocade chanceuse) et devra se contenter d’être applaudi en regagnant le burladero.




Le prix mis en jeu entre les novilleros n’est pas attribué.
Les trois novilleros quittent le ruedo sous les applaudissements respectueux d’un public satisfait qui vient de vivre une tarde de toros qui restera dans les mémoires grâce à la qualité du bétail et l’engagement de tous les toreros.

Prochain rendez vous taurin à Garlin, le 19 avril pour la novillada de Pedraza de Yeltes. 

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