Castelnau : Toros et toreros ont fait honneur au terroir gascon.
Arènes de Castelnau Rivière Basse,
Novillada concours non piquée
(photos Olivier Viaud)
Astarac ; exigeant ; pour Baptiste Cissé :
salut
Le Lartet, compliqué, pour André Lagravère, El Galo :
un avis et silence
Malabat, exigeant, pour Antoine Madier : un avis et
silence
Alma Serena, sérieux, pour Baptiste Cissé : une oreille
Camino de Santiago, noblissime, pour André Lagravère, El Galo : vuelta au
toro et deux oreilles
Casanueva, noble et très encasté, pour Antoine Madier : vuelta au toro et
une oreille
Vainqueurs du concours ex aequo les erales du Camino de
Santiago et de Casanueva
Demi-arène sous les nuages.
Au XIXème siècle, quelques riches barons parisiens
entretenaient des danseuses qu’ils imposaient aux directeurs des théâtres qu’ils
finançaient. Au XXème d’autres entretenaient des écuries de chevaux de courses.
Tous étaient un peu fous, mais ils étaient riches. Dans le Sud Ouest, au XXIème
siècle, il y aussi cinq fous qui entretiennent de drôles de danseuses. Ils
élèvent des toros de combat. Par contre ils ne roulent pas sur l’or et doivent
compter sur le tourisme, la restauration, les maïs ou plus prosaïque des poules
pondeuses pour nourrir ce qui est la passion de leur vie. Nous avons la chance
d’avoir en 6 élevages une diversité d’encastes que d’autres régions non pas
.Malgré la qualité du bétail, il leur
est difficile de vendre leurs produits et tous se posent, à un moment donné, la
question de la pérennité de leur activité.
Heureusement certains organisateurs pensent à faire appel
aux ganaderos en non piquée. C’est le cas du club taurin de Castelnau Rivière
Basse qui aidé par les politiques locaux a fait appel aux six éleveurs gascons
pour sa traditionnelle novillada non piquée concours.
Ils ont tous joué le jeu en emmenant des erales très bien
présentés, dans le type de leur encaste et qui ont donné beaucoup de jeu. Il ne
faut pas voir derrière cette formule «bateau » que l’on retrouve dans
toutes les resenas de corridas de troisième tiers , que les bichos ont été d’aimables
collaborateurs. Ils ont tous demandé
leurs papiers (formule classique des resenas des corridas toristes), aux jeunes
toreros tout en étant parfaitement toréables.
Face à eux trois novilleros locaux, même si l’un d’entre eux
à la double nationalité gersoise et mexicaine. Les trois garçons se sont arrimés,
avec leurs défauts et leurs qualités et leur niveau d’expérience (ou d’inexpérience).
Ils se sont livrés avec le capote , une amicale et très intéressante
compétition.
Donc les aficionados présents ont passé une bonne après-midi
de toros. Il est par contre regrettable
que les gradins n’aient été remplis qu’à moitié. Il est facile d’avoir des
billets à Castelnau, le parking est aisé et la bière et le Perrier sont à des
prix raisonnables. Certains qui se vantent de fréquenter Dax ou Vic, selon
leurs croyances théologico-religieuses, devraient se rappeler que les corridas
n’existeraient pas sans les non piquées. Et que le soutien aux ganaderos locaux
ne se fait pas en mettant ses doigts sur un clavier d’ordinateurs, mais en
posant ses fesses sur la pierre des gradins des petites arènes.
La course a comporté deux parties très distinctes, une
première difficile avec du bétail exigeant et une seconde plus brillante avec
des bichos plus nobles.
C’est un novillo de l’Astarac (origine Guardiola) qui ouvre
la compétition.
Costaud, avec une tête raisonnable,
il est exactement dans le type recherché par Jean Louis Darré. Dès sa sortie, il
met bien la tête dans la cape ce qui permet à Lagravère de réaliser un bon
quite par lopesinas. Baptiste Cissé pose deux bonnes paires dont la dernière al
violin.
Le toro est noble et encasté. A droite Il se replace seul et
répète dans la muleta au moindre cite. Dommage qu’il soit moins bon à gauche. Débutant à droite, Baptiste Cissé réalise de
bonnes séries, certaines avec beaucoup de temple, canalisant bien la charge du
novillo. Il essaie à gauche, mais l résultat n’est pas à la hauteur des efforts
fournis. Retour à droite, le tyrossais réduit les terrains pour un final, un peu accroché. Contrairement à La Brède ou Mimizan, Cissé tue
mal perdant toute possibilité de trophée.
Le second eral est un Lartet très charpenté et bien armé.
Il
donne l’illusion à la cape en chargeant avec alegria. A la muleta, il devient
rapidement compliqué. L’alegria transforme en violence et genio. El Galo le double longuement et avec force mais
ne parvient pas canaliser l’agressivité
du toro.
Le Lartet prend rapidement le dessus sur un torero qui
n’a ni sait, ni ne peut résoudre le problème posé y compris au moment de tuer. On se prend à regretter que le novillo n’ait
pas été piqué.
Le troisième est un
eral de la ganaderia Malabat, haut et très bien armé. Au physique et au comportement,
c’est un Atanasio Fernandez,
Abanto au
début, compliqué en début de faena il ira à mas. Antoine Madier interrompt trop tôt la faena, juste au moment où le toro commençait à mieux s’investir.
Le torero de Grenade a des dispositions, mais il manque de métier. Il n’a que
trois non piquées à son compteur Il a tendance à toréer trop vite, en retirant
la muleta. Cela pose problème devant toutes les encastes, mais est rédhibitoire
face à un Conde de la Corte qui demande plus d’autorité que de pression.
Vaillant, et appliqué il est dominé par son eral jusqu’à cette dernière série où il
pourra enfin à poser son toreo. Lui aussi, tue mal.
Il est vraiment dommage que cet élevage n’arrive pas à vendre plus de produits.
Ils sont très formateurs aussi bien pour
le novillero « doué » qui débute que pour celui plus mature qui peut
préparer son passage à l’échelon supérieur.
Le quatrième est un joli chorreado d’Alma Serena (d’origine
Luis Algarra). A la muleta, il est noble mais un peu tardo.
Sollicité avec autorité,
il répond bien. Il aurait nécessité que le torero lui « monte un peu plus
dessus » pour le contraindre à plus s’investir.
Baptiste Cissé commence à
avoir du métier .Il a déjà toréer un eral, à La Brède, au comportement quasi
similaire (un peu moins tardo que celui de Castelnau). Ce type de toro n’est
pas celui qu’il affectionne le plus. Il réussit, avec application et sérieux, à
en tirer des passes bien faîtes mais
isolées. Il réussit en fin de faena à lier une très bonne série de passes Il s’engage
pour une demie en place et coupe une oreille.
En cinquième sort un
eral du Camino de Santiago (encaste Domecq).
Bien présenté, il fléchit un peu
aux deux premiers tiers. Extrêmement noble,
a beaucoup de fixité mais avec sa charge
est lente est limite soso. Pour le
torero il est idéal, il peut exploiter sa charge lente et franche pour
développer une tauromachie « artistique ». .
Avec beaucoup de douceur
d’art et un super poignet, André Lagravère, El Gallo construit une très belle faena Il y a
de l’émotion dans l’air mais l’émotion
ressentie l’est plus par la beauté gestuelle du torero que par l’affrontement
entre l’homme et le toro. Il coupe deux oreilles qu’il promène en compagnie du
ganadero Jean Louis Darré après que le novillo ait fait une vuelta.
Le sixième est un joli colorado de la ganaderia Casanueva
(origine El Torreon) C’est pour moi, le
meilleur novillo de l’après-midi.
Très mobile, il déborde de caste. Il répond
avec alégria et noblesse, Il de loin, au moindre cite du torero, charge avec
alegria et noblesse jusqu’au bout de la faena. Antoine Madier a beaucoup
appris en toréant ce Casanueva Il n’a jamais baissé les bras mais il, lui a
manqué du métier pour tirer la quintessence de l’exceptionnel novillo de Guillaume Bats.
Il manque de dominio et la faena est parfois
brouillonne restant en dessous des possibilités de l’eral. Au moment de l’épée,
le toro a encore au moins vingt passes à donner, mais il commence à déborder le
novillero.
Encasté le toro tarde à tomber, le torero reçoit une oreille.
Les Bats père et fils participent à la vuelta du torero. Bien entendu, la
dépouille du toro a été honorée d’une vuelta al ruedo très applaudie.
Prochaine confrontation entre les ganaderos gascons à Mont
de Marsan, le jeudi des fêtes, en attendant, un jour peut être un concours
piqué………….
Thierry Reboul
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