Saint Sever : Garrido bouscule la hiérarchie

Arènes de Saint Sever, dimanche 26 juin
corrida des Fêtes de la Saint Jean 2016

6 toros d’El Pilar, inégaux de présentation, justes de forces mais qui ont donné du jeu, meilleur le troisième.  Le quatrième, corne cassée dans les chiqueros a été remplacé par un exemplaire du même fer pour
Sebastien Castella : un avis et silence, une oreille, deux oreilles
José Garrido : silence, une oreille, deux oreilles
6 piques (cavalerie Bonijol) 
Sobresaliente : Jérémy Banti
Animation musicale adaptée et talentueuse de la Peña Al Violin
Entre trois quarts et quatre cinquièmes d’arènes



(Photos de Romain Tastet)
Les arènes de Saint Sever sont des arènes en difficulté  Si on met de côté, la semaine taurine et culturelle qui fonctionne bien parce qu’elle a un public d’habitué. Son positionnement en novembre lui donne un côté nostalgie, comme à Rion on y vient pour voir, une dernière fois, des toros avant la trêve hivernale.
Il y avait, il y a encore deux ans, une novillada en juin et une en août. L’an passé, il n’y en a eu qu’une. Les affluences étaient catastrophiques.  Les corridas organisées ponctuellement, avec un certain succès, par les Capdeville (Sanchez Fabres) et Henri Tilhet (Victorinos) n’ont pas vocation à devenir une tradition.
Une nouvelle équipe s’est mise en place en 2015. Elle n’a pas réussi à fédérer les acteurs taurins locaux sur un projet comme l’ont fait les aturins. Mais il fallait faire quelque chose pour sauver le ruedo de la capitale du Cap de Gascogne. D’où le montage, pour les fêtes de la Saint Jean d’une corrida avec un cartel à la fois attractif et consensuel.


Les choix de Castella et Garrido, qui  ont bonne presse auprès de l’Aficion Française, et des toros d’El Pilar positionnaient cette course dans la catégorie tout public pour attirer le plus grand nombre.
Malgré la concurrence des « poussent citrouille », il y avait du monde sur les gradins.
Avec objectivité, on peut estimer un remplissage qui frise les trois quarts. C’est pas mal compte tenu de la météo, du foot mais il ne faut pas oublier qu’il n’y avait rien d’organisé à Rieumes, placita qui concurrence habituellement Saint Sever.
Le public est sorti content des arènes après avoir passé un bon moment sur les gradins.
Sans atteindre les sommets, et si on met son exigence à un niveau raisonnable, il y a eu des choses intéressantes, surtout grâce à José Garrido.
Côté toros, la présentation est hétérogène avec des exemplaires très typés Aladanueva et d’autres moins, mais l’ensemble va d’acceptable à bien. La bonne surprise a été la solidité. Les Pilar ont la réputation de sortir faibles, tous les lots présentés en 2016, sont mal sortis.
A Saint Sever, ils ont tenu sur leurs pattes et même donné du jeu permettant aux toreros de s’exprimer.
Côté torero, match nul pour les oreilles, mais ma préférence va à José Garrido.
Castella m’a fait penser à un chanteur d’opéras lors d’une générale. Il a fait montre de son talent sans le forcer jusqu’à ce son compagnon de cartel  le bouscule un peu. Et là, au début de la faena au cinquième on a vu du très grand Castella sur quelques séries, juste pour rappeler qui y était le torero biterrois.
Après un début de mano à mano « pépère », aucun défi à la capote, des faenas en dessous du niveau habituel des toreros, José Garrido a décidé d’enflammer un peu le débat. Sa faena, conclue par un recibir, au quatrième bis a réveillé le public  Castella a  relevé le défi. Pour ne pas être en reste, le torero de Badajoz s’est beaucoup exposé dans une dernière faena  à émotions.
La course est ainsi allée à mas, avec des passages de bon niveau sur les trois derniers toros. C’est le scénario idéal pour que le public adhère et sorte content des arènes.
Le seul, qui est sorti déçu, c’est Jérémy Banti, le sobresaliente, qui n’a pas été invité par ses deux collègues à faire au moins un quite.

Le premier toro d’El Pilar, typé Aldanueva, est peu piqué. Il est faible. Sebastien Castella, malgré quelques détails, restera marginal avec ce bicho par manque de forces et du torero qui est souvent marginal. Mais le toro se décompose et la faena va à menos, Le  biterrois connait quelques soucis avec l’épée et le descabello.




Le second toro est   léger mais playero. 

Il est bravito au cheval mais  manque un peu de forces et supporte mal que  José Garrido l’oblige  par le bas. Plus collaborateur qu’adversaire, il permet au torero d’enchaîner quelques bonnes séries à droite. 


Faena  agréable,  mais sans vraie émotion. Le toro baisse de ton quand le torero toréé à gauche. Garrido tue mal.

 Bien présenté, le troisième pousse avec bravoure lors de la première, et hélas unique, pique. 
Sebastien Castella le double avec trop de  fermeté, le long des planchhes.après avoir commencé la faena appuyé au ras des planches.



Le torero donne l’impression de vouloir casser le Pilar pour le préparer à subir la tauromachie qu’il veut lui imposer Le toro, manque un peu de forces, a de la caste et de la noblesse,  Très vite, le torero le contraint  sur un petit périmètre. La caste du toro fait qu’il s’investit dans cette faena, mais il aurait probablement pu mieux s’exprimer dans des séries citées de loin et lui donnant plus d’air entre les passes. Castella n’exploite qu’une partie des qualités de son adversaire. Il tue d’une entière tombée, rapide d’effet, et coupe la première oreille. L’arrastre est applaudie.

Le quatrième se casse la corne dans le toril  et est remplacé par un exemplaire du même fer. Le sobrero est faible mais noble et lui aussi bon collaborateur.  Garrido enchaîne des séries en se croisant, allongeant les passes, ce qui a pour effet d’allonger la charge du toro. 


Il toréé avec autorité, et retient un animal querencioso loin des planches. . Final à la Castella, passes en rond et terrains réduits juste pour provoquer un peu le torero français,

 Garrido tente et réussit une belle estocade a recibir. Le public, qui a vraiment commencé à vibrer lors de cette faena, demande et obtient un trophée pour le jeune torero et le fête chaleureusement lors de sa vuelta.

Castella se doit de réagir pour tenir son rang. Le cinquième toro, léger, est faible, distrait et semble manso. Le biterrois prend la direction des opérations. Il veut profiter du toro   avant qu’il  ne se décompose .Début de faena  caractéristique de Castella. 



Il déroule sa méthode et les premières séries sont du très grand art  La fin de faena est un peu en dessous parce que le Pilar va à menos. Plus naïf que noble il  n’a existé que par la volonté du  torero. L’épée entière et habile fait rapidement effet. La présidence sort les deux mouchoirs.


Garrido va tout faire pour sortir lui aussi a hombros  .Dans une sorte de hourra-tauromachie,  il se met en danger, en commençant sa faena de rodillas, mais il ne cède pas un pouce de terrain.


 Le « El Pilar »n’est pas d’une grande noblesse, mais le torero s’arrime pour construire une  faena sincère et de bonne facture. On est encore dans la hourra  tauromachie dans les séries risquées et très trémendistes qui concluent la faena et précèdent une estocade entière efficace. La présidence accorde à nouveau deux oreilles.



Les deux toreros sortent a hombros, le public sort content. Après le bilan artistique viendra le bilan financier et des décisions sur l’avenir de cette course donnée pour les Fêtes de la Saint Jean.


Thierry Reboul

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