Mathieu Guillon Retour pour un Futur

Arènes de Villeneuve de Marsan, mardi 02 juin
Corrida des fêtes 2016

6 toros de Los Gallos trop justes de force et de présentation pour
Thomas Joubert : silence, silence après un avis
Thomas Dufau : une oreille, salut après un avis
Mathieu Guillon : une oreille, silence
6 piques
Président : Bernard Langlade
9/10ème d’arènes
A l’issue du paseo, une minute d’applaudissements a été observée à la mémoire du ganadero Christophe Lambert, des toreros El Pana et Victor Barrio et de toutes les victimes du terrorisme.
photos Romain Tastet


Ne pas avoir fait le paseo d’une corrida en France depuis plusieurs année et être taquillero, c’est paradoxal mais c’est possible. Mathieu Guillon l’a fait ce mardi à Villeneuve de Marsan.
Grâce à Jacques Grué et son équipe, le jeune torero  landais s’est vu offrir l’opportunité de relancer sa carrière. Et à l’issue de la corrida, on peut parler pour lui de réussite.  

Plus que les trophées coupés, c’est surtout la manière qui compte. Très à l’aise à la cape, Mathieu a très bien banderillé ses deux toros et toréé avec beaucoup d’assurance et d’efficacité  son premier. Depuis la fiesta campera de Mont de Marsan, en passant par celle d’Arzacq et sa préparation pour cette corrida, il a montré qu’il avait mûri.  Le torero est toujours un artiste, mais l’homme s’est posé. Le succès de ce soir prouve que Mathieu est un  torero professionnel et qu’il a sa place dans beaucoup de cartels.   
Les organisateurs taurins ne sont pas toujours rationnels, mais ils n’ont plus l’excuse d’avoir peur  d’être le premier à prendre le risque de proposer un contrat à El Monteño.


Le bilan artistique de cette soirée peut paraître maigre. La faute en incombe au bétail de Los Galos. J’avais gardé un mauvais souvenir d’une novillada aturine de cet élevage,  faible et décastée. Heureusement un eral sorti à Castelnau avait tempéré  ce sentiment négatif.
Le lot sorti à Villeneuve m’a probablement fâché définitivement avec ce fer.
Très, trop, juste de présentation, plus novillos que toros, voire eral pour le cinquième, ils ont manqué de force et  de fond. A leur crédit, ils ont parfois poussé lors de leur unique rencontre avec la cavalerie.
On me rétorquera qu’on est en troisième catégorie, qu’en Espagne de tels gabarits sont monnaie courante. Oui mais nous sommes en France et dans le Sud Ouest de surcroit.......
De plus, on peut imaginer qu’il y a un lien entre manque de trapio et manque de forces.
Les  deux toros au gabarit le plus sérieux ont été regroupés dans le même lot, celui toréé par Mathieu Guillon.  Tant mieux car cela renforce la crédibilité de la prestation du landais, mais cela  reste quand même surprenant.

Au cartel, Thomas Joubert a beaucoup déçu. Il n’a jamais réussi à s’adapter au contexte bovin. Il a besoin de toros qui ont beaucoup charge mais semble dépassé dès que ses opposants en ont peu. Il se fera désarmer à plusieurs reprises que ce soit avec le capote ou avec la muleta.
Le premier pousse peu et sort seul de l’unique pique. 

Faible, il a une charge courte, se retourne vite. 

L’arlésien est vaillant mais il n’arrive pas trouver la bonne distance pour citer. Il ne pèse pas sur le bicho. Le Los Galos  le colle, le serre à chaque passe. Il a un fond de genio qui met en difficulté le torero qui se fait accrocher la muleta dès la troisième passe de chaque série.  Estocade en deux temps, silence pour les deux protagonistes.
Le quatrième prend un picotazo. Accroché à la cape en recevant le toro, 

Thomas Joubert réussit un très bon quite en sortie de pique. A la muleta, le toro est faible, noblote, tardo. A nouveau, le torero a du mal à trouver, sauf pour une série à droite,  la bonne distance et le rythme adapté à ce toro soso. Il se fait désarmer à plusieurs reprises. Du coup, le toro devient plus compliqué et prend le dessus. Estocade delantera et à nouveau silence pour les deux protagonistes.

Thomas Dufau est chez lui à Villeneuve de Marsan. Dès son entrée en piste, son adversaire réfléchit avant de charger.

 Il prend une bonne pique en venant avec alegria puis se retient dans les passes de cape suivantes. Début par cambiadas, puis une série à droite que le toro prend bien avant d’être réservé et tardo sur les suivantes. 

Même scénario  à gauche, le « Los Galos » manque de force et de moral. Dufau fait ce qu’il peut, mais la faena va à menos. Heureusement il s’engage avec détermination pour une très belle estocade qui a elle seule justifie l’oreille octroyée.
Le cinquième est le plus mal présenté du lot. Il manque de trapio et de force. Economisé au cheval, il  manque aussi de race. 


Très vite il s’éteint et devient compliqué par faiblesse et mansedumbre. Thomas Dufau fait ce qu’il peut pour donner du relief à la faena sans y parvenir vraiment malgré un final tout en finesse.

 Il s’engage à nouveau pour un bon coup d’épée mais doit s’y reprendre à quatre fois pour descabeller.

Le troisième est plus sérieux que les deux qui l’ont précédé. Il est faible et pousse au contact du cheval.


  Très bien reçu à la cape, il est ensuite très bien banderillé par Mathieu Guillon. 

En début de faena, le toro vient de loin, le torero en profite pour donner de bonnes séries sur la corne droite  en allongeant la charge. Il toréé avec beaucoup de maîtrise et d’assurance tout en apportant, au détour d’une passe, une note   « artiste ». 


 A gauche, il toréé avec temple mais le toro baisse de rythme. La faena se termine par une série « en rond » et des passes d’adornos où le torero exprime sa sensibilité artistique. L’estocade entière est un peu basse et Mathieu, très souriant, coupe une oreille, celle, souhaitons le, du renouveau de sa carrière.
Le burraco qui sort en sixième est le mieux présenté du lot. Bien piqué par Laurent Langlois, il pousse au contact du cheval.  


Malheureusement, il fait une vuelta de campana  dont il sort handicaper. Mathieu Guillon le banderille à nouveau de fort belle façon tout en le laissant récupéré. Le toro se reprend un peu pendant ce second tercio et vient bien sur les premières séries. Mathieu se croise, toréé avec élégance en allongeant la charge. 

Hélas le toro s’éteint, cherche l’appui des planches et ne permet plus grand-chose.  Le torero est un peu déçu mais il a confirmé ses bonnes dispositions. Il reçoit une grande et chaleureuse ovation en quittant le ruedo.

De cette corrida, on retiendra uniquement la prestation de Mathieu Guillon et on oubliera la présentation des toros.


Thierry Reboul

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