Ne pas tuer les toros ou comment tuer la corrida

Le monde taurin s’agite autour du dessin animé Ferdinand pur produit de  la secte animaliste Walt Disney. Débat inutile, les gens sont assez intelligents pour comprendre et faire la différence entre un cartoon et la réalité, du moins je l’espère. J’ai vu, il y a quelques décennies, un film, « les clameurs se sont tues ». Le scénario raconte l’histoire d’un toro élevé par un jeune garçon. Le gamin fait tout pour qu’il ne soit pas envoyé aux arènes ; Le bicho est finalement gracié parce que bravissime et avec l’appui du président de la république mexicaine. J’avais sept ou huit ans à l’époque et tout ce que j’ai retenu du film, et qui m’a fait vibrer, c’est la faena, filmée quasiment en intégralité ; de Rivera.
Eduqué dans un milieu aficionado, j’ai réagi en aficionado et, malgré mon jeune âge, j’ai fait la part des choses entre réalité et romance à l’eau de rose. Soyons réalistes, ce dessin animé ne fera que conforter le message que les parents transmettent à leurs enfants. Au mieux, il peut créer de la curiosité. Occupons nous d’en discuter avec nos enfants pour les aider à faire la part des choses. Pour les enfants des autres, c’est du ressort de leurs parents et de leur libre arbitre.
Débattre sur ce dessin animé, est un faux débat. Le vrai problème n’est pas la dérive anthropomorphique de la société en général. Le vrai problème est la dérive anthropomorphique à l’intérieur même du monde taurin.

Qui a inventé l’indulto, la pique de tienta, le premier tiers édulcoré, l’estocade hideuse mais très rapide d’effet. ? Qui inonde les réseaux sociaux de photos de veaux, erales, novillos dont on suit l’existence de la naissance au départ de l’arène. Départ qui provoque des torrents de messages, venant d’aficionados émus au cri de « non pas lui, il est si mignon ! ».
Nous sommes par notre comportement en train de faire entrer  le ver dans le fruit.
La corrida ne doit pas évoluer dans le sens des modes. Ce n’est pas un spectacle ou un produit, comme certains veulent nous le faire croire, que l’on adapte aux goûts du public. Sa seule possibilité de survie est de garder son essence, sa particularité, sa capacité à enthousiasmer ou à indigner les foules. De la banalisation, de son « ‘aseptisation » viendra sa mort. A vouloir trop l’adapter au goût du jour , à vouloir en faire un spectacle tout public, on la vide de son sens ;On finira par faire des corridas « sin sangre y sin muerte » avec des erales emboulés dans des arènes avec des grilles de protection  de trois mètres de haut pour éviter tout saut dans le public. Devenu un spectacle, elle   suivra les variations de la mode comme les shows de variétés ou les pin’s et finira par lasser et disparaitre.
Photo Coordination des Clubs Taurins de Nîmes et du Gard.
Première dérive et probablement la plus dangereuse, car elle engendre toutes les autres, la prolifération des indultos. A l’origine, la grâce était réservée aux très grands toros lors de corridas concours. Cela pouvait se comprendre car normalement, les éleveurs y envoyaient des bichos sélectionnés et qu’ils auraient pu tienté au campo pour en faire d’éventuels sementales. Les mexicains, en manque de reproducteurs, ont fait dériver cette pratique et ont gracié à tour de bras.
Sautant sur l’occasion, pour faire des coups médiatiques, les empresas européennes ont obtenu  de pouvoir indulter  des toros exceptionnels dans les arènes de première et seconde catégorie
Depuis les années 90, les mouchoirs orange  fleurissent au palco des présidences. La France n’est pas en reste avec le paradoxe que des toros moyens voire passables ont été graciés alors que grands toros (Garapito, Clavel Blanco, Miralto,,…) ont été estoqués et ont du se contenter d’une vuelta al ruedo. Il n’y a pas de critères objectifs pour décider du sort d’un toro. Le Sud Est s’est fait un champion de l’indulto récompense à une bonne faena ou pire parce qu’il en faut bien un pour marquer le coup et mettre de l’ambiance (indultos nîmois, grâce scandaleuse d’un La Quinta inexistant à Châteaurenard ) Le Sud-Ouest, malgré des pétitions de plus en plus nombreuses résiste, mais pour combien de temps
Si cette évolution s’accompagnait de celle de la qualité des toros combattus, je ne pourrai que m’en féliciter ; Malheureusement la Cabaña Brava, du moins celle qui est commercialisable et alimente la majorité des arènes, produit majoritairement des animaux commodes, sosos. Ils permettent des faenas interminables tout en trompe l’œil qui se terminent par l’inévitable cri venant du callejon ou d’un quelconque baron sur les gradins « indultooooooooooo ».
Comme ces « canada-dry de toros » sont justes de forces et qu’ils doivent durer , On a inventé un tercio de piques « allégé » du cheval « poids plume » à la pique light ( voire de tienta ) .Pour donner l’impression de la bravoure on fait galoper le toro et on lève la puya immédiatement quitte à faire reculer le cheval pour donner l’illusion de la poussée.
On a vu fleurir la mode deux oreilles =  mouchoir bleu. Aujourd’hui c’est toro faire valoir+passes en rond interminables = mouchoir orange.  Ce samedi , Ponce en pleine possession de son art et de sa technique , s’est joué d’une bédigue naïve  comme il se joue d’une vache noble en tienta et tout s’est terminé par un toro indulté et qui finira comme beaucoup à l’abattoir.
A part Victorino Martin, quel est le ganadero qui peut refuser un indulto ? D’autant qu’il lui reste la possibilité de le revendre à un confrère débutant environ six fois le prix d’un bicho destiné à l’arène.
Tout le monde est content. L’empresa et le ganadero se font de la pub, le torero ne risque pas de perdre les trophées à l’épée et une partie du public se disculpe de ce qu’ils ont du mal à vivre , la mort du toro.
L’indultomania concourt  à une aseptisation de la corrida. On oublie que le toro est là pour mourir en se battant . On va tout doucement vers une corrida sans mise à mort (en public  du moins ).
L’indulto se banalise et, pire, l’estocade crapuleuse mais rapide d’effet devient la « bonne pratique ». La mort du toro , si on n’est pas arrivé à l’éviter, doit se faire vite et pourquoi pas avec un fusil ?
Tuer avec sincérité, en lui donnant la possibilité de le lutter en  mettant en difficulté le matador, est la plus grande marque de respect envers le toro. Il ne doit pas mourir à la va-vite, comme un bœuf à l’abattoir, mais en se battant jusqu’à son dernier souffle.
Donner une, ou même deux oreilles, après un bajonazo est la plus grande marque d’irrespect que l’on peut adresser à un animal que l’on prétend vénérer.
Le monde taurin est manifestement contaminé par l’animalisme « urbain » qui empoisonne notre société.
Si on veut éviter que les studios Walt Disney ne postulent aux  appels d’offres pour des corridas « modernisées», il est temps de remettre de l’ordre dans nos arènes quitte à perdre une partie d’un public qui de toute façon est extrêmement volatile.
L’indulto ne doit   être autorisé qu’en arène de première ou seconde catégorie. Le toro devra avoir pris au moins trois piques, avec la puya normale, en partant de plus en plus loin et avoir poussé « en mettant les reins ». La puya de tienta n’est autorisée qu’à partir de la quatrième pique.
Il devra faire preuve de noblesse, et non de soseria, au troisième tiers.
La décision d’indulter est prise conjointement par le président et l’éleveur hors l’avis du matador et du public qui peuvent quand même être à l’origine de la demande.
L’indulto n’est possible en non piquée que pour les ganaderias récentes ou qui ne fournissent pas de  novillos en piquées. Le ganadero s’engage à tester dans les deux ans l’eral face au cheval et ne pourra l’utiliser comme semental qu’après ce test.
Le mouchoir bleu ne pourra être sorti que pour des bichos ayant pris trois piques.
Le président pourra ne pas tenir compte d’une pétition majoritaire si l’estocade, par son exécution ou son emplacement, est défectueuse.

Certains font des vœux au nouvel an sous forme de bonnes résolutions. Les miens pour cette temporada sont plus directifs « Comportons nous aux arènes en aficionado fier de l’être et non en essayant de trouver un vernis « animaliste à la Walt Disney » à la corrida ! ».

Thierry Reboul

Je ne suis pas d'accord avec Thierry : "Ferdinand" ce dessin animé (que j'ai vu) n'est pas anti-taurin, ni bricolé par des animalistes. Certes il comporte beaucoup d'erreurs au yeux d'un aficionado. Mais il se passe dans une ganaderia et se termine aux arènes de Madrid. Quelle magnifique représentation de notre aficion! Quel impact formidable dont nous devrions profiter!
Et pour ceux qui pensent que le monde de Walt Disney est vrai : j'ai beau chanter en faisant le ménage comme Blanche-Neige, jamais les oiseaux ne sont venus m'aider.
Les enfants savent faire la part des choses, faites leur confiance.
Pour ce qui est de l'abus d'indulto, je suis d'accord avec Thierry.

isa du moun


Commentaires

  1. Tout fait d'accord, sur ton article corrida vuelta al ruedo .tout ça n'a aucun intérêt.

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  2. Ce dessin animé est ans la lignée de Cendrillon, Blanche neige etc... J aime la corrida. Ne mélangeons pas le monde des enfants et celui des adultes. Il faut que les enfant continuent de rever d'un monde ou le gentil gagne et est toujours le plus fort

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