ROQUEFORT le GROS LOT de LA QUINTA

Novillos de La Quinta : très applaudis mayoral à hombros
Aquilino Giron : oreille et silence
Rafael Gonzalez : oreille et oreille
Cristobal Reyes : salut et vuelta


Quand le premier novillo a déboulé sur le sable de la placita roquefortoise, mes voisins m'ont lancé "ah il est plus gros qu'un toro de Mont de Marsan!" trop drôle les gars, vraiment!
Après le paseo, avec un couple d'algaciles vêtus à la mode andalouse, et le lancé de clé parfait du maire de la ville, Aquilino Giron, vêtu de blanc d'alternative attendait son premier adversaire. L'animal était très beau, bien présenté, sans défaut, assez important de volume et de cornes, comme les six qui sont sortis ce jour là. Son ventre était blanc.
Aquilino Giron l'a accueilli dans un silence ponctué de chuchotements à son voisin, c'est à dire dans un silence assourdissant pour un espagnol qui a l'habitude d'entendre force bruits et interpellations en tous genres. Trois piques, dont la dernière alors que le président sort le mouchoir du changement, et donc sous les huées. Banderilles.
"Buenas tardes con su permiso" lis-je sur les lèvres du torero qui s'adresse au président. Belle série à droite tandis qu'un coq chante, Roquefort est toujours à la campagne. Belle série à gauche qui déclenche la musique. Un autre courte série, et la musique est stoppée en plein élan pour la mise à mort. Une entière avec un bruit qui claque. Aquilino Giron se tient le genou, le tissu est déchiré. Puntilla, une oreille!

Rafael Gonzalez est vêtu d'un costume rouge basque. Son toro est un joli gris, noir à l'avant, dont la couleur s'estompe comme une aquarelle vers l'arrière. Bel accueil de cape très applaudit. Mauvais placement du toro au picador, huées, on recommence, farolillos. Ce toro semble très bien, on espère une grande faena. Mais voilà qu'un des peons fait taper la tête de l'animal contre le burladero. Colère.
Brindis au public. Rafael démarre par des droitières en douceur pour amener le toro au centre. Une autre série à droite au centre. Applaudissements! Encore une série à droite, plus trois passes à gauche. Belle série à gauche en musique. Il change d'épée. Une autre série à droite, le toro en veut encore, on se régale! Il le ramène au centre. Un récibir avec l'épée qui sort sur le coté, mais le péon l'enlève vite. Une entière. Une oreille. Le toro est applaudi à l'arrastre. Derrière moi un type gueule : "fallait pas donner l'oreille au premier!" Eh oui, parce que du coup celle-ci vaut bien 1,5...


Un poil plus maigre que le précédent, mais de la même couleur grise qui s'estompe, le novillo sorti pour Cristobal Reyes a les cornes bien ouvertes.  Il lui donne des véroniques basses, toute une collection. Puis des reboleras, des farolillos, des machins avec des noms inconnus de moi! On dirait un mexicain avec sa cape! Enfin un bon placement pour la pique, je veux dire du premier coup. Le banderillero l'appelle longtemps, se déplace avec le cheval et le pique longuement, tandis qu'il se fait bouger sur dix mètres. Le picador est en folie et tourne sa pique pour faire un regaton. Il appelle longuement, crie, s’époumone, se déplace en tous sens, le toro, tranquille, le regarde. Puis tout d'un coup il fonce sur le cheval, et là, le cavalier ne pique même pas, il attend que ça passe. Hystérie d'applaudissements, le picador salue, il sort comme une rock-star en saluant!
Banderilles, enfin presque. Une loupée, une en danger, une violet (costume du gars). Brindis au public. Trois séries qui n'arrachent que peu d'enthousiasme. On entend les manèges et l'église dont les cloches sonnent. Quatrième un peu mieux, cinquième pas convaincante... Tandis que le jeune torero se met une attelle à son poignet, un peon tente une intervention huée. Cristobal Reyes se jette comme un migrant sur un canot de sauvetage pour une entière. Il sort en se tenant également le genou. Derrière moi le commentaire "il a pris un bon pèt!" Puis on a attendu que l'animal tombe, Cristobal et sa main cerclée de noir en l'air... Un avis, salut.


Le quatrième animal sort comme une bombe, il a des rayures comme un requin et semble tout aussi dangereux! Aquilino Giron l'accueille au centre. Au moment de la pique, le toro arrive tranquillou sur le cheval, pousse et badaboum, la cavalerie en l'air! Enfin, à terre. On éloigne le toro, on relève le canasson. "Assis devant" entend-t'on. Puis on recommence, placement, petit trop, et hop le cheval par terre. Là il ne veut plus se relever. On le déshabille à moitié, ça dure, "assis devant!" Banderilles.
Après de belles séries au centre, la musique joue. Derrière moi, le papi n'arrête plus: "c'est le chef le toro! Ah on voit bien que le toro le mange!" ce qui n'est pas faux.  Suit une mise à mort spectaculaire, car le jeune a plongé à coté de l'animal : oui il l'a complètement loupé. Alors que c'était un bel animal, tout de même. Une entière, puntilla. Silence.


No hay quinto malo, no hay La Quinta mala... Le cinquième est très très applaudi, bien présenté, magnifique! Rafael Gonzalez l'accueille et l'amène au centre. Pique qui dure un peu, puis une autre pique où le toro est parti de très très loin, le picador sort sous les applaudissements. Roquefort c'est le paradis du bon picador. Derrière moi : "je pense qu'à la première pique il lui a pété le dos". Banderilles et brindis au picador: "ah tu peux lui dédier, il t'a tué le toro en piquant sur le cul!"
Quelques séries où le regarde la belle lumière du couchant qui fait scintiller le costume, où je sens le parfum du patio de caballos, mélange de bouse et de crottin, et je me dis que rien ne change ici, on pourrait être dans les années 80, les arènes de bois sont toujours là, avec les drapeaux espagnols et français, les géraniums, peut-être de moins en moins de public. mais la Monumental des Pins a une beauté sans égale. Une belle entière. Mes voisins : "non elle n'est pas belle, il est habile, il est passé par coté! Ce toro méritait mieux!" Un avis contesté, une oreille. Mon voisin se déchaine : "ah non, pas d'oreille, vuelta au toro!" La dépouille du toro est applaudie.


Le dernier pour Cristobal Reyes est noir, avec une tâche en forme d'hirondelle sur le front. Un peu de débandade et un sauvetage in-extremis par un peon, suivi de quelques véroniques, et nous voilà à la pique. Une belle pique longue, où le cheval a été violemment secoué en tous sens et à reculé de cinq mètres. On se replace! Une autre pique et un autre recul de cinq mètres. Très applaudi le picador!!! Troisième pique, cinq mètres dans un sens, quinze dans l'autre, le picador est toujours sur le cheval sous un délire d'applaudissements! Un regaton est demandé mais non, le toro a droit à une quatrième pique, avant que le picador ne sorte sous les applaudissements prendre une retraite bien méritée. Ou des vacances.
Cristobal cueille son toro très bas pour l'amener au centre. Il se fait un peu accrocher, beaucoup balader à l'autre bout du ruedo, s'il y a un bout dans un ovale...
Puis dans un grand cri, il enfonce une entière très efficace. Une vuelta.

Sortie à hombros de Rafael Gonzalez et du Mayoral de La Quinta
Puis un concert gratuit, pas besoin d'aller à Luxey!


Bref une belle corrida, avec un bétail exceptionnel de présentation, de forme et d'envie. De belles piques. Des jeunes qui pourtant n'étaient pas trop verts, mais c'est compliqué La Quinta.
Impossible de ne pas revenir l'an prochain!

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