Enfin une corrida intéressante au Plumaçon

Photos de Laurent Bernède
Arènes de Mont de Marsan, corrida délocalisée organisée par la Peña Saint Jean de Saint Sever
6 toros de Victorino Martin correctement présentés et donnant du jeu pour
El Cid : silence, un avis et silence
Emilio de Justo : deux oreilles, vuelta
Alberto Lamelas : salut, un avis et une oreille
Tous les toros ont été écartés par Baptiste Bordes à leur entrée en piste.
Quatorze piques, cavalerie Bonijol
Sortie à hombros d’Emilio de Justo et Baptiste Bordes
salut de Angel Gomez Odero au second
Président : Marcel Garzelli assistés de Messieurs Lucasson et Blain
Demi-arène
Temps automnal, mais la pluie s’est arrêtée avant le paseo.
Durée de la corrida : deux heures trente



Octobre arrive. La chasse   rugby et champignons deviennent les activités du weekend des gens du Sud Ouest. Toutefois, l reste encore quelques journées à consacrer à la tauromachie.   L’an passé, Henri Tilhet et la Peña Saint Jean ont organisé une journée Victorino à Saint Sever. Fors du succès, ils ont décidé d’ancrer cette date dans le calendrier taurin. Malheureusement Saint Sever est pire que  Dallas. Tout y est mis en place pour y achever l’Aficion.  Les arènes du Cap de Gascogne leur étant interdites, les organisateurs ont délocalisé leur course aux arènes du Plumaçon. Avec une seule corrida en juin, la tauromachie espagnole est en train de mourir à Saint Sever. Les responsables de cet état de fait devront un jour en rendre compte. Heureusement, la Peña Jeune Aficion, avec la semaine taurine et culturelle maintient allumé le flambeau. Souhaitons qu’ils pourront le faire encore longtemps sans être victimes de chausse trappes et autres pièges.
L’organisation de la « Victorinade » coïncidait avec celle à Mont de Marsan  d’une journée de défense des cultures landaises. J’avoue avoir eu du mal à me sentir concerné par un patchwork de revendications  hétérogènes, parfois politiquement douteuses, et dans lequel la tauromachie ne tenait qu’une petite place. Heureusement que les talents d’orateur et la pratique de la dialectique (un peu manipulatrice) d’André Viard ont permis à la corrida de se faire entendre. Nombre d’aficionados sont arrivés juste pour17 heures. Ceux présents plus tôt se sont  regroupés à la Tumade. Les chasseurs ont repris leurs bus à 16h30 et n’ont pas assisté à la corrida.
Avant le paseo, un sympathique hommage a été rendu à Victorino père et fils par l’ensemble des clubs taurins du Sud Ouest.
Les aficionados présents malgré une météo désagréable garderont un bon souvenir taurin de cette après-midi. Bien mieux présentés que certains lots de la Madeleine, les toros des sorciers de Galapagar ont permis à Emilio de Justo et Alberto Lamelas de montrer qu’ils peuvent prétendre à une place plus enviable dans l’escalafon.
Correctement présentés, la plupart bien dans le type, les Victorinos ont comme souvent été discrets au cheval. A la muleta, ils ont donné du jeu. Le meilleur a été le sixième doté d’une exceptionnelle corne gauche.
Les six bichos ont été écartés à leur entrée en piste par  Baptiste Bordes. Le meilleur des écarts a été celui réalisé face au premier. Baptiste a été ovationné à chaque prestation et porté en triomphe à l’issue de la corrida. 

Ce rapprochement des tauromachies landaises et espagnoles est fort sympathique, générateur d’émotions mais doit rester exceptionnel. La feinte au contraire du saut peut donner des défauts au toro et puis la prise ce risque est au-delà du raisonnable.

Des trois toreros, El Cid est manifestement le moins motivé et le moins performant. Il est en fin de carrière, les moyens physiques sont diminués et en plus il toréait le lendemain à Madrid. Il est dommage que les organisateurs n’aient pas à certains  français. Tous n’auraient pas refusé l’opportunité comme l’a fait certain torero local.
On peut excuser Manuel Jesus face à son premier opposant.Faible, il vient bien au cheval sans pousser.

Noblote en début de troisième tiers, il s’éteint très vite. 
Malgré les efforts du torero, la faena manque d’intérêt. El  prend rapidement l’épée de muerte dont il use avec difficultés. Le toro est sifflé à l’arrastre.
Le quatrième discret au cheval, offrait des possibilités en début de faena. El Cid toréé avec prudence et sans conviction. Le torero est à menos dès le brindis, le toro après quelques séries. La faena sombre dans l’ennui et l’indifférence. 

Jesus Manuel tue très mal et doit probablement  à son glorieux passé de ne pas être sifflé.

Emilio de Justo toréé peu et c’est dommage. Aidé par l’ancien torero nîmois Luisito, il a été mis au cartel, cet été, à Orthez où il a réalisé une bonne prestation. A  Saint Sever du Marsan, il a marqué des points pour la prochaine temporada.
Le second Victorino   ne pousse qu’à la première des deux piques.Il est  noble mais a du caractère. 

De Justo se croise et en deux séries dominatrices, il prend le dessus  sur son opposant. Celui-ci va à mas et permet au torero de donner des  séries courtes mais croisées et templées à droite. 


La faena va à mas et le public découvre un torero plein  de qualités. C’est plus compliqué sur la corne gauche.

 De Justo  foudroie le Victorino d’une entière portée avec foi et sincérité. Deux oreilles méritées sont accordées.
Le cinquième ne pousse pas au cheval, A nouveau de bonnes  séries   mais croisées et templées à droite.

 Le toro se réserve à gauche. Malheureusement le Victorino va à menos et la faena  aussi. Emilio de Justo fait une vuelta après une mete y saca et une estocade (avec voltereta) toutes les deux basses .

Le troisième fait la sieste à trois reprises dans le peto. Alberto Lamelas  passe à côté du toro qui demande de la fermeté.

 Il recule à chaque passe et perd  du terrain à chaque fois. Il y a de l’émotion et parfois du trémendisme dans la faena, mais la mansedumbre d’un  toro  peu dominé prend le dessus sur son fond de caste. Lamelas  salue après une entière en avant, tombée mais rapide d’effet.

Le sixième   met les reins à la première pique et subit les deux autres. A la muleta, il a de la de la race et de la noblesse. Alberto Lamelas recule à nouveau lors de la première série. Enfin dans le sitio, muleta sous le mufle du toro, il enchaîne de très belles   naturelles faisant avec  sincérité habituelle et surtout avec art.


 Ce garçon a de vraies qualités artistiques qu’il a du mal à exprimer face aux toros qu’il affronte habituellement  Dommage que la faena s’éternise au-delà du nécessaire. Toro et faena vont à menos. Lamelas tue d une estocade tombée et d’un descabello et coupe une oreille.
Emilio de Justo sort en triomphe accompagné de Baptiste Bordes. Alberto Lamelas est très applaudi en quittant le ruedo. 

Il faut souhaiter que les organisateurs aient inscrits sur leur carnet les noms de De Justo et Lamelas pour monter leurs cartels de 2017. Nous avons vu ce jour la corrida la moins chère , la plus aboutie et la plus intéressante de la temporada du Plumaçon Espérons que l’empresa montoise aura compris qu’il est possible de s’appuyer sur des toreros modestes mais impliqués et motivés face à du Santa Coloma pour construire les prochaines affiches de la Madeleine en lieu et place des pensums indigestes qu’ils nous ont imposés en 2016.

Thierry Reboul



Je n'avais pas compris qu'il s'agissait d'une interdiction, mais d'un manque de versement de solde.

isa du moun

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