Concours de Saint Perdon, El Pincha et Tibo....................
Arènes du Plumaçon ; dimanche 26 Août
2017
Novillada concours de Saint Perdon
Sont sortis en piste, des
novillos des ganaderias suivantes :
Celestino Cuadri (quelques
sifflets) pour Diego Carretero (silence)
Escolar Gil (silence) pour
Jorge Isiegas (silence)
Valdellan (quelques
applaudissements) pour Tibo Garcia (silence)
Virgen Maria (silence) pour
Diego Carretero (silence)
Pedraza de Yeltès (palmas)
pour Jorge Isiegas (un avis et silence)
El Pincha (vuelta al ruedo)
pour Tibo Garcia (un avis et salut au tiers)
Salut de Morenito d’Arles au
second
Quatorze piques, cavalerie
Bonijol
Président : Pierre
Noguès (Roquefort)
Musique Al Violin
Un tiers d’arène
A l’issue du paseo, un hommage a été rendu à Damaso Gonzalez et les deux novilleros espagnols lui ont brindé leur premier novillo.
Ciel bas et orageux, pluie du
second au cinquième
Photos Nicolas Couffignal et
Matthieu Saubion, celles de Romain Tastet pas encore traitées, viendront plus
tard.
Pas la peine de tirer sur une
ambulance, les socios de la Muleta, sont grands garçons, assez matures et aficionados pour savoir que l’édition 2017 de leur novillada concours n’était pas à la
hauteur de leurs espérances. C’est compliqué quand on organise une course par
an de rectifier le tir sur celle du lendemain pour sauver la mise, Hagetmau en
a fait aussi l’amère expérience. L’équipe de Pascal saura analyser ce qui s’est
passé et corriger le tir pour l’an prochain. Et puis, si on prend du
recul, il ne faut pas oublier les éditions
précédentes qui nous ont fait vivre de grands moments d’émotion. Laissons
les gens de Saint-Perdon débattre, réfléchir et donnons leur rendez vous en
2018.
Par contre il est intéressant
de se poser la question de la place d’une novillada concours dans le paysage
taurin actuel.
Le principe de la Concours, c’est
de mettre en compétition des élevages d’encastes différents. Comme en tienta,
les bichos doivent être sélectionnés sur leur potentiel, potentiel qu’ils devront prouver dans les trois tiers. Le vainqueur devra être
brave, encasté et noble.
Une concours n’est pas un
comice agricole. Les candidats doivent être dans le type de leur encaste avec
les qualités et les défauts inhérents à leurs origines. On doit accepter qu’un
Cuadri soit gordito avec des cornes à la Samuel Florès.
Des six novillos de dimanche, cinq étaient conformes à ce que l’on était en droit d’attendre. Seul le Pedraza était fuera de typo, petit, avacado et pauvre de tête, de quoi décevoir les fans de cet élevage. Il était aussi peu Aldanueva que le sixième de Garlin.
Des six novillos de dimanche, cinq étaient conformes à ce que l’on était en droit d’attendre. Seul le Pedraza était fuera de typo, petit, avacado et pauvre de tête, de quoi décevoir les fans de cet élevage. Il était aussi peu Aldanueva que le sixième de Garlin.
Quoi qu’on dise, les
ganaderos sont capables de choisir un novillo qui a le potentiel de remporter
une telle compétition ; Statistiquement, il est impossible que tous les éleveurs présents
dimanche se soient trompés en même temps. Le drame des corridas concours actuelles,
c’est que les ganaderos ne s’investissent pas dans un challenge, mais vendent
un novillo de plus. La preuve en est que
celui qui avait le plus besoin de se faire connaître, El Pincha, a sélectionné un toro, qui comme par hasard, a
été bon.
Qui dit concours dit lidia.
Le torero se met au service de son opposant pour le mettre en suerte correctement
au cheval, le toréer de cape et de muleta pour mettre en évidence les qualités,
corriger les petits défauts qui peuvent être présents chez les mansos con
casta. Ils doivent aussi montrer qu’un toro n’est pas digne du prix. Pour cela,
il faut que les picadors se mettent au
service du premier tiers, comme en tienta. Malheureusement les piqueros de
samedi n’avaient pas forcément tous compris. On a soit piqué comme en corrida
normale (piques traseras et même carioquées), soit piqué pour produire un
premier tiers « moderne », scénarisé comme on le voit aussi dans les corridas
normales et qui enflamme certains publics. Gabin a reçu de manière
exceptionnelle la charge du Valdellan à la première pique. L’aguante, la pose
du palo et la manière de tenir la première poussée sont de grande classe. Par contre,
la suite avec ce cheval qui échappe à la poussée, tourne autour du toro en lui fermant la sortie c’est
du rejon. Et quand cela dure trop, le bicho y laisse son moral.
En corrida concours, le
piquero a un rôle primordial. Il est là pour mettre en évidence la bravoure du
toro .Pour cela, le choix du cheval est primordial .Il doit avoir du poder et
résister à la charge sans épuiser le toro. Il n’est pas nécessaire qu’il soit
sur-dressé Il doit juste avoir du cœur.
Autre effet de mode, la pique
de tienta. Pour moi, elle est réservée à faire monter l’ambiance avec un toro
de bandera ; Elle ne doit pas être utilisée avant la quatrième rencontre et uniquement si
le toro s’est beaucoup employé aux précédentes. La sortir à la troisième est
une hérésie ou plutôt un élément de scénarisation du tercio de piques moderne. Et
c’est d’autant plus important qu’en concours, soit le toro a la bravoure et la
force d’en prendre une troisième et il l’a prend avec la vraie puya. Sinon, on
change le tercio et le bicho est hors concours.
Dans ce premier tercio, la mise
en suerte est primordiale. Il faut que le novillero sache et ait envie. On peut
admettre que savoir soit compliqué pour un novillero, et les cuadrillas sont là
pour les aider. Des trois novilleros, seul Tibo Garcia a joué le jeu et, malgré
quelques maladresses, et mené correctement les utreros au cheval. Pour les
autres, on place au petit bonheur la chance, loin à la première et on le
rapproche à la suivante. Ils ont tout compris !!!!
A la muleta, la faena doit
être adaptée à l’encaste. On ne torée pas un Jandilla comme un Atanasio. Le
torero doit se mettre au service du toro et le toréer des deux mains dans les
bons sitio et tempo. La chasse aux oreilles ne peut s’ouvrir qu’une fois le
travail fondamental terminé. Comme pour la mise en suerte, il faut compétences
et motivation .Avec les défauts d’un novillero, seul Tibo a été respectueux de
son contrat. Carretero a été mal servi mais aurait pu mieux faire, et Isiegas s’est
fait promener par un Pedraza noble et naïf.
Pour réussir une concours, il faut aussi un
public sérieux, attentionné et connaisseur. Je ne m’étends pas sur le ballet
incessant des vendeurs de Jojo La
Praline qui ont perturbé les premiers tiers. Après avoir été expulsé des arènes de Mugron, ils vont finir par se faire interdire l’accès aux autres placitas. Le concours, comme la tienta de Bougue,
pourrait être l’occasion d’une opération de « formation ». Cela
évitera de voir applaudir un toro qui a perdu son moral après les piques ou un picador
qui a piqué trois fois très en arrière le plus brave de la course.
Autre problème récurrent
depuis le début de la saison, l’extrême fragilité des cornes qui éclatent dans
les petites et grandes arènes. Entre les
toros areglados, le pourrissement de la corne avec les fundas et autres
pratiques qui, on l’a vu à Boujan et
Céret échappent au contrôle des organisateurs, on est en train de tuer à petit
feu la corrida.
Au soir de la course les spectateurs pouvaient en
vouloir aux organisateurs. Mais en prenant du recul avec leur taux de réussite
plutôt élevé, le problème n’est pas à leur niveau. Le vrai problème, c’est que
ganaderos, professionnels et même une partie du public ne sont pas intéressés
par la corrida concours. Les uns viennent encaisser le sueldo, les autres
veulent voir un spectacle. Dimanche seul les propriétaires d’El Pincha et Tibo
Garcia ont respecté leur engagement. Et pourtant il faut continuer à se battre pour
défendre et aider de telles courses car elles sont à la corrida ce qu’est la
fleur de sel au chlorure de sodium standard.
Le premier est un Cuadri dans le type. Il
manque de forces et prend deux piques sans conviction. La première est placée
dans l’épaule, l’autre est plus correct. Le toro noble dans le capote, devient
très vite tardo. Il se défend plus qu’il
ne charge. Diego Carretero manque de fermeté et se fait accrocher à plusieurs
reprises. Le novillo s’éteint à la quatrième série.
Le second est un Escolar Gil.
Dans le type y compris quand il s’endort par trois fois au cheval, il est très vite compliqué à
la muleta. Jorge Isiegas n’a pas le recours nécessaire pour imposer sa volonté
à un toro qui en l’absence de domination lui pose de plus en plus de problème.
Il tue mal.
Le troisième est un
Valdellan, dans la lignée des toros axiblancos. Le ganadero n’a pas réussi avec
ce novillo à racheter ses précédentes sorties en France. Le toro prend une
première pique en poussant avec conviction au début. Il s’endort à la seconde
où c’est surtout le cavalier et le cheval qui brillent. Il laisse beaucoup de moral,
s’il en avait dans ces deux rencontres trop longues et sort seul de la
troisième. Tibo Garcia qui s’était attaché à bien le mettre en suerte, alterne
des séries de la main droite et de la gauche. Le toro ne se livre pas, regarde
vers les planches. Le Valdellan va très vite à menos malgré les efforts du
torero qui tue mal.
Le quatrième est un Virgen
Maria, dans le type de ceux sortis au Plumaçon en 2016 ; Il prend deux
piques sans classe. Il manque de race et s’éteint à la quatrième série donnée
par un Carretero qui n’insiste pas ;
Le cinquième est un Pedraza de Yeltès très mal
présenté. Difficile de dire ce qu’il vaut au cheval tant le premier tercio a
été scandaleusement bâclé par un Isiegas pas au niveau.
Au troisième, c’est un Pedraza
« moderne » plus noble, voire soso, qu’encasté. Peu compliqué, il
permet à Isiegas de tirer quelques séries sans vraiment convaincre. Le toro va
à menos et le torero tue mal. L’arrastre est applaudie ; Effet de mode, s’il
avait porté un autre fer, il aurait été encore plus protesté à son entrée en
piste. Le silence aurait accompagné l’arrastre.
Depuis le second toro, il
pleut. Le soleil revient au dernier. Soleil dans le ciel et en piste, car ce novillo
de la ganaderia El Pincha le mieux fait
et le mieux armé des six novillos du jour sera le meilleur. Il prend trois
piques traseras, correctement mis en
serte en poussant et mettant les reins.
La dernière est peu significative car donnée avec la pique de tienta. .
A la muleta, il a une corne droite excellente.
Aidé par Tibo Garcia, il va à mas sur ce piton. Tibo enchaine de très
bonnes séries de derechazos données avec sincérité et même élégance. A gauche
le toro, près sur cette corne, est plus complexe et Tibo revient à droite. Le novillero commet l’erreur de ne pas faire
une troisième série de naturelles pour confirmer. En effet, même cité de trop
près, le Pincha a progressé entre la première
et la seconde série. Le torero raccourcit les distances en fin de faena, alors que le toro venait encore de loin. Après cette faena intéressante, dans
l’esprit de la concours, le français aurait du triompher. Hélas, il a été trahi
par les aciers et doit se contenter de saluer au tiers. Le Pincha a droit à une
vuelta discutable (deux vraies piques seulement et des doutes non levés sur le côté
gauche) Il reste le meilleur novillo de
la tarde.
Comme la moyenne depuis cinq
ans est bonne et que l’édition 2017 n’a
pas été au niveau, celle de l’an prochain devrait être d’un grand niveau. Rendez
vous à la soirée de présentation de l’affiche.
Thierry Reboul
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