Persévérer n'est pas diabolique mais nécess' AIRE

Arènes d’Aire sur Adour, corrida de la Féria 2016

Photos Romain Tastet
Quatre toros de Palha (2,3bis remplaçant un Fraile invalide, 4 et 6) et deux de José Luis Fraile (1 et 5) pour
Luis Miguel Encabo : sifflets, silence
Antonio  Joao Ferreira : silence, palmitas
Alberto Lamelas : salut au tiers avec un avis, silence avec deux avis
14 piques, une chute
4/10ème d’arènes
Les prix à la meilleure ganaderia et au meilleur piquero sont déclarés « desertios »

Je voulais disserter sur la difficulté d’organiser une corrida torista et encourager nos amis aturins dans cette voie qui finira un jour par payer au plan financier et artistique.
Mais depuis lundi sévit sur la toile une polémique reposant sur la comparaison des corridas d’Aire et d’Istres.
Au-delà des passes d’armes traditionnelles et stériles  entre toristes et toreristes, ce qui m’exaspère c’est l’attitude de certains, dont  revistero irresponsable  très toreriste, qui prennent un malin plaisir  à remettre du vinaigre sur le feu alors que tout semblait se calmer. L’Aficion n’a pas besoin d’un site type « Gala » ou   « Voici ». Dois-je rappeler la présentation minable et le comportement de bœufs domestiques des lots de bétail sortis à Nîmes pour la Pentecôte.
On peut croire ou ressentir tout ce que l’on veut , Il ne sert à rien de vouloir jouer les « Julius Détritus » en créant une zizanie entre les Ostro et Wisi aficionados .Se faire  le zélateur d’organisateurs professionnels et peoplisés ‘(Nîmes et Istres) et le critique acerbe et aveuglé des organisateurs  aturins , c’est oublié que les seconds, amateurs éclairés, engagent temps et ressources personnelles pour monter une corrida alors que les premiers sont des professionnels rétribués et ne pas respecter leur travail.
Donc la récré est finie, on se calme et on arrête de jouer aux coqs de basse cour, les renards animalistes n’attendent que l’occasion de nous voir diviser.
Il y a eu à Istres, un torero et des « toros-partenaires », à Aire il y a eu des belluaires face à des « toros de combat ».

Je respecte le premier type de tauromachie, je préfère la seconde. C’est pourquoi j’étais sur les bords de l’Adour. J’y retournerai si la ligne « éditoriale » de la bande à Mathieu, Thierry et Rafael ne change pas.

De la corrida d’Aire, on retiendra tout d’abord la présentation remarquable avec du trapio et des têtes à donner des cauchemars à certains toreros à condition qu’ils aient déjà vu  ce type d’armures. Tous les toros étaient dans le type de leur encaste, y compris le 3 bis pur Irmaos, un des branches les plus intéressantes de Palha.
On gardera également en mémoire le bon travail des deux piqueros français Nicolas Bertoli et Gabin Rehabi  bien meilleurs que leurs confères espagnols. Gabin a été l’auteur de la meilleure pique de la tarde ponctuée d’une énorme chute, le toro s’acharnant sur le cheval au sol, en vrai toro de combat malgré la très courageuse intervention d’un des monosabios de la cuadra Bonijol.
On retiendra aussi l’énorme sincérité d’Alberto Lamelas face au 3bis, toro dangereux et qui s’était illustré à l’embarquement en tuant un cheval et un cabestro (excusez du peu).
A oublier ,puisque l’UVTF n’aura pas le courage d’appliquer des sanctions, l’attitude du picador de Encabo .Il a été Insulté par un imbécile , qui ferait mieux de rester chez lui pour enrichir sa connaissance de la langue de Cervantès, qui se limite  pour l’instant au vocabulaire des gosses mal élevés des quartiers mal famés de Barcelone. Certes le spectateur est nul, tout comme le piquero, mais faire un doigt puis un bras d’honneur au public est indigne d’un torero.
Côté comportement des toros , la faiblesse des deux Fraile combattus ne leur a pas permis d’exprimer au troisième tiers , le fond de bravoure vu au cheval.
Les Palha ont été intéressants au cheval mais par manque forces et de fond, ils ont baissé très vite de ton. Seul le 3bis, Palha d’origine Irmaos, a tenu la distance et permis à Lamelas de réaliser une vraie faena.

Luis Miguel Encabo ; comme à Vic, ne nous a pas convaincu de la nécessité de son retour dans les ruedos.
Le premier (Fraile) pousse lors de la première pique, le second est anecdotique.


 Après un tercio de banderilles souvent posées à tête passée, Il donne des coups de tête à chaque passe et sa charge est courte.  , il ne baisse pas la tête et fléchit en fin de séries.

La faena d’Encabo est marginale et sur le voyage .Encabo  tue mal et il se fait siffler en regagnant le callejon.
Le quatrième charge avec beaucoup d’alegria au cheval, il pousse mais sera très mal piqué à trois reprises, bronca au piquero.  
 A la muleta, le Palha est dangereux à gauche. Encabo le toréé à droite de façon à nouveau marginale. Il ne pèse pas sur ce très manso con peu de caste plus Pas grand-chose à gauche avant une mise à mort à nouveau laborieuse.
Antonio Joao Ferreira a besoin de relancer une carrière aujourd’hui au point mort.
Le second toro  (Palha) vient trois bonnes piques  avec bravoure au cheval et est bien piqué par  Nicolas Bertoli  

Le toro manque de forces, il se décompose rapidement devenant même dangereux  Difficile pour torero qui manque d’officio d’en tirer quelque chose.  

Le torero portugais joue son va-tout à l’épée. L’estocade est portée avec sincérité pour une entière un peu de côté. Le toro, qui a un vrai fond de bravoure occultée par sa faiblesse, luttera longuement avant de tomber.
Le cinquième toro (Fraile) est boiteux à sa sortie en piste.

 Bien piqué lors de la première rencontre par Gabin Rehabi.   il  provoque une impressionnante chute du groupe équestre. Il s’acharne, malgré les efforts des cuadrillas et des courageux monosabios, de longues minutes sur le cheval au sol et   y laisse  beaucoup d’énergie. 



Il ne supportera pas la seconde  rencontre et sa faiblesse rendra insipide le début de la faena.  


Par la suite, il se reprend un peu, le torero portugais réalise une petite série de chaque main en toréant avec douceur et à mi hauteur.  Palmitas de sympathie au torero à son retour au callejon malgré une mise à mort approximative en deux temps dont une vilaine mete y saca.
                                                              
Alberto Lamelas reprend ce jour après sa grave blessure d’Alès. 


Le public l’invite à saluer avant la sortie de son premier adversaire (Fraile). Ce toro, invalide, retourne au toril.  Son remplaçant est  un toro de Palha, le plus intéressant de l’après-midi. Il prend deux bonnes piques en poussant et aurait pu en prendre une troisième. 

A la muleta, il charge avec alegria et de la caste.
Alberto Lamelas le toréé avec énormément de sincérité et même avec une certaine classe. Le public exprime beaucoup d’émotion et de respect pour le travail du torero de Jaen même si la faena peut paraitre décousue et manquer de « fil conducteur ».

Les dernières  naturelles sont très  exposées beaucoup. La mise à mort est un peu difficile, mais le  torero salue à nouveau après l’arrastre
Deux piques trasera en mettant les reins pour un sixième Palha qui  a plus de genio que de caste .il manque aussi de forces.

 Lamelas, avec beaucoup de vaillance, se bagarre  avec le toro plus qu’il ne le toréé. 
Il est  courageux mais   pas à dominateur. Le bicho se décompose et  devient compliqué. Fin de faena   brouillonne et   mise à mort laborieuse (deux avis) ne provoquent que de timides applaudissements.



Après une temporada 2016 intéressante et porteuse d’espoir, la temporada 2016 n’est pas à la hauteur de l’investissement des aficionados aturins. Qu’importe, Rome ne s’est pas faite en un jour.
Ils doivent continuer et suivre  la ligne conductrice qu’ils se sont fixé. La corrida torista est faite de tardes  sans intérêt et de grands moments de bravoure et de courage
Les meilleurs moments sont ceux que les arènes aturines   vivront dans les années à venir.


Thierry Reboul

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