Plaisance : des erales XXL de la ganaderia Sainte Cécile

Jeudi 14 juillet : Arènes de Plaisance du Gers
Novillada non piquée


A toutes les victimes de cette saloperie
que l’on nomme fanatisme

Photos de Romain Tastet

6 erales de la ganaderia Sainte Cécile très bien présentés et exigeants pour
                                                                   Ceci est un eral

Alejandro Gardel: vuelta, un avis et silence
Jesus Mejias : un avis et silence, une oreille
Antoine Madier : un avis et silence, un avis et silence
Salut des banderilleros El Santo et Miguelito au quatrième
Gradins garnis au 8/10ème
A l’issue du paseo, émouvante minute de recueillement, au son d’El Silencio joué par la Peña Al Violin, à la mémoire de Victor Barrio




Le Gers est un pays de traditions. La convivialité, la gastronomie et les toros constituent, avec le Ballon Ovale, constituent l’essentiel de ce patrimoine culturel.
Depuis quinze ans on  va donc à Plaisance du Gers, le 14 juillet, pour y retrouver des amis, y faire des agapes roboratives et voir toros et toreros.
Comme Rion, Plaisance est une place forte de la novillada non piquée .Comme dans les autres placitas, on y soigne la présentation du bétail.

C’est la ganaderia arlésienne de Sainte Cécile qui fournit ce jeudi les erales. C’est l’élevage qui a remporté l’an passé, le concours de Castelnau. Il a été récemment créé à partir de toros et vaches achetés à Salvador Domecq. Les toros, qui sont sortis ce jour, étaient erales  d’après leur état civil, pour le physique ils étaient plus proche de celui des utreros.
Comme souvent dans un élevage récent, les comportements ont été variés avec un vrai fond de noblesse pour certains et du genio pour d’autres. Il y a un fond intéressant dans cette ganaderia qu’il faudra suivre au ganadero de trouver la bonne alchimie pour fixer dans les gènes le bon et en éliminer les défauts.
Les trois premiers, bien présentés, sont sortis nobles et étaient exploitables pour les novilleros. Les trois premiers auraient pu être piqués, les trois derniers, très charpentés et armés auraient du l’être.  Il est habituel de voir dans cette placita des bichos très forts. S’ils sont nobles, les toreros peuvent s’en sortir.  S’ils sortent manso compliqué comme le cinquième ou encasté comme le sixième, les jeunes garçons, malgré leur courage et leur bonne volonté sont souvent en difficulté.
A quelques imbéciles siffleurs près, le public a compris la difficulté et a soutenu les jeunes toreros.

Côté novilleros Alejandro Gardel va monter en piquée, il est froid et mécanique et ne confirme pas la bonne impression laissée lors de la Fragua de 2014.

Jesus Mejias est très courageux et sincère, il lui manque encore les outils pour s’imposer face à du bétail compliqué ou encastés.

Antoine Madier vit les bons côtés de sa victoire à Bougue. Il a des contrats ce qui lui offre l’opportunité d’apprendre et se forger une expérience.  Le mauvais côté est qu’il participe à des courses qui, pour moi, sont plutôt destinées à des novilleros plus confirmés. Il apprend mais dans un contexte de pression et d’exigence du public et du bétail et des ganaderos qui permet peu d’erreurs.

 Il a connu une après-midi difficile à Plaisance. On peut se demander, s’il était raisonnable de le faire toréer la veille une course nocturne sans mise à mort à 600 km de Plaisance. Fatigué, en plus du manque d’expérience, il a manqué de lucidité pour gérer la difficulté de vivre une situation d’échec en particulier avec le descabello.

Le premier  ankylosé, par son séjour dans le camion  et peu ménagé par  Alejandro Gardel est faible lors des deux premiers tercios ,   

Toréé   mi hauteur, il se reprend .A part une bonne série à droite, la faena manque de lien. Le torero est très mécanique et souvent marginal.


 Il n’exploite pas la noblesse du bicho. Il y avait autre chose à faire et cela ne méritait pas la vuelta que le torero s’est accordée motu proprio.  

Le second, de belle présentation, est noble et encasté. 

Jesus Mejias débute  à droite ; Il  est sincère mais il ne pèse pas assez. L’eral devient rapidement le patron en piste. A gauche l’il vient avec plus de franchise  et permet deux bonnes séries de naturelles .Puis le  toro déborde aussi le torero sur cette corne. 


Estocade  en deux temps, le toro  lutte avant de tomber. Silence pour le toro, applaudissements pour l’arrastre.

Antoine Madier reçoit bien le troisième eral à la cape. 

Le Sainte Cécile est noble. Le début de faena à droite est appliqué et  élégant mais ne pèse pas assez sur le bicho. A gauche le toro est compliqué 


Retour à droite après un passage infructueux par la faute de l’eral à gauche, les séries sont par moment plus relâchées. La fin de faena est d’un bon niveau avec en particulier des derechazos donnés en citant de face. Par contre Antoine va connaître de grosses difficultés pour tuer et ne pourra pas couper d’oreille, l’arrastre est applaudie.


Le quatrième manquera de race et de fond. Il est très bien banderillé par El Santo et Miguelito qui sont invités à saluer. 

L’eral est tardo et querencioso. 


Il a une charge courte des deux côtés et se défend plus qu’il ne charge.  Il s’éteint La faena mécanique d’Alejandro Gardel va à menos et est mal conclue à l’épée.

Le cinquième est un manso très costaud et très armé.


 Violent dans l’arrancade, il envoie un coup de tête à chaque passe et se retourne très vite. se retourne très vite. Il aurait du être piqué au moins une fois. Jesus Mejias   fait ce qu’il peu, avec courage.


 Le comportement du toro le met  en difficulté sur les deux cornes et il se fait dominer par le toro. L’épée, une demie en avant, est rapide d’effet. Le public récompense  le courage du jeune garçon en demandant et obtenant une oreille.

Le dernier a moins de tète mais encore plus de trapio que le précédent. Il a de la caste ; de la noblesse et de la fixité.  Lui aussi aurait du être confronté au picador. Antoine Madier est courageux, mais il manque de métier .

Il lui faut l’aide de, Patrick Varin, qui le conseille depuis le callejon pour ne pas se faire déborder par la puissance et la caste du novillo. Antoine, encore vert, va essayer et  parfois réussir à faire passer le Sainte Cécile  mais pas à le dominer.

  L’aturin  ou plutôt le torero de Grenade , s’engage pour tuer avec sincérité pour sa première entrée à matar et est  violemment secoué. Marqué physiquement, il connait un nouvel échec à l’épée.
Après-midi difficile pour le jeune français , mais il est suffisamment intelligent et bien entouré pour identifier ce qui a bien fonctionné et ce qui doit être corrigé et préparer sereinement sa prochaine échéance à Mont de Marsan pour la Madeleine. Paris ne s’est pas fait en un jour , un torero ne se fera jamais en trois novilladas.




Novillada intéressante, mais très difficile pour les trois jeunes toreros, mais c’est aussi face à l’adversité que l’on apprend.
Merci en tout cas aux organisateurs de Plaisance pour leur accueil et la qualité de l’organisation de cette non piquée, et à l’an prochain pour la 16ème édition de cette novillada non piquée.



Thierry Reboul

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

SALAMANCA 23

LES VISITEURS - LA RÉVOLUTION

YHANN KOSSY & LUCAS VERAN