La Brède : les erales français bien meilleurs que les toros espagnols
La Gironde est un département
taurin et possède les arènes les plus septentrionales de la Planète. Après Captieux,
c’est La Brède qui prend le relais pour clore la temporada girondine 2017.
Photos de Thierry Reboul (non piquée) et Philippe Latour (corrida)
Arènes de la Brède, samedi 24 juillet
2017
Novillada non piquée des Fêtes de la
Rosière
Deux erales d’Alma Serena (1
et 4) et deux de l’Espera, ganaderia qui faisait ses débuts
« officiels », bien présentés et donnant du jeu pour
Dorian Canton : vuelta
et salut au tiers
Yon Lamothe : une
oreille après un avis, salut au tiers après deux avis
Vuelta du second eral (La
Espera)
Un quart d’arène
A l’issue du paseo un hommage
a été rendu au matador basque Ivan Fandiño
Chaque novillero a brindé son
premier eral au torero décédé la semaine dernière à Aire sur Adour.
Le matin, c’est un
regroupement de clubs taurins locaux qui organise la traditionnelle novillada
non piqué. Comme d’habitude, les aficionados présents ont pu assister à une
course intéressante et très entretenue.
Les quatre erales, deux
d’Alma Serena et deux de La Espera, bien présentés ont donné du jeu et permis à Dorian Canton et Yon Lamothe de parfaire
leur apprentissage.
La ganaderia La Espera se
présentait pour la première fois en public. Pour un coup d’essai ce fut un coup
de maître. Le premier eral encasté et noble a été honoré d’une vuelta al ruedo.
De la race et de la noblesse aussi chez le second Alma Serena qui est sorti en
quatrième position.
Le premier novillo (Alma
Serena) manque un peu de charge. Il a un fond de noblesse qui l’incite à charger
et un fond de genio qui l’incite à se défendre.
Il est plus simple à gauche ce dont profite Dorian Canton pour lier des
séries de naturelles avec un certain domnio. A droite c’est plus compliqué et
le novillero se fait accrocher. Après une faena appliquée et adaptée au bicho,
le béarnais tue de 2/3 de lame verticale et rapide d’effet. Légère pétition et
vuelta pour le torero.
Le second (La Espera), bien présenté, embiste
dès les premiers capotazos. Il met en difficulté les banderilleros, accrochant
même Rafael Cañada. Le bicho a de la caste et est exigeant. Yon Lamothe utilise en début de faena sa
longue charge et enchaine à droite de bons derechazos donnés avec une élégance
certaine. Il réduit ensuite les
distances avant de prendre la main gauche. Sur ce côté le toro est plus
exigeant et met en évidence le manque
d’expérience du landais Retour à droite
pour des passes plus dominatrices, avec professionnalisme Yon revient à deux
reprises à gauche. Il finit par lier une bonne série sur cette corne en fin de
faena. Le final est un peu plus compliqué,
la caste du novillo a fini par prendre le dessus sur l’expérience du torero.
L’élève d’Adour Aficion coupe une oreille après une entière engagée.
Le troisième (La Espera) est
lui aussi bien présenté. A la cape, il a tendance à s’arrêter et à se retourner vite. Aux banderilles, on retiendra une bonne
paire de Manolo de Los Reyes. Après avoir brindé au public, Dorian Canton
débute sa faena le long des planches. Le
toro s’améliore et les séries des deux mains mettent en évidence les qualités
techniques de Dorian en particulier à droite. L’eral baisse de ton en fin de faena, glisse
vers les planches et accroche le novillero lors d’une série donnée dans ce
terrain. Il reste au novillero béarnais à améliorer sa technique à l’épée. Il
perd avec les aciers, l’oreille gagnée à la muleta et se contente de saluer au
tiers.
Le dernier novillo (Alma
Serena) est d’origine Algarra. Il est noble et va à mas dès les premières
séries (une à droite puis deux à gauche) données avec autorité et élégance par
Yon Lamothe Le landais aura plus de mal
par la suite à canaliser le novillo qui, pas assez dominé, finira par être
attiré par les planche en fin de faena. Après deux dernières séries à droite
plus sereines, le novillero éprouvera des difficultés pour réaliser la suerte suprême. Il devra se
contenter d’un salut au tiers.
Qui dit multitudes
d’organisateurs, dit multitude de prix. Les deux novilleros se partagent les
récompenses offertes par les différents clubs taurins girondins. Le prix du
triomphateur, attribué par les clubs taurins organisateurs du Sud-Ouest, est
attribué à Yon Lamothe.
On reverra un exemplaire de
La Espera au non piqué de Castelnau Rivière Basse (1er juillet).
Dorian et Yon, séparément ou por colleras, poursuivront leur apprentissage lors
des prochaines non piquées organisées dans notre région
Arènes de La
Brède, samedi 24 juin 2017
Corrida des
Fêtes de la Rosière
6 toros
(le quatrième comme sobrero) de Fuente Ymbro bien présentés mais manquant de
fond et de race pour
Curro
Diaz : silence, deux oreilles
Roman Collado :
un avis et salut au tiers, un avis et silence
Tomas
Campos : silence, deux oreilles
Dix
piques, cavalerie Bonijol
A
l’issue du paseo une minute d’applaudissement en mémoire de Fandiño
7/10ème
d’arènes
Ciel
nuageux
Si les erales de la matinale
ont donné du jeu et permis aux toreros
de s’exprimer, les Fuente Ymbro de l’après-midi ont déçu publics,
toreros et peut-être le ganadero. Superbement bien présentés, avec des armures sérieuses,
ils ont manqué de race et pour certains de forces. Face à eux les toreros ont fait ce qu’ils
pouvaient et le nombre d’oreilles coupées reflète plus le besoin de
triomphalisme de la présidence et d’une partie du public que l’intensité
artistique des faenas.
Une tendance se confirme chez
les picadors, aux ordres des maestros, c’est le « piquons peu mais piquons
mal ». A La Brède, ils avaient
décidé d’œuvrer comme dans un pueblo espagnol où la monopique est de rigueur et
le public peu intéressé à voir des tercios « à la vicoise ».
Le premier très bien armé est
mal mis en suerte, prend un picotazo trasera. Le toro manque de force et de
moral. Dès les premiers muletazos de Curro Diaz, il quitte la passe et se
réfugie dans les tablas. Le torero
essaie en vain de l’en sortir, fait quelques passes dans les planches. Il tue d’un
diazipié .Pour info, le diazipié est l’estocade basse (et cette fois ci très basse)
dont use depuis quelque temps le torero de Linarès et qui lui permet d’avoir
des morts spectaculaires et suffisamment rapides pour qu’une
partie du public ne voit pas le subterfuges.
Je découvrais Roman Collado.
Comme Curro Diaz, il ne met pas son toro en suerte. Il lui fait administrer un
picotazo trasera, pique souvent plus dévastatrice que trois puyazos au bon
endroit. Mais comme le « vale » adressé au picador avec démagogie,
permet de s’adresser les faveurs d’une certaine partie du public…………… Si la
carrosserie du Fuente Ymbro est belle, le moteur est
poussif et sous dimensionné. Cette image permet de ne pas répéter, comme il
faudrait le faire à chaque toro de cette course que le bicho manque de forces et de race. Le
Fuente Ymbro prend une bonne série à droite et y laisse le peu de moral qu’il
avait. Il part vers les planches où le torero s’applique pour tirer quelques
séries. Le franco-espagnol salue après
une mise à mort rapide.
Le castaño sorti en troisième
est boiteux. Il prend trois piques les
deux premières trop fortes et carioquées.
Tomas Campos le brinde à la mémoire d’Ivan Fandiño. Comme ses congénères
et pour les mêmes raisons, le toro quitte rapidement la passe, charge en
marchant et part dans les tablas. Dans
ce terrain Tomas Campos lie une bonne série avant de se mettre en difficultés
en se faisant enfermer par le toro dans le terrain des planches. Du coup il a
du mal à cadrer et à tuer.
Le quatrième sort comme un
bolide nous donnant quelques espoirs. Malheureusement il se brise les vertèbres et doit être puntillé.
En sobrero sort un toro de presque six ans qui a du trainé dans pas mal de
corrales. Naturellement il vient au pas
dans les premières passes de cape de Curro Diaz. Il prend deux piques. Bien que
mal mis en suerte et piqué il pousse à la première. Le Fuente Ymbro est noble
et permet un peu plus que les trois précédents.
Curro Diaz a le vent en poupe
et les contrats qui vont avec. Il a aussi une certaine intelligence et il sait
donner l’impression de faire du Curro Diaz à minima. On sait qu’il toréé de
profil mais qu’il le fait avec vrai sens artistique. A La Brède, à l’exception
d’une série à droite superbe, il a beaucoup toréé de profil en agrémentant les
passes d’attitudes plus commerciales qu’artistiques. On est très loin de ses faenas
d’Azpeitia, Gamarde et même Vic. Le public se laisse avoir, ou ne veut pas voir les défauts. Nouveau Diazipié habile, très bas mais
efficace .Malgré ce qui s’apparente à un bajonazo, le président brade deux
trophées et signe un nouveau contrat pour Curro en terres girondines.
Le cinquième sera un quinto
malo. Il pousse sous une monopique carioquée. Au troisième tiers, il a tous les
défauts des trois premiers. Collado essaie d’animer la faena, de le tenir vers
le centre puis finit par renoncer. La faena est terminée par des passes parallèles
aux planches et conclue par cinq pinchazos et une entière en place.
Le dernier prend une pique
dans l’épaule carioquée et un picotazo. Tomas
Campos met du temps pour trouver le
sitio face à un adversaire qui manque de classe mais ne pose pas de gros
problème. En fin de faena, il trouve la clé et lie de très bonnes séries de
naturelles en particulier celles données de face. Sur cette fin de trasteo,
Tomas a laissé entrevoir quelques qualités intéressantes Comme l’estocade est
rapide d’effet le protégé de l’AAJT coupe deux oreilles d’encouragement. On le
reverra en juillet à Orthez et Tyrosse.
Et les antis !?Gros flop
de la manifestation co-organisée avec le CRAC, une trentaine de pèlerins devant
l’Eglise et huit djiahdistes dissidents qui ont tenté une approche de la placita
avant d’être arrêtés par les forces de l’ordre.
Petit message aux
organisateurs : « Il n’est pas nécessaire d’inviter les Fuente Ymbro l’an prochain. »
Thierry Reboul
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