Novilladas du Sud-Ouest: Opus 2, Parentis


Photos de Matthieu Saubion et Nicolas Couffignal

Parentis en Born possède deux particularités, un fleuriste acariâtre mal élevé et une bande de passionnés qui se battent pour défendre et maintenir une tauromachie « de verdad » sur une zone où il serait bien plus simple de monter des corridas balnéaires.

Ce n’est pas toujours simple et l’année 2016 catastrophique au plan financier et au plan taurin a laissé des traces. Le plus compliqué  à gérer est un déficit financier qui a amené les organisateurs à remplacer la novillada du dimanche matin par une non-piquée avec tienta qualificative la veille. La banda locale a été recadrée après ses débordements intolérables de l’an passé. Reste à construire les cartels. De la rigueur a  été remise dans la gestion et la surveillance des accès aux gradins pour éviter toute fraude. L’ADA choisit les toros en premier, puis cherche des toreros qui veulent bien se mettre devant. Et là, on n’est pas loin de la résolution mathématique de la quadrature du cercle.

Après, et c’est un problème qui est caché par tous les autres, c’est le public et son comportement. Viennent à Parentis, les aficionados toristas, bien qu’une partie soit allée à Riscle le samedi, mais ils sont peu nombreux  La plupart des personnes qui passent au guichet sont soit des familles de touristes, soit des personnes qui sont là avant tout pour faire la fête et voir couper des oreilles. On a vu les premiers, pas accompagnés ni encadrés pour ce qui est souvent leur première corrida, quitter les gradins le samedi dès le premier toro. Les autres n’ont pas trouvé ce qu’ils étaient venus chercher. On a vu applaudir dans un fief du premier tercio, des piques criminellement traseras. On est là , à la fois devant la difficulté d’accompagner les néophytes et celle , tout aussi complexe, de l’acculturation taurine des « locaux » qui constituent pour la plupart des arènes la majorité des personnes présentes. 

On est loin des problématiques des grandes arènes qui ont leur public de base que ce soit à Vic ou à Dax.  Si Bayonne peut combler les pertes financières dues à ce manque de public « de base », les petites placitas risquent soit d’en mourir ou bien de basculer dans la systématisation de cartels sans risque ou sans personnalité. Dernière option vers laquelle le Sud-Est s’est orienté depuis longtemps et qui ne fonctionne pas car attirer un public volatil sans vouloir construire un fond de culture taurine n’assure pas les jours qui viennent.

En 2016, on avait vu à Parentis du bétail avec des moins et aussi pas mal de plus, être mal toréé que ce soit par les cuadrillas que par des toreros dépassés par manque de compétences et d’officio. On a retrouvé en 2017, un peu le même schéma avec un bétail qui offrait des possibilités à condition de savoir peser sur un toro et des novilleros qui pour la plupart n’avaient pas le bagage suffisant. Il est vrai que ceux qui prétendent le posséder ne veulent pas savoir où est situé Parentis.

Lors de la tienta qualificative, est sortie une très grande vache de la jeune ganaderia La Espera. Très brave au cheval, elle a été exceptionnelle à la muleta. A part la première, les autres vaches ont fournie des peleas intéressantes qui ont permis aux jeunes toreros de s’exprimer :
Pour la non piquée, on mettra vite de côté le sobrero d’Alma Serena, bien loin du niveau habituel d’une ganaderia qui a triomphé le jour même à Maurrin. Pour les Prieto de la Cal, tous très bien présentés, ressort du lot l’excellent second, très encasté qui a mis en difficulté, le pourtant courageux José Luis Vega. Le premier, noble, a été gâché par un Hector Guttierez. timoré Le quatrième, manso dangereux a surtout permis de confirmer le courage de Vega.
Le troisième s’est cassé le fourreau de la corne sur cinq centimètres, il n’était pas nécessaire, surtout en non piquée, de le renvoyer au toril. A quelque chose erreur est bonne, puisque les organisateurs l’ont offert au sobresaliente Daniel de la Fuente.


De cette non piquée, somme toute intéressante, on retiendra le courage à tout épreuve, et parfois suicidaire, de Jose Luis Vega et l’application et les capacités de De la Fuente auteur d’une des meilleurs faenas de la Féria.
Difficile de passer sous silence, l’attitude des cuadrillas menées par un Sergio Aguilar dont le passage dans les rangs des peones n’a pas arrangé le caractère. Ne pas aider le jeune torero pendant la faena et attendre la réaction violente du public pour venir puntiller le novillo,n’est pas digne  de professionnels qui devraient normalement vouloir transmettre leur métier aux nouvelles générations. Et ceux malgré toutes les bonnes raisons légales, corporatives, de couvertures sociales pour le novillero ou les peones, qui font que le geste  des organisateurs est, comme tout geste généreux, borderline. 

L’après-midi, les Monteviejo superbement présentés, sont allés dix sept fois au cheval partant de loin et poussant pour certains. Le meilleur moment de cette course est le tercio de piques de Titi Agudo au quatrième. A la muleta, juste de forces, les Vega Villar ont fait preuve de noblesse et ne posaient pas de problèmes particuliers à l’exception de l’encasté quatrième. Il y avait matière à couper des oreilles. aucune ne fut accordée .


Manuel Ponce est vert et techniquement déficient. Il passe à côté d’un premier très toréable et se fait déborder par le très bon quatrième. Il y a du souci à se faire pour sa prestation du 13 août, à Roquefort, face aux Saltillos.
Miguel  Angel Pacheco n’avait pas laissé un grand souvenir à Aire et à Vic. Face à son premier, il a du mal à trouver le sitio. Très pegapase, il réussit une bonne série à droite mais de là à s’octroyer une vuelta. Il tue très mal un cinquième, hors type, qui ne permettait pas grand-chose.

De la terna, le meilleur a été Garcia Navarette. Au troisième, noble, après avoir cafouillé le début de faena, il enchaine de bonnes séries à gauche. Il aurait pu couper une oreille, mais  la mise à mort est longuette et le puntillero maladroit. Au sixième, il démissionne face aux petites difficultés.

Le dimanche après-midi, c’est un lot superbe de présentation qu’avait sélectionné Thomas Prieto de la Cal. Dommage que les pointes de certaines cornes se soient très vite abimées. Au moral, ce sont des novillos de media casta. Puissants mais sans vraie  bravoure, ils sont tardos, réservés  et se décomposent vite à la muleta. Ils nécessitent des toreros très poderosos pour les améliorer ou superficiels et spectaculaires pour animer les faenas en toréant le public. Palacios et Valencia ont essayé la deuxième approche technique.
Le premier est superficiel mais cela a fonctionné sur un public globalement peu connaisseur. Il coupe la seule oreille de la Féria au premier. Il a très mal tué le quatrième et s’est attiré les foudres du même public.

Valencia ne progresse pas. Il toréé beaucoup le public, jouant sur le capital sympathie dont il jouit à Parentis. Cela marche au second et moins bien au cinquième.
Tibo Garcia, le plus sincère des trois, choisit la première approche technique. Le troisième ne permet pas grand-chose et lui inflige quatre puntazos au poignet. 

Face au sixième, il réussit de bonnes séries en début de faena avant de subir sur la fin.

Ainsi s’achève une Féria 2017, dont les possibilités du bétail n’ont pas été exploitées par des novilleros soient trop verts, soient trop faibles techniquement.
On retiendra côté bétail, une grande vache de La Espera, un encasté Monteviejo (quatrième) et un très bon eral de Prieto de la Cal (second).
Côté Novilleros, on se rappellera  le courage de Vega, l’application de De la Fuente et quelques bons passages de David Garcia Navarette et de Tibo Garcia.

Pour ce qui est de la banda, elle s’est tenue à peu près correctement le samedi, est arrivée en retard le dimanche. Ce jour là, leur attitude méprisante, picolant le dos tourné à la piste, introduisant des bouteilles interdites sur les gadins, ne se retournant que pour jouer devrait sceller leur sort pour 2018 ;


Pour les amateurs de statistiques, ci-dessous les fiches techniques des quatre spectacles taurins.


Tienta certamen, trois vaches de La Espera (1, 2,4) et Alma Serena (3)
Intéressantes les 2 et 3, exceptionnelle la 4 pour
Daniel de La Fuente
Lucas Miñana
Hector Guttierez
Jose Luis Vega
Sont qualifies pour la non piquée de dimanche matin: Hector Guttierez et José Luis Vega

Première novillada de la San Bertomiu 2017.
6 novillos de Monteviejo, très bien présentés, dont les quelques qualités n’ont pas forcément été exploitées à leur juste valeur  pour
Manuel Ponce : silence, silence
Miguel Angel Pacheco : un avis et vuelta, silence
David Garcia Navarette : un avis et salut, silence
Dix sept piques, un picador désarçonné
Cavalerie Bonijol
Ciel nuageux et petite froidure qui surprend les aficionados du Sud-Est présents 
7/10èmes d’arène


Novillada non piquée de la San Bertomiu 2017
Trois erales de Prieto de la Cal, très bien présentés et aux comportements variés et un sobrero (3 bis) d’Alma Serena de peu d’option pour
Hector Guttierez : silence, un avis et silence
Jose Luis Vega : un avis et salut, salut avec une forte ovation
Le troisième Prieto de la Cal, extrémité de la corne cassée, et renvoyé au toril a été toréé et estoqué à l’issue de la course par le sobresaliente Daniel de la Fuente : salut avec une forte ovation
José Luis Vega a été évacué vers un hôpital pour passer une radio de l’avant bras et de la main
Un quart d’arène
Grand soleil et forte chaleur


Deuxième novillada de la San Bertomiu 2017
6 utreros de Prieto de la Cal, très bien présentés,  avec des armures parfois abimées,  au comportement de toros de media-casta pour
Mario Palacios : une oreille, un avis et sifflets
Guillermo Valencia : vuelta, salut
Tibo Garcia : silence, silence
Quinze piques, cavalerie Bonijol
7/10èmes d’’arène composé d’un public très hétérogène
Grand soleil                            




Thierry Reboul

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