BASTONITO RINCON

La dernière des rencontres taurines de la saison A Los Toros était dédiée à Moune.


Cesar Rincon

C'est dans le cadre de la sortie du livre (bilingue) Bastonito/Rincón publié par les éditions Atelier Baie et dont le projet et la réalisation ont été coordonnés par François Bruschet qu'était tournée cette soirée.
La genèse de cet ouvrage a été présentée, en présence de l’éditeur Bruno Doan, par François Bruschet, coordinateur de l’ouvrage, et par le journaliste et éminent aficionado Chapu Apaolaza qui en est le traducteur et qui anima ensuite le dialogue avec celui qui fut un des chantres du toreo de verdad, idole de Madrid dans les années 1990 mais également icône de l’afición montoise durant toute sa carrière: Cesar Rincon.
N'oublions pas les jeunes femmes, Valérie et Laeticia, l'une chargée de la présentation et de la conclusion, et l'autre de la traduction.

François Bruschet - Chapu Apaolaza - Cesar Rincon - Laeticia - Valérie

Chapu a dit que la tauromachie espagnole doit beaucoup à cette France des toros. Et comme il aime les livres et les toros, il était heureux de participer au projet improbable Bastonito + livre dans une société qui mesure tout ce qu'on fait. Mais quand Cesar Rincon franchi la ligne du raisonnable en 1994, il était aux anges. Les animaux sont ils honorables ? Il ne connaît pas le nom de la vache dont il a mangé un morceau, il ne connaît pas le nom de la poule, ni celui du lapin. Mais il connaît Bastonito, et c'est ce livre, à la poursuite d'un rêve de Cesar Rincon qui lui fait penser à l'honneur des animaux. Quand les archéologues du futur, dans des milliers d'années, alors que notre civilisation aura disparue, trouveront dans les ruines d'une maison démolie ce livre, ils connaîtront alors quelque chose de nous. Content, Chapu nous dit qu'être à coté de Cesar Ricon, c'est pour lui comme être à coté de Superman !

Content aussi Cesar Rincon, qui était comme un enfant en arrivant à Mont de Marsan, la première grande arène en France à lui avoir fait confiance après son triomphe de Madrid (d'où l'importance d'attendre un peu pour faire les cartels)



François Bruschet a ensuite pris la parole. Il y a vingt ans, après cette faena, il avait conscience d'avoir vécu un moment exceptionnel. Comme un grand vin, comme un bon alignement de planètes : Madrid, un grand toro de Baltasan Iban, la télévision, un grand torero. La télévision qui souvent ne donne pas l'ampleur du toro ou son danger, mais là si. Lui n'a jamais été aficionado d'un torero en particulier, mais lors de la despedida à Nîmes de Cesar, le cercle taurin local avait organisé une expo photo avec lui, Michel Volle et un autre photographe. La salle avait été privatisée, et on promenait là au milieu un Ricon impassible. On ne savait s'il s'emmerdait ou s'il dormait. Et puis François Bruschet lui présente la série sur Bastonito. Une pellicule de 36 poses (maintenant les 36 photos elles sont faites avant le paseo) dont il a tiré quelques images inoubliables.
Et là Rincon s'anime comme si on l'avait piqué : « là c'était le jour le plus spécial de ma vie » François Bruschet lui a fait répéter trois fois, parce que des jours spéciaux, un grand torero comme ça, il a du en connaître plein. Mais non, c'est ce jour là, face à Bastonito.
Les photos bien plus tard on été scannées et mise en ligne. Et là, François Bruschet n'a pu que constater que tout le monde les lui piquait, tellement qu'il a renoncé à demander des droits ou une quelconque identification, le problème le dépassait. Et puis Jacques Durand avait écrit quelque chose de formidable sur ce jour là. Et en reprenant les journaux de l'époque, en retrouvant les héritiers afin d'avoir l'accord pour publier leurs articles, le livre pouvait se faire. Il faut souligner que la plupart des revisteros n'ont que quelques minutes pour écrire leur article, qu'il doivent ensuite dicter au journal pour lequel il travaille. On peut alors remarquer la qualité littéraire qui régnait alors. Ils se sont tous questionné sur cette caste incroyable, sur la sauvagerie indiscutable, sur la bravoure, la noblesse. Navalon était dans le coup, il avait raconté le soir même quelque chose d'unique, mais lors de la nuit alcoolisée qui a suivi, tout s'est évaporé. La contribution de Navalon, c'est comme la part des anges.
Voilà pourquoi il a fallu vingt ans pour faire ce livre qui parle de la faena Bastonito/Rincon.



Cesar Rincon dit que c'était un jour très important, car un toro comme Bastonito ne sort pas tous les jours. Et à Madrid en plus. L'impact n'aurait pas été le même ailleurs, tout comme si ça avait été un autre torero, un autre toro. A l'hôtel il était vidé, et il n'avait jamais pensé qu'on en parlerait vingt ans après.
Les conditions extérieures n'étaient pas formidables : le public a sifflé, car le toro était léger, trop léger pour Madrid. Cesar pensait qu'il faisait 501 kg, mais François lui a dit qu'il n'en faisait que 499. Les vétérinaires ne le voulaient pas, et le mayoral a certainement filé quelques propinas afin que l'animal ne soit pas refusé. Donc ça sifflait, et au fur et à mesure les sifflets se sont changés en acclamations, en applaudissements et l'arène a fini debout.
Bastonito a tout donné, avec beaucoup de nuances. A la deuxième pique, il s'est un peu endormi sous le cheval, alors Cesar Rincon a demandé le changement de tercio. Puis il a vu qu'il lui manquait une pique, mais c'était trop tard. A la muleta il a montré beaucoup de bravoure, il s'est un peu réfugié aux tablas, mais Bastonito restera grand pour lui et pour l'élevage. C'est l'éleveuse qui a gardé sa tête. Il l'aurait bien voulu, mais c'est un toro important pour l'élevage aussi.


Puis les spectateurs ont pu poser des questions :

*Certains toros viennent dans l'arène pour nous dire des choses, il vous a dit quoi Bastonito ?
Cesar Rincon se marre. Pour lui ce jour était comme un examen, où il lui a fallu tout donner. Bastonito était un toro unique, car s'il en sortait tous les jours des comme ça, on ne serait pas là à en parler. Il a vu tant de fois cette faena, mais il n'aime pas se voir toréer, il ne se trouve que des défauts. Mais l'image la plus émouvante pour lui, c'est à la fin, comme un boxeur qui embrasse son adversaire. Ils ont tous deux à terre, sur le sable, lui parce qu'il a subit une énième voltereta, et Bastonito parce qu'il a une épée dans le corps. Comme pour se protéger l'un l'autre.


*Faites vous des cauchemars avec Bastonito :
Non, pas de cauchemar, pas de rêve, mais il a imaginé qu'il le torée de manière apaisée, qu'il profite du moment. Les antis ne comprendront jamais ce dont nous parlons ici. Car les animalistes ce sont nous.


*Des souvenirs de Mont de Marsan ?
Oui c'est une arène importante dans sa carrière, c'est une arène toriste (du moins à son époque). Il a un tableau de sortie à hombros du Plumaçon sur sa cheminée. C'est vrai, il ne dit pas ça car il est ici.
S'il n'a pas fait de despedida à Mont de Marsan c'est parce qu'on ne lui proposait pas le cartel qui lui plaisait.


*de voir le nom du toro accolé à votre nom de famille, ça vous fait quoi ?
Cesar Rincon rit. Oui c'est un peu mythologique, comme le minotaure, comme un abrazo final.


*D'autres moment forts de sa vie de torero ?
Beaucoup. Beaucoup de bons. Le 21 mais 1991 à Madrid, sa despedida à Séville, un trophée à Vic Fézensac. Des mauvais, mais ni le bonheur ni le malheur ne sont éternels.





*Maestro, quand pensez vous revenir pour montrer aux jeunes générations comment on fait venir un toro de loin et comment on charge la suerte ?
La salle a chaleureusement et spontanément applaudit.
Oui Cesar Rincon a la nostalgie du temps où il toréait, mais les souvenirs c'est bien, et la famille passe avant tout.



Comme il doit tout au toro de combat, il dédie sa vie à son élevage ; Il vit quatre mois par an en Colombie où il a une ganaderia « la Venta del Espiritu Santo » et les huit autres mois il est en Espagne où il s'occupe de « El Torreon ». Mais le toro de combat ce n'est pas très rentable, on en vend tous les quatre/cinq ans... Alors à coté il fait des vaches à viande, des Limousines, qu'il peut vendre au bout de sept mois.
Il fait aussi des conférences, il parle à la télé ou à la radio afin de transmettre tout ce que le toro lui a donné.




Voilà il y avait environ 120 personnes assises dans les fauteuils de l'auditorium, et d'autres dans les escaliers ou debout au fond.
La soirée s'est poursuivie au local de A Los Toros, Cesar Rincon signant sans fin des livres et se faisant photographier avec toutes les personnes qui le voulaient.
Il faisait une douceur exceptionnelle pour une soirée d'avril, on se serait cru à la Madeleine.
En tous cas maintenant, on peut dire que Rincon a fait sa despedida au Moun, même si les élus de la ville n'ont pas jugé bon de venir.





Commentaires

  1. Reseña de l'événement exhaustive et bien contée. Dommage de n'avoir jamais parlé une seule fois de la ganadería qui a produit ce monstre de bravoure : Baltasar Ibán. Et pourquoi pas mettre une légende aux photos, car reconnaitre César est facile, les autres, moins.

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    1. Sans doute parce qu'écrite au lever, et publiée sans se relire... Je vais le faire! Merci d'être passé!

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