Osons écrire : "Grandiose journée taurine à Garlin !"

 Photos de Romain Tastet


Il y a des jours où tout va bien quand on repart des arènes. Même la ridicule mamie anti avec son chien, pitoyable vestige d’une mobilisation dérisoire,  trônant sur un parking vous fait sourire. On oublie les kilomètres, les toros sans caste et les faenas copier-coller  des autres ou des prochains dimanches.
A Garlin, les aficionados viennent rechercher une tauromachie authentique avec des toros encastés et des toreros qui se jouent la vie. Après avoir découvert la vraie recette des vraies garbures, la bande à Philippe, Robert, Nouma et les autres ont découvert celle d’une journée taurine réussie.
Vous prenez 8 novillos de Pedraza de Yeltès, vous rajoutez quatre garçons non pas dans le vent, mais qui ont tout simplement du courage. Vous saupoudrez d’un zeste d’émotion et de passion et vous servez sous un grand soleil. Les aficionados, ne sont pas trompés, en venant en masse dans le Béarn. Plus de 1000 personnes, le matin, pour les deux toros de la Fiesta Campera et des arènes pleines l’après-midi, prouvent qu’il y a une vraie place dans le Sud-Ouest pour cette tauromachie « authentique »  que certaines régions ou même arènes près de chez nous négligent voire dénigrent parfois (n’est ce pas Monsieur Casas).
Le résultat artistique et l’enthousiasme qui régnait sur les gradins montrent aussi que cette tauromachie peut aussi  générer des fins de course « triomphales » sans être triomphalistes.



Arènes de Garlin Fiesta campera de l’opportunité
Deux novillos très toros, braves et encastés de Pedraza de Yeltès pour
Alberto Escudero silence
Diego Carretero salut en piste
5 « vraies » piques
Cavalerie Bonijol
Les deux arrastres ovationnées
Belle moitié d’arènes
Carretero qualifié par le vote du public, plus de 600 voix d’écart, pour intégrer la terna de l’après-midi

Depuis trois ans, la troisième place du cartel de l’après-midi est mise en « délibéré » entre deux novilleros. C’est le public qui désigne le vainqueur.
Cette année sont en compétition Alberto Escudero de Salamanque et Diego Carretero de la Mancha.
La formule de la Fiesta Campera permet, aux éleveurs, de faire toréer des animaux avec des défauts physiques. Les organisateurs garlinois se sont modestement excusés de ce que les deux novillos étaient bizcos. D’autres les auraient intégrés à leur sorteo sans se poser de questions tant les deux Pedraza de Yeltès, aux cornes près, étaient superbes de présentation. Puissants, très costauds, ils faisaient plus toros que novillos. Le second pesait  entre 550 et 600 kg sans une once de graisse et était, avec sa musculature et son morillo proéminant, une véritable estampe.


Le premier Pedraza met la tète avec franchise dans le capote d’Alberto Escudero. Au cheval il met les reins en poussant à deux reprises. Le piquero mayoral Curro Sanchez est applaudi. 

Marqué par l’effort, le Pedraza marque les pas. Mais il est encasté et costaud. Il se reprend vite et va à aller à mas Il est noble, part de loin et charge avec alegria. 

En début de faena le jeune torero de Salamanque en profite pour donner de bonnes séries à droite. Malheureusement le bicho a trop de caste pour un novillero inexpérimenté. Escudero ne profite pas de la ; charge du novillo, cite de trop près. Le novillo prend petit à petit le pouvoir en piste et châtie sévèrement le torero. Escudero fracasse à l’épée et perd toute chance de qualification. Ovation à l’arrastre,  la vuelta n’aurait pas été contestée par le public

Le second est ovationné à sa sortie. 

C’est un manso con casta. Manso car il réfléchit avant de s’employer dans la cape. 

Con casta car il prend trois piques en poussant et mettant en difficulté le groupe équestre. Diego Carretero sera la révélation de la journée. 

C’est un très bon muletero. Il arrive à prendre le dessus sur le Pedraza grâce à des muletazos très autoritaires mais donnés avec beaucoup de temple. 



Le Pedraza ne permet pas la faute, le novillero arrivera à s’imposer. Il tue d’un quasi entière au deuxième essai et se qualifie logiquement pour l’après-midi. Ovation à l’arrastre.


Arènes de Garlin Novillada de Printemps

6 novillos de Pedraza de Yeltès, bien présentés, braves, nobles et donnant beaucoup de jeu pour
Joaquin Galdos Moreno : un avis et silence, une oreille contestée
Diego Carretero : deux avis et silence ; un avis et vuelta
Luis David Adame : une oreille, deux oreilles
Carretero est passé à l’infirmerie après son premier toro pour une blessure à l’aine.
Cuadra Bonijol
Arrastres du quatrième et cinquième ovationnées
Vuelta au sixième
Vuelta du  ganadero avec Adame au sixième
Sortie en triomphe d’Adame et du mayoral Curro Sanchez.
Prix au meilleur piquero pour Oscar Bernal (cuadrilla d’Adame)
Prix au meilleur novillero Luis David Adame
Soleil dans le ciel et lleno sur les gradins.


Mis en appétit par la fiesta campera, le public prend place avec beaucoup « d’expectacion » sur les gradins. Et pour une fois, ce ne fut pas une novillada de « decepcion ». Superbement présentés, les Pedrazas ont fait preuve d’une grande bravoure au cheval, mettant à plusieurs reprises en danger piqueros et cuadra de caballos.  A la muleta, ils ont été nobles, voire noblissimes chargeant et rechargeant, buvant parfois le leurre. Nobles, mais pas naïfs, ils ne pardonnaient aucune approximation ou erreurs. Très exigeants, ils demandaient  des lidias précises et le visage exténué des toreros présents à la sortie des arènes en dit long sur la tension qui régnaient en piste. Luis Uranga et José Ignacio Sanchez avaient le sourire,  ils ont peut-être trouvé la Pierre Philosophale taurine qui transforme l’herbe du campo en ce toro complet que bien des ganaderos recherchent depuis longtemps. L’euphorie ne doit pas empêcher la lucidité, l’équilibre est fragile et le charme peut se rompre à tout moment. En attendant profitons de l’instant !
Petit bémol, parce qu’il en faut un, c’est l’absence d’une lidia appliquée des cuadrillas en particulier au premier tiers. Seuls, Rafael Cañada et Tomas Lopez ont fait des efforts pour mettre en suerte les novillos lors des deux premiers tiers.
La course a duré trois heures, mais personne ne s’est ennuyé. La course ira à mas pour finit avec trois grands novillos
Côté torero,   Galdos a été décevant, Carretero a confirmé la bonne impression laissée lors des qualifications matinales. Bien plus sérieux et concentré qu’à Mugron, Luis David Adame a su profiter de la noblesse suave du dernier pour réaliser une très bonne faena.

Le premier, le plus léger du lot, est mal mis en suerte au cheval. Il prend une première pique en poussant, puis un picotazo. Faible et soso, il ne présente pas de difficultés particulières.  

Depuis le début de la temporada, Galdos a la tête à Istres où il prendra l’alternative. Il assure le minimum syndical devant un novillo qui transmet peu d’émotion. Le toro se sent de plus en plus attiré par les planches et est difficile à fixer pour le tuer. Le péruvien pinche à deux reprises avant de mettre une entière basse.



Le quatrième, bien présenté.  impose sa loi au premier tercio.  Il nous refait le coup du dernier toro de Dax. Dès qu’il voit le cheval, il part de loin sur lui, la pousse et le renverse. Les cuadrillas ont beaucoup de mal à le canaliser, il souffle un vent de panique en piste. Le Pedraza n’a qu’une idée en tête, éliminer cet intrus qui vient de pénétrer dans son territoire. Il y a de l’émotion sur les gradins tant le danger est présent en piste. Luis Miguel Leiro, avec métier et efficacité, réussit à mettre deux bons puyazo ; le toro poussant en mettant les reins.  

 Le bicho charge avec alegria et noblesse, mais Galdos est très marginal. Rappelé à l’ordre par une partie du public, le péruvien s’investit un tout petit peu plus. Jamais la faena ne sera à la hauteur de la caste du Pedraza et est indigne du leader de l’escalafon des novilleros. 


La mise à mort est très « approximative » mais rapide d’effet. Une minorité du public obtiendra une oreille qu’une autre partie contestera à juste titre. Grande ovation à l’arrastre.

Le second, joli colorado, met bien la tête dès les premières passes de cape. Mal piqué, il s’emploie tout de même à deux reprises au cheval.   Carretero confirme qu’il est un bon muletero. Il réalise de bonnes séries templées surtout à droite. Mais il manque encore de métier.


Le toro qui a besoin d’être replacé à distance pour continuer à s’investir au bout de quatre passes. Par manque de métier, ou par trop grande envie de bien faire, le novillero impose des séries et une faena trop longues. Tout va à menos et le toro se décompose et accroche violemment le torero le blessant à l’aine. La mise à mort est laborieuse et Carretero flirte avec le troisième avis.
Le cinquième met lui aussi le bazar dans le ruedo à la première pique. Enfin placé, il prend une très belle seconde pique du picador mayoral Curro Sanchez. 

Rafael Cañada assure une excellente brega aux banderilles. Le toro est sérieux, encasté. Il fait l’avion à droite et est comme aimanté par la muleta sur cette corne. Diego Carretero , toujours aussi bon muletero,  l’embarque dans des  séries dominatrices à droite .


A gauche ,c’est plus compliqué   mais le novillero fait aller le Pedraza à mas. Confirmant , à la muleta, la très bonne impression laissée le matin , il tue malheureusement mal  et doit se contenter d’une vuelta très chaleureuse. L’arrastre est à juste titre ovationnée. S’il avait été meilleur à gauche, ce novillo pouvait prétendre à une vuelta, voire plus.


La troisième entre en piste boiteux. Maintenu en piste, le toro se reprend en début de faena. Peu piqué, il prend le dessus dans les premières passes sur Luis David Adame. 

Plus sérieux et plus appliqué qu’à Mugron, le mexicain  réalise une faena honorable tout en restant en dessous des possibilités du novillo qui lui va à mas Deux très bonnes séries à droite et à gauche précèdent quelques passes plus destinées au public.

 Après un pinchazo, l’estocade entière est très basse et en avant. Le toro tombe vite. Une oreille, légèrement contestée par une partie du public, est arrachée au président Olivier Martin
Le sixième est axiblanco, différent morphologiquement, avec une tête qui font penser qu’il s’agit du produit d’un semental d’encaste Contreras.  Très brave, mais avec une charge suave, il prend en poussant trois très bonnes piques avec  chute  du  groupe équestre  à la seconde.

 Oscar Bernal est très applaudi par le public. Le  peon Tomas Lopez excelle dans la brega lors de ce premier tercio.  Le toro est d’une noblesse très suave ; Adame en profite pour réaliser un exceptionnel quite par lopesinas données avec finesse et douceur. La mexicaine pose deux bonnes paires puis une « supérieure ». Le ton monte en piste et sur les gradins.   

Adame exploite avec beaucoup de sincérité et de classe la charge et de   fixité du Pedraza. Les séries templées des deux mains font se hérisser le poil sur les bras des aficionados présents. 


Toro et torero vont à mas et la fin de faena est à gusto. L’estocade est très basse mais aussi très rapide d’effet. Mouchoir bleu pour récompenser l’excellent utrero et Adame reçoit deux oreilles. Il invitera dans sa vuelta le ganadero Luis Uranga.



La sortie en triomphe du torero mexicain et du mayoral conclue une très grande journée de toros. Adame et Carretero sont deux jeunes toreros à suivre, les Pedrazas seront l’élevage à voir cette temporada.
Et nous reviendrons à Garlin, l’an prochain.

Thierry Reboul

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