Arzacq, révélation d’Alejandro Mora, triomphe d’Hector Gutierrez

Arènes d’Arzacq : novillada non piquée mixte

Deux  bichos du Comte de Mayalde pour le rejoneador Mario Luis Langa : salut au centre et une oreille
Cinq erales du Comte de Mayalde pour la lidia à pied
Alejandro Mora : une oreille
Jaime Casas : silence
Tomas Rufo : vuelta
Antoine Madier : un avis et silence
Hector Gutierrez : deux oreilles

Vuelta al ruedo au septième novillo
Le mayoral est invité par Hector Gutierrez après la mort du dernier
Le mexicain Hector Gutierrez remporte les deux prix mis en jeu à savoir celui de l’ACONSO et le Bayonne de Cristal.
Deux tiers d’arènes
Trois antis en ville attaquant sans distinction corrida et course camarguaise
Photos Romain Tastet

Après Magescq pour les Landes, c’est Arzacq qui ouvre la temporada  des Pyrénées Atlantique.
Pour la troisième fois, les organisateurs ont fait appel à l’élevage du Comte de Mayalde. Et comme jamais deux sans trois, le cru 2017 a été aussi bon que ceux de 2015 et 2016.
Très bien présentés, avec des armures qui inspirent le respect, ils ont fait preuve de caste, tout en restant, par leur noblesse, accessibles pour des jeunes toreros. 
Petit bémol, certains ont fait parfois preuve d’une faiblesse probablement explicable par le débarquement en direct du camion et le fait que les erales ont refusé de s’abreuver pendant leur séjour dans les corrales de Saint-Sever.

Cette tarde marquée par la révélation d’Alejandro Mora, le succès d’Hector Gutierrez restera dans la mémoire des aficionados comme étant celle de la despedida d’Antoine Madier. Le jeune landais a décidé à l’issue de la course de raccrocher les zapatillas. Respect pour la décision courageuse d’un garçon équilibré, qui a la tête sur les épaules et qui déborde d’Aficion. Qualités et passion qu’il saura mettre au service de la tauromachie, n’en doutons pas. Ce sont des jeunes passionnés comme lui qui doivent prendre le relais pour assurer l’avenir et la transmission de notre passion aux générations futures, et ce n’est pas une tâche facile.

Autre tâche compliquée, me faire comprendre (et aimer), le toreo à cheval, A Arzacq c’est la tradition, il y a toujours au cartel un rejoneador. C’est Mario Perez Langa qui a succédé cette saison au basque Roberto Armendariz. Face à un premier eral, mobile, encasté et exigeant nécessitant deux rejones de castigo, le jeune cavalier a eu du mal à imposer sa volonté à ses montures.  Les poses de farpas ont donné lieu à quelques touches. Le rejon de muerte a manqué d’efficacité et Langa a du mettre pied à terre pour descabeller.

Le second Mayalde très noble est un partenaire idéal pour le toreo à cheval. Plus serein Mario Perez Langa pose deux bonnes paires de banderilles et réussit de très bons passages entre les barrières et le toro. Les rejoneadores ont aussi un « rincon » pour tuer, inventé par Pablo Hermoso de Mendoza. Langa plante son rejon de muerte dans la dite zone et l’effet est foudroyant. Il coupe une oreille qu’il recevra, l’air boudeur convaincu qu’il était d’en mériter deux. Je n’ai pas une grande connaissance du rejon, mais je pense que cela aurait été exagéré.
Le mexicain Ricardo Santiago bloqué pour des raisons administratives au Mexique, est remplacé par Alejandro Mora qui n’est autre que le neveu de Juan Mora. Ce torero sera la révélation du jour.  Ce novillero avait montré des qualités à la Fragua qu’il n’avait pas pu extérioriser entièrement par la faute d’un becerro de peu de race.
Son eral, très bien présenté, descend du camion en manifestant quelques signes de faiblesse.  Il fait une vuelta de campana ce qui ne l’arrange pas. Le « neveu » cite le toro de loin en début de faena.L’animal vient avec noblesse mais fléchit en fin de série. 

Rapidement, le torero constate que le novillo est nettement meilleur à droite qu’à gauche. Il le cite à mi hauteur, réalise quatre naturelles élégantes mais sans trop se croiser. Puis il déclenche une naturelle croisée, templée et d’une grande suavité qui sera LA passe de la journée. Le novillero va trouver le sitio, la hauteur et la vitesse qui correspondent au mental et au physique du novillo. Il « pègue » de très bonnes séries à gauche et le toro tient et se livre de plus en plus. Une tentative à droite échoue. Même dans la série d’adorños,  les passes à gauche sont de très grande qualité et le remate sur la corne droite ne « fonctionne » pas Mora pinche sa première entrée à matar  et la seconde sera efficace bien qu’en avant. Il coupe la première oreille de la tarde. Au-delà de ce trophée, il a montré des qualités de lidia avec un vrai sens artistique qui pourraient bien en faire un des éléments à suivre en 2017.

Jaime Casas est lui de la famille du nouveau présentateur « vedette » de Toros TV (devenu depuis puis Toros). Son eral est lourd. Le mayoral fondait de gros espoirs en lui. 

Malheureusement le bicho est très faible. Il tombe à plusieurs reprises et la faena malgré la bonne volonté du torero manque d’émotion et d’intérêt. Casas s’y prend à deux fois avec le descabello, après un pinchazo et une entière tombée, pour tuer son adversaire. Le garçon est à revoir, car précédé d’une bonne réputation, ce qui sera possible dès ce week-end puisqu’il participe au certamen de la Fragua.

 Tomas Rufo  est le prototype de l’élève d’école taurine. Il sait faire les passes, les enchaine bien mais son trasteo manque de sentiment et donc d’émotion. Son eral costaud mais gacho, il est noble, charge bien sur les deux cornes. 

Le novillero enchaine une quantité pléthorique de passes, en restant sur le voyage. Il réussira une bonne série à gauche.  Dommage que le novillero n’est pas encore suivi toutes les unités de valeur  de sa formation car le novillo permettait bien mieux . L’arrastre est, comme celle du premier, applaudie. Le novillero s’octroie une vuelta, à revoir après quelques leçons de plus.

Antoine Madier est très crispé à l’heure du paseo et au moment de la sortie de son novillo en piste. Il le reçoit avec efficacité et le bicho semble noble. Il fera une vuelta de campana sur un quite d’Hector Gutierrez dont il sort affaibli. 

Antoine le cite de loin et à mi hauteur en début de faena.  Toujours stressé, le torero landais recule sur certaines passes et a des difficultés à retrouver le sitio.  

Le toro a une charge courte et manque de force ce qui n’avantage pas le torero qui finit par trouver la bonne distance et donne une bonne série à droite. Malheureusement la mise à mort est difficile et le bicho tombe au troisième descabello. L’air triste du jeune garçon rentrant dans le silence au burladero augurait déjà de la décision qu’il allait prendre.

Hector Gutierrez est un torero mexicain apodéré  par celui qui a lancé Leo Valadez. Le garçon est un excellent capeador et un bon muletero. Il touche ce jour un très bon novillo encasté et noble qui répond et répète avec alegria. Le torero allonge la charge d’un toro. sérieux et exigeant La faena accroche le public. 

Il y a  quelque chose d’intéressant chez ce garçon mais il  ne se croise pas, reste marginal. Ce qu’il fait, porte sur le public, il sait profiter des qualités de son adversaire mais on sent qu’il peut mieux faire. Il place un recibir très opportuniste, très efficace qui lui permet de couper deux oreilles et de remporter tous les trophées mis en jeu même si le torero de la tarde restera Alejandro Mora.
Le mouchoir bleu est sorti pour récompenser le novillo et le mayoral salue pour l’ensemble du lot.


En parlant de trophée, celui de la connerie congénitale est attribué sans conteste aux trois antis qui repoussés des arènes par la gendarmerie distribuaient en ville leurs prospectus tout en brandissant des pancartes. Sur l’une, leur message  était illustré par une photo de courses camarguaises prises aux arènes de Saint Laurent d’Aiguouze. Au-delà de la confusion entre biou et toros qu’ils sont incapables de différencier,  leur message pourrait quand même faire réfléchir certains camarguais qui se croient à l’abri de leurs attaques. N’est ce pas monsieur Messeguier ?
Les antis  sont de moins en moins nombreux, pas de barrière autour des arènes et des contrôles light, mais ceux qui restent ne brillent pas par leur intelligence.
Prochain rendez vous à Pontonx, les 25 et 26 pour le certamen de la Fragua.


Thierry Reboul.

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