Premières analyses du début de temporada dans le Sud-Ouest
(photos Matthieu Saubion et Nicolas Couffignal)
Séville se termine, Madrid démarre et les arènes du Sud-Ouest font une pause entre le Bolsin de Bougue et la novillada de Captieux. L’instant est propice pour faire une analyse de début de temporada en Gascogne et se projeter sur les cartels des principales Férias de notre région.
Séville se termine, Madrid démarre et les arènes du Sud-Ouest font une pause entre le Bolsin de Bougue et la novillada de Captieux. L’instant est propice pour faire une analyse de début de temporada en Gascogne et se projeter sur les cartels des principales Férias de notre région.
Le fait marquant de ce
début de temporada est le « No Hay Billetes » de Garlin. C’est le
fruit du travail réalisé, depuis sept ans, par les organisateurs locaux combiné
à l’effet « Dorian Canton ».
Magescq, Arzacq, Mugron, Gamarde ont
connu des affluences intéressantes pour le trésorier mais aussi indicatrices
d’un regain d’intérêt. Est il ponctuel
ou pas ? L’avenir nous le dira mais sachons analyser ce qui a bien
fonctionné (politique envers les jeunes ; sérieux de l’organisation, des
toros et des cartels, toreros locaux taquilleros, …..) pour les transposer
ailleurs.
Le Sud-Ouest est une
terre de novilladas non piquées. D’ailleurs deux courses ont été données le
même jour à Pontonx et Arzacq. Situation, indépendante de la volonté des organisateurs
qui ont déjà du mal à trouver des disponibilités dans ces structures multimodales
et qui devraient faire réfléchir certains qui rêvent de faire couvrir leurs
arènes. Le toit abrite de la pluie mais enlève sa spécificité (et son charme) à
la placita et la tauromachie devient un simple utilisateur et non plus la
finalité du lieu. Bientôt on peindra les barrières en noir pour qu’elle ne
détonne pas lors du spectacle de la dernière starlette de Voice en tournée dans
la France profonde. Pontonx a souffert du doublon, dommage car le projet mené
par Juan Leal est de ceux qui construisent l’avenir de la corrida.
Aire continue sa lente
remontée de l’enfer avec des aficionados militants, volontaires mais qui ont
encore un chantier long et complexe à mener. Espérons que les divisions apparues dans le microcosme
taurin aturin ne soient pas un frein à cette nécessaire remontada. En espérant
qu’il ne soit pas trop tard, il va falloir que l’Aficion se mobilise pour aider
Aignan.
Certes la météo n’est pas toujours sympa à Pâques, mais les
organisateurs locaux, remarquables par leur passion et leur investissement,
méritent mieux qu’une petite moitié d’arène.
Six novilladas non
piquées et deux Bolsins ont été organisés depuis ce début de temporada. C’est
le jeune torero de Chiclana Christian Parejo vainqueur à Arzacq et Bougue qui a
marqué ce début de saison. Il allie à la fois technique aboutie, sincérité, et toreria
.Il est le novillero à suivre d’autant
que sa victoire à Bougue fait qu’on le verra souvent dans nos arènes
Autre novillero intéressant, Miguel Polope le
vainqueur de Pontonx, c’est un torero poderoso mais un peu froid. Solalito a
confirmé à Magescq et Aignan les progrès réalisés depuis l’an passé. Il a
choisi, avec sagesse, de rester en non piquée cette saison, de toréer en
Espagne pour continuer à s’aguerrir. Souhaitons lui, tout de même ; de ne
pas se laisser gagner par cette lassitude qui envahit les novilleros qui sont
prêts à passer à l’échelon supérieur et qui n’ont plus grand-chose à prouver en
non piquées.
A Mugron a débuté et
triomphé Jean Baptiste Lucq. Il est encore vert mais on sent le garçon
intelligent dans sa manière d’intégrer les conseils de son professeur, de se
placer et de se lidier. A suivre, si le
garçon qui arrive assez tard sur le circuit
décide de persévérer.
On a vu à plusieurs
reprises, le nîmois Niño Julian. Le garçon est vaillant, a une vraie
personnalité mais doit absolument progresser avec les aciers. Second du Bolsin
de Bougue, le sévillan Miguel Uceda Vargas mérite d’être revu.
Côté bétail, les San
Roman d’Arzacq n’ont pas fait oublier
les Conde de Mayalde des éditions précédentes. On retiendra les Alma Serena de
Mugron sérieux et intéressants, les deux derniers Camino de Bougue nobles et
encastés et le très intéressant quatrième eral du Lartet à Aignan.
Trois novilladas ont
été proposées aux aficionados du Sud-Ouest. Dorian Canton a participé aux trois
sans totalement convaincre. Deux oreilles généreuses à Garlin à son
dernier sont l’arbre qui cache la forêt.
Le béarnais qui prend l’alternative en Août à Bayonne, a fortement progressé en
2018 mais il a du mal à redémarrer en ce début de temporada. Il lui reste
Vic et Captieux (à moins d’un report de la course annulée à Vergèze) pour se
préparer à passer à l’échelon supérieur. C’est peu mais garçon est
intelligent ; bien entouré et en vrai béarnais aime les défis.
A Garlin, Alejandro
Mora a montré qu’il avait les qualités qui devraient lui permettre de se faire
un prénom.
Yon Lamothe a débuté et triomphé à Mugron. Il a du potentiel mais,
et c’est normal, il a encore à travailler. On le verra souvent dans le Sud-Ouest,
à lui de profiter de ces opportunités pour progresser. C’est Juan Carlos
Carballo qui a été le novillero le plus en vue de ces trois après-midi taurines.
Le jeune homme est vaillant et sait peser sur les novillos même compliqués
comme l’ont été les Fraile aturins. On devrait le revoir, avec intérêt, sur les
novilladas « toristas »
Des Pedraza de Garlin
sont ressortis du lot, les exemplaires combattus lors de la Fiesta Campera
matinale et à un degré moindre les deux premiers de l’après-midi. Le reste a
manqué» de fond.
Les Baltasar Iban de
Mugron ont déçu.
Hétérogènes de présentation, avec des armures commodes et vite
abîmées, ils ont eux aussi manqué de fond et même de race pour les utreros de
la rame Pedraza. Seuls les purs Ibanes
offraient quelques possibilités.
Les novillos de Fraile sont
sortis compliqués mais avec un certain intérêt à Aire sur Adour.
Seul Carballo
avait à la fois l’expérience et la
technique pour gérer ce type de bétail mansos con casta avec un côté casta
plutôt piquant.
Deux corridas nous ont
été proposées avec à chaque fois une forte déception côté bétail que ce soit
avec les Castillejo de Huebra de Gamarde ou les Lora Sangran d’Aignan. Les
organisateurs ont fait l’effort louable de sortie des ganaderias vues et archi vues,
mais cela ne peut pas marcher à tous les coups. Dommage que Luque ait déclaré
forfait à Gamarde. Sa confrontation avec un Pablo Aguado excellent ce jour là aurait
donné une toute autre dimension à la corrida. Ni Galvan, pueblerino, ni
Garrido, apathique, n’ont pu rivaliser avec l’artiste sévillan.
Pablo a confirmé qu’il était un grand torero
artiste et son triomphe à Séville n’a pas du surprendre les aficionados
présents à Gamarde (et encore moins les inconditionnels qui ont cru en lui dès
ses premières non piquées).
A Aignan, Lamelas a
triomphé sans convaincre porté par sa popularité dans le Gers et un vent de
fronde contre les organisateurs vicois qui ne l’ont pas programmé pour leur
Féria. L’homme est sympathique, le torero est courageux mais trop limité
techniquement.
A Captieux commencera
le second tiers temps de la temporada. J’hésite à jouer les voyantes en
identifiant des corridas à ne pas manquer ou bien les fracasos prévisibles. Je
préfère parler des attentes impatientes et de mes craintes.
Dans le Sud-Ouest j’attends
avec impatience
- · à Vic les tercios de piques, les Dolorès Aguirre, la corrida du lundi
- · les Valdefresno d’Aire
- · les novillos de Boujan (je sais c’est dans le Sud-Est mais l’esprit y est très Sudouestien)
- · Au Plumaçon Perera et Aguado face aux Fuente Ymbro
- · A Riscle les Lartet de la famille Bonnet et les Pablo Mayoral de la famille Turquay
- · Les Aguadulce de Parentis
- · A Riscle les Lartet de la famille Bonnet
- · Les Blohorn à Soustons
- · à Bayonne, le solo de Luque
- · Les Loretto Charro de Mimizan
- · La concours de Saint Perdon
Mes craintes et doutes
portent sur
- · la faiblesse du cartel des Dolores Aguirre de Vic
- · le peu d’intérêt des organisateurs montois pour les deux novilladas non piquée et piquée
- · le choix de ganaderos espagnols « installés » pour les deux non piquées dacquoises avec le risque de leur voir écouler leurs fonds de tiroir
- · l’intérêt de renouveler les Santiago Domecq à Dax. Ce n’est pas un indulto discutable qui fera oublier l’extrême faiblesse des toros lidiés à Dax et Saint Sébastien en 2018, d’autant plus que la tête de camada a été réservée pour Séville.
Les arènes sont plutôt bien remplies. Les
manifestations des antis, dont la vacuité intellectuelle ne faisait aucun
doute, finissent par être vides de
participants. L’accès aux arènes n’en est que plus agréable mais méfiance. L’apparition
dans leurs rangs de végans, ces terroristes animalistes, aux méthodes dignes du
KGB ou de la Stasi doit nous inciter à rester vigilants.
Prochain rendez
vous pour le débriefing de la Féria Vicoise
Thierry Reboul
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