Saint Sever : le courage d’Anaïs et la classe d'Alejandro

Photos Matthieu Saubion et Isa du Moun

Comme dans la chanson des Beatles, il y a deux mots qui vont bien ensemble. Ce sont les mots culturelle et taurine. La Peña Jeune Aficion de Saint Sever a décidé d’associer ces deux vocables dans une semaine d’animations.  La 33ème édition a été conclue par une journée taurine en   avec le matin, une becerrada et l’après-midi un non piquée.
Le choix du 11 Novembre pour organiser ces deux courses comporte un risque « météorologique ». Cette année, les dieux de la météo ont programmé un temps londonien dans la capitale du Cap de Gascogne. Ils l’ont fait pour que les antis ne manifestent pas. Il va falloir leur expliquer que l’engeance animaliste est réduite à la portion congrue et qu’elle n’ose plus sortir de peur d’être ridicule .Donc l’an prochain , les gestionnaires de la météo sont priés de nous livrer soleil et douceur automnale pour la 34ème édition.
Le temps a nui à la fréquentation de cette journée taurine. C’est dommage pour les organisateurs et les jeunes toreros qui ont besoin de se faire connaître. On aurait aimé plus de monde aussi pour rendre hommage à un grand Monsieur de la tauromachie française qui toréait pour la dernière fois ce samedi. Philippe de Lapeyre dit «
 El San Gillen » s’est coupé la coleta à l’issue de la novillada.

Je l’ai vu en habit de lumières pour la première fois dans une portative installée sur un terrain vague de la ZUP NORD nîmoise. De sa carrière je garderai en mémoire   , une novillada matinale à Arles et une autre à Vic et ses poses de banderilles citées de rodillas quand il actuait comme sobresaliente de Chamaco et Ubrique. A cette époque, il a croisé la route de deux de mes proches Jean Claude l’ami des toreros français et Vivian le raseteur. Déjà ils m’avaient parlé de ce novillero passionné de toros, un peu fantasque mais surtout pleins de qualités humaines. Qualités qu’il a confirmé en tant que banderillero et professeur à l’Ecole taurine de Béziers. Nous nous sommes souvent croisé avec Philippe et j’ai toujours apprécié sa simplicité et sa gentillesse et son Aficion. Il n’abandonne pas complètement les ruedos puisqu’il se consacrera dorénavant à temps plein à la formation des jeunes espoirs de la tauromachie et ce sera avec un grand plaisir que nous le reverrons dans les callejones de nos placitas.

Arènes de Saint Sever, becerrada en forme de classe pratique
de la 33ème semaine taurine et culturelle.
Quatre becerros de Coquilla de Sanchez Fabrès, encastés, exigeants avec un excellent premier pour
Adam Samira (Arles) : silence
Anaïs Taillade (Béziers) : salut
Tristan Espigue  (Rhône Aficion): silence
Nino (Nîmes) : une oreille
Le prix Félix Robert est déclaré desertio
Public restreint mais très aficionado
Météo à ne même pas mette un anti dehors
Pour la seconde année consécutive, les organisateurs ont fait appel à la ganaderia de Coquilla de Sanchez Fabrès pour leur classe pratique matinale. Le principe de cette course est de permettre à des élèves d’écoles taurines quasi débutants de s’exercer face du bétail de moins de deux ans    Le public très aficionado a parfaitement compris les tenants et aboutissants de cet exercice et a soutenu les jeunes aspirants quand ils ont été en difficulté en particulier avec les aciers.
Comme l’an passé, les coquillas, très présentés, trop peut être, ont donné du jeu. Encastés et nobles ils ont dominé de jeunes toreros manquant d’expérience. A l’exception du premier très bien toréé par Adam Samira, les trois autres n’ont pas pu exprimer toutes leurs qualités. Après les lots de  Maubourguet et de Saint Sever en 2016  et 2017, il est vraiment dommage que le ganadero ait décidé de ne plus produire de toros ou de novillos.

Le premier costaud et gacho est bien reçu à la cape, Il est  noble mais a besoin qu’on lui apprenne à passer.  En vrai coquilla, il faut que le torero pèse sur lui, l’allonge   en lui ouvrant la sortie à l’issue de la passe. Adam Samira de l’Ecole Taurine d’Arles a un bon niveau technique et un vrai sens de la lidia.  .Il baisse la main, guide avec autorité et temple   sans l’étouffer le toro. Il fait grandir dans sa muleta, un novillo qui  se révèle excellent, voire exceptionnel.  Torero et toro vont à mas. Tout est prêt pour que soient coupées les deux premières oreilles de la journée. 

Hélas le garçon va fracasser avec les aciers. Malgré cela il est applaudi par les aficionados présents qui le reverront l’an prochain avec plaisir.
 Le seconde est plus charpenté mais plus léger.  Face à lui une débutante Anaïs Taillade. La jeune biterroise. Manque de métier et de poder.  Le novillo est compliqué et la bousculera à plusieurs reprises. Elle possède   un courage gros come une montagne. Sous les coups, elle ne recule pas et retourne au combat malgré la douleur  

Au-delà de l’immense respect que sa prestation inspire , on doit quand se poser la question des risques que l’on fait prendre à un torero aussi peu expérimenté, homme ou femme le problème est le même, face à un bétail aussi bien présenté et exigeant. Le novillo n’est pas dominé car trop compliqué pour Anaïs.     La torera saluera, à l’appel d’un public dont elle a forcé le respect, après une mise à mort où elle s’engage avec foi  sans démériter
Tristan Espigue (Ecole Rhône Aficion) a plus de pratique. Il passera à côté d’un eral exigeant, lui aussi, qu’il mettra du temps à comprendre. Débutée à mi hauteur, sans donner la sortie la faena est brouillonne  A la fin, 

Tristan  allonge plus la charge et construit deux séries sur chaque corne plus abouties mais pas suffisamment dominatrices.   Il tue, lui aussi, mal.
Le quatrième est bien dans le type Coquilla. Il est reçu à la cape par Nino élève de  Christian Lesur. Il  banderille  avec ses collègues de l’école taurine. Le jeune torero est très courageux, volontaire mais manque d’officio. Il alterne de bons passages, baissant la main, puis il se fait dominer par un eral exigeant. Torero. Il  tue d’une entière un peu en avant  très rapide d’effet. et coupe la seule oreille de la matinée.

Initiative intéressante, la brega a assurée par des élèves des écoles taurines encadrés par des peones expérimentés. Se sont illustrés Dylan Rymbaud, Thomas Ubeda et Antoine Saroul.

Le  prix Félix Robert est déclaré desertio.



A l’apéritif, les chroniqueurs taurins du Sud Ouest ont donné leur palmarès pour la temporada qui vient de s’écouler.
- Prix "Tio Pepe" à la meilleure corrida de toros: “Pedraza de Yeltes” combattue le 14 août à Dax par les matadors de toros Rafaelillo, Daniel Luque et Román.
- Prix “Monosabio” a la meilleure novillada avec picadors: Los Maños de Bayonne.
- Prix à la meilleure novillada sans picadors: Ganaderia du Lartet pour l'encierro combattu à Bayonne le 2 septembre.
- Matador triomphateur: Juan Bautista.
- Novillero triomphateur: Désert.
- Novillero sans picadors: Manuel Diosleguarde.
- Prix spécial: A Emilio de Justo pour son extraordinaire campagne 2017 lors de laquelle il a triomphé à l'issue de toutes les corridas dont il a effectué le paseo, combattant entre autres, des encierros de Palha (Vic-Fezensac) ; Adolfo Martin (Mont de Marsan) et Victorino Martín (Dax et Mont de Marsan).
L'Association des Critiques Taurins de France, section Sud-Ouest a souhaité décerner un autre Prix spécial à l'initiative menée depuis trois ans par le matador Juan Leal qui organise le Bolsin de “La Fragua” dont l'objectif est de donner une opportunité aux aspirants toreros dans les arènes couvertes de Pontonx.
Fin novembre, sur les Chroniques du Moun vous pourrez lire une synthèse de cette temporada



 Ils ont également remis à Baptiste Cissé son prix pour la temporada 2016;



Arènes de Saint Sever,
 novillada non piquée de la 33ème semaine taurine et culturelle
Quatre erales de Navalrosal légers, bien armés, mansos à l’exception du dernier pour
Alejandro Mora : un avis et une oreille
El Lauri : un avis et silence
Yon Lamothe : deux avis et salut au tiers
Miguel Aguilar : deux oreilles
Se sont distingués aux banderilles Thomas Ubeda et El Santo
A  l’issue du paseo a été observée à la mémoire de tous les taurins et aficionados décédés cette année dont  le peintre landais Jacques Lasserre
Météo désagréable
Petite entrée 
Prix l’ACONSO partagé entre Mora et Aguilar
Prix au triomphateur : Mario Aguilar
Prix « In vino veritas » pour le meilleur torero al natural : Alejandro Mora
A l’issue de la course El San Gilen s’est coupé la coleta.
Les quatre garçons qui ont fait le paseo cette après-midi sont sortis des arènes déçus. Les erales de Navalrosal, encaste Nuñez, ont manqué de race et forces. A l’exception du dernier, ils ont posé des problèmes à des toreros, heureusement expérimentés, et qui ont fait leur possible pour en tirer le maximum.
Le premier eral, très armé,   manque de charge  et transmet peu d’’émotion lors des premières séries 
droitières pourtant élégantes de Mora. Le novillero, qui s’était illustré au capote, prend la main gauche et la faena gagne en intensité et en intérêt. Avec autorité et temple, le novillero embarque l’eral  dans des séries de naturelles  très templées.


 Il reprend la main gauche, après une tentative à droite sans réussite, et enchaine de superbes naturelles de face rematées par de profondes trincheras. Le président refuse la musique, on se demande pourquoi.  Les dernières  naturelles aidées par le haut rappellent celles d’un certain torero gitan. Mélange de Juan Mora et de Rafael de Paula, Alejandro ne coupe qu’une oreille car il doit entrer trois à matar avant de placer une épée efficace. Qu’importe, le garçon sera un des novilleros à suivre en 2018 ;

 Le second est bien fait mais manque de forces.  A la muleta,  il se défend plus qu’il ne charge. La faena d’El Lauri   manque forcément de lien et de transmission.  

 Le novillo tombe si le novillero baisse la main. Le novillero se fait accrocher dans des  séries finales trémendistes et brouillonnes. Le Navalrosal finit totalement décomposé et la mise à mort est longue et approximative.

Le troisième est le plus bas du lot. Yon Lamothe  le toréé de cape en le faisant humilier. Après de bons doblones, sur la première série de muleta, le bicho chute comme il le fera chaque fois que le matador l’oblige. . 

Yon doit se bagarrer avec lui pour le faire passer.  A force d’opiniâtreté Il en tire  une bonne série, courte, à droite.   . En difficulté avec le descabello, il doit se contenter de saluer au tiers.  

Le dernier   sera le plus solide du lot. Il a une  charge   franche et   collaboratrice.  Dans la muleta, le bicho met bien à la tête.

 Il part de loin et charge avec une certaine alegria. Le mexicain Miguel Aguilar, souvent profilé, construit une faena volontaire qui porte sur le public. Les séries sont appliquées,   mais manquent de profondeur. L’estocade, rapide d’effet,  lui permet de couper deux oreilles.

Thierry Reboul


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

LES VISITEURS - LA RÉVOLUTION

YHANN KOSSY & LUCAS VERAN

L'ATELIER suivie de La PRINCESSE la SORCIÈRE et le LOUP