Conférence "TAUROMACHIE A ST-SEVER ENTRE TRADITION ET ARCHITECTURE"

Il y a un mystère à Saint Sever. Comment expliquer en effet qu'une conférence avec un titre si peu attractif, à une heure tardive en pleine semaine attire près de 80 personnes? 

La conférence était donnée par deux jeunes femmes, la blonde Mathilde Lamothe qui nous a parlé du patrimoine culturel immatériel, et la brune Marie Ferey, qui nous a parlé de l'étude des pratiques liées à un lieu, comment ce lieu est adapté à la pratique et comment la pratique s'adapte au lieu. 

Les deux thèmes étaient intéressants à mettre en parallèle, mais si la brune Marie parlait haut et fort, racontait comme une histoire passionnante ses découvertes à St Sever, la blonde Mathilde était moins audible, cherchait dans ses notes et ses conclusions tombaient à plat. Je ne mets pas ici en cause son travail ou ses recherches, mais dans l'art oratoire on trouve des gens doués, et d'autres moins. Et Marie est très très douée, d'où la comparaison.

Dans les archives de la ville, on trouve trace des jeux taurins par les interdictions, car s'il y a interdiction c'est qu'il y a pratique. Puis à partir de 1500, comme tous les conseils municipaux sont archivés, on trouve des achats de barrières un peu avant les fêtes de la St Jean, donc c'est qu'il y a course de taureaux. 
1567: une bulle papale menace d'excommunication tout public se rendant aux toros. Suivi en 1630 d'une interdiction royale, puis comme rien de ceci n'a d'effet, les jurats continuant de faire courir les taureaux pour l'amusement du peuple, Louis XV autorise la pratique, mais hors la ville, d'où de nombreuses constructions, mais pas à St Sever, où on a continué à faire courir les animaux place de Tour du Sol.

Marie nous a raconté que l'on faisait courir des taureau selon un parcours qu'elle a démontré, de l'entrée médiévale de la ville, en passant par la place Tour de Sol, puis en allant au quartier de la Guillerie, où se trouvait l'abattoir. En passant elle a découvert que le nom de Guillerie n'avait rien à voir avec une hypothétique fabrique d'aiguilles (dont elle n'a trouvé trace) mais le nom découlait de l'ancien nom "aiguillade" qui signifie l'endroit où est capturé le taureau avant d'être conduit à l'abattoir. 
Ce qui est cocasse, c'est que la pratique de tauromachie sur une place fermée a perduré dans le quartier de Pontix, dans un ancien fossé clos avec des barrières temporaires alors que les arènes de Morlanne étaient construites. Ce qui prouve (si besoin était) l'enracinement profond de la tauromachie à St Sever. 

La course landaise s'apparente par bien des aspects à une pratique sportive, de part les fédérations, le calendrier, le comptage des points, là où la tauromachie à l'espagnole est plutôt un art, et son calendrier suit les fêtes patronales de la ville. 

Mathilde nous a ouvert un chapitre qui nous a laissé les yeux ronds d'étonnement: la symbolique. St Jean Baptiste patron de la ville, est le fils de Luc, que l'on représente toujours avec un taureau, et pour la naissance du petit Jean-Bat, un taureau fut sacrifié. Ce qui n'étonnera pas plus que ça ceux qui ont lu la Bible, les sacrifices y étant nombreux, et réalisés en toutes occasions! Les mythes grecs de Mithra ou Minos ne sont pas non plus les ancêtres de la tauromachie à St Sever...

A Saint-Sever  il y a une banda, crée en 1970, sur le modèle des bandas espagnoles, et plusieurs peñas taurines, ce qui est exceptionnel dans un village. 
Et enfin, place Tour du Sol se trouvent les seules maisons construites avant 1900 et pourvues de balcons. Ceci afin de pouvoir regarder et se montrer lors de toutes les manifestations festives données sur la place. 

La seconde partie parlait de l'élevage, avec enquête à Bacotte et à Meynus.
Bacotte appartenait aux jurats, donc ils pouvaient acheter et réserver des animaux pour les pratiques taurines. Meynus faisait partie d'un ensemble de métairies appartenant au même propriétaire, et c'est là que l'on pressait tout le raisin du propriétaire. 
On y faisait aussi de l'élevage, car entre l'étable et la pièce de vie, on trouve les fameux "restouns" : trous par lesquels on passait la tête des bovins afin de leur faire avaler patiemment des feuilles de maïs qu'ils n'auraient pas voulu avaler, pratique réalisée lors du manque de foin. (remarque de moi même, pas du tout des deux conférencières). Les restouns servaient également à récupérer la chaleur de l'étable afin de chauffer la maison (et la parfumer aussi certainement).

Mathilde nous a parlé de "course de cuisinière" mais n'a pas trouvé à quelle date cela se transforme en jeux de "la classe" de conscrits. 

Après un petit film sur Bacotte et Maynus, très bien réalisé, il y a eu des questions, mais là, vraiment, à 23h passées, je ne pensais qu'à mon lit et n'ai pas pris de notes...

Merci à la Peña Jeune Aficion !

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