Corrida d'Eauze,certains ont aimé, moi pas.

Arènes d’Eauze : Corrida des fêtes 2015

6 toros de Banuelos pour     

Cesar Jimenez (une oreille, une oreille)
Manuel Jesus Perez Mota (une oreille, deux oreilles)
Juan Leal (une oreille, salut)
Cavalerie Heyral
4/10 ème d’arènes
Temps agréable
photos Christian Sirvins

Il est difficile de faire la reseña d’une corrida triomphale quand on ne partage pas l’enthousiasme de la majorité des spectateurs présents.  D’aucuns me diront que ce qui est important c’est que les "gens soient contents", qu’il faut savoir  lâcher prise et se laisser aller à l’instant présent, je l’admet à défaut d’adhérer.

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Mon propos n’est pas de dénigrer les personnes qui ont vu en la corrida de dimanche à Eauze  une corrida « exceptionnelle » mais d’en donner ma lecture. Leur opinion a autant de poids et de valeur que la mienne,et peut être, ont-ils raison, ils sont sortis de l’arène heureux alors que je rejoignais mon véhicule avec le masque des mauvais jours.

Comme parfois au restaurant, un convive peut dire qu’il n’a pas aimé un plat encensé par tous les autres. Ce dimanche, certains ont aimé, moi pas.

Je sais, quand même, que je ne suis pas le seul à partager ce point de vue. Je l’ai constaté en échangeant pendant la corrida avec mon voisin, aficionado très au fait de la chose taurine malgré son jeune âge ainsi qu'avec un aficionado plus âgé.  

J’ai apprécié, pour une fois, la présidence de la course qui a passé son après-midi à résister aux demandes de seconds trophées et de vuelta pour le toro. Ils ont appliqué le règlement en tenant compte de la pétition majoritaire pour accorder le premier trophée et n’ont cédé qu’une fois à la pression populaire en doublant la récompense au cinquième toro.

Je n’ai pas aimé les hurlements de certains dès le contact du toro au cheval, les insultes adressées aux piqueros qui avaient juste fait leur travail et les applaudissements à ce qui ne l’ont pas fait. Je n’ai pas aimé les quolibets et les rires quand face au toro le plus sérieux, pour une fois bien mis en suerte, le cavalier, à la voix, le citait.

Si on en vient au déroulement de la course. Les toros, tout juste âgés de quatre ans, constituaient un ensemble homogène en armures, développées et astifinas, mais hétérogène en trapio. Les quatre premiers, plutôt petits, contrastaient avec les deux derniers plus costauds. 

Même hétérogénéité pour les comportements, les quatre premiers, toros modernes, nobles et parfois sosos, les deux derniers sont sortis compliqués et ont posé des problèmes à leurs toreros.
Face à la cavalerie de Philippe Heyral, neuf rencontres dont une seule poussée. Le cinquième en chargeant alors que le cavalier se replaçait à provoquer la chute du groupe équestre. 

Cesar Jimenez tente un come back. Il nous avait montré, il y a deux ou trois ans à Rion qu’il avait un bon bagage technique. Il l’a utilisé ce jour pour exploiter la noblesse naïve de ses deux opposants.

Il va donner le ton de la course face au premier : mono pique, passes à genoux pour commencer la faena et toreo profilé.
 Le toro charge et répète de façon rectiligne. Le torero, avec beaucoup de métier, va le toréer sur le voyage.  Profilé, il accompagne la charge avec le bout de la muleta. Il y a des passes, certaines élégantes. Cela reste un joli spectacle mais il manque de la sincérité.


L’épée, plate et un peu de côté, fait rapidement son effet et la première oreille tombe.
Le quatrième est juste de force. Economisé à la pique, il se révélera être soso à la muleta. Il suit la muleta fidèlement, sans à-coups et lentement.

 Cesar Jimenez peut se croiser un peu plus, toréé relâché avec plus de lenteur. C’est joli mais manque d’émotion.


Le torero réduit les terrains en même temps que le toro réduit sa charge. Une entière basse et rapide d’effet et tombe la seconde oreille.

Le public gersois aime Manuel Jesus Perez Mota depuis son triomphe en 2014 face aux Cebada Gago. On ne peut pas enlever au garçon une certaine envie de toréer et un vrai courage . Son premier toro a dès sa sortie une charge courte .Peu piqué, il va se montrer par moment fuyard, manso. 


Il se livre dans la muleta par à-coups. Perez Mota va le toréer de manière élégante, recherchant à chaque fin de passe les applaudissements. A droite les passes sont bien faites, allurées mais sans se croiser et sur le pico. 


A gauche, le toro est un peu plus compliqué et le torero est plus en difficulté sur cette corne. Une entière de côté  et le palco doit accorder une oreille.
Le cinquième est le plus costaud du lot. C’est un manso con casta qui va pousser en mettant les reins à la première pique.


Il hésite à partir pour la seconde, charge quand le cavalier se déplace et renverse le groupe équestre sans être piqué. 


Il sortira seul de la dernière rencontre dès le contact avec le fer. A la muleta, le toro est compliqué. Il a une corne droite criminelle. Face à un tel opposant, le torero doit se croiser. Perez Mota est courageux, il va au charbon avec sincérité mais il n’arrive pas à corriger le défaut du toro qui finit par prendre le dessus.


Il lui reste à gérer la corne droite au moment de l’estocade .Il choisit, et c’est compréhensible, de  prendre les extérieurs. La chance lui sourit, l’estocade est entière, en place et très spectaculaire d’effet. Le public demande un double trophée (une de trop) et la vuelta pour le toro .La présidence accède à la première demande et résiste à la seconde

Je ne suis pas fan de la tauromachie de Juan Leal  même si j’apprécie l’homme et son engagement pour aider les jeunes toreros. Son premier adversaire, bien banderillé par Marco Leal, est noble. Il charge de loin. 

Le torero, comme à son habitude décide de réduire très vite les terrains et toréé dans un mouchoir de poche. 

Le toro, se prête au jeu s’investit dans le combat et y laisse beaucoup de moral. A la fin, saoulé de passes, il regarde les planches quand le matador lui présente la muleta. L’estocade est bonne et rapide d’effet, le public obtient une nouvelle oreille.

Le sixième Banuelos a un comportement proche du cinquième.



Il va poser des problèmes au torero dès le premier tercio.
Après avoir commencé par des derechazos à genoux, suivi par une bonne série à droite, 
Juan Leal réduit les terrains. 

Le toro est manso, donne lui aussi un coup de corne en sortie de passe et le torero n’arrive pas à mettre en place sa tauromachie.
Il se met en danger et en difficultés et a du mal à tuer (quatre pinchazos et deux descabellos).

Cesar Jimenez et Perez Mota associe éleveur et mayoral à leur sortie en triomphe.  Cela fait joli sur la photo mais est totalement injustifié.

Fin de corrida triomphaliste, des spectateurs contents, quelques ronchons qui le sont moins. Cela ne changera pas le monde, mais je suis inquiet. Il y avait beaucoup de places vides sur les gradins, de nombreux habitués des arènes n’étaient pas là. Je crains que la corrida à Eauze soit en perte de vitesse comme elle l’est à Saint Sever et à Aire. Et quand on voir le mal que se donne les aturins pour remonter la pente, les élusates  doivent très rapidement réagir.

En attendant Madeleine, nous irons nous ressourcer à Plaisance le 14 juillet, puis à Garlin et Tyrosse le week end suivant.

Habituelle sortie dominicale d'une poignée de harpies animalistes, maintenues loin des arènes, de moins en moins nombreuses et toujours aussi ridicules (voire plus).

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