Triomphe d'Antoine Madier à la non-piquée de Samadet

Samadet ,samedi 12 mars 2016
Féria de la Faïence , novillada non piquée
(photos de Philippe Latour)


Deux erales d’Alma Serena (1,3) et de Philippe Cuillé (2,4), convenablement présentés et donnant du jeu à l’exception du troisième manso pour :

Pierre Mailhan : un avis et vuelta
Tomas Ubeda : un avis et silence
Rafi : un avis et silence
Antoine Madier (début en non piquée) : un avis et deux oreilles

Belle moitié d’arènes
Sortie en triomphe d’Antoine Madier

Il est des sorties d’arènes où le public tarde à quitter les environs de la placita. Ce samedi, à Samadet, tous les  présents échangeaient sur un jeune débutant inconnu et qui a surpris puis enthousiasmé le public damant le pion à trois novilleros bien plus expérimentés.
Pourtant  Antoine Madier a déjà foulé le sable de toutes les arènes du Sud Ouest et participé aux plus grandes ferias. Pétri d’Aficion, il fait partie de l’équipe d’Alain Bonijol. Mais son rêve n’est pas d’être picador, il veut devenir torero .
Il y a quelques années il s’est vu fermer les portes d’Adour Aficion. Têtu comme tout bon landais, il rejoint le Centre Français de Tauromachie dirigé par Patrick Varin.  Il a réussi à concilier Etudes Supérieures et allers retour Grenade-Nîmes pour les toros.
A Samadet, il jouait à quite ou double et ce fut double. Il a étonné tous les présents par sa planta torera, son répertoire et sa connaissance de la lidia.
Ses compagnons de cartels n’ont pas démérité, mais sont restés en dessous d’intéressants erales d’origine Miranda de Pericalvo provenant des ganaderias d’Alma Serena et Philippe Cuillé. Ils ont aussi failli avec les aciers .

Pierre Mailhan a perdu du poids mais il ne pourra jamais rapetisser. Face à un novillo de petit format, il a du mal à transmettre de l’émotion. L’eral est excellent, vient de loin et embiste. Mais le saintois préfère composer la figure à lidier.  Il ne profite pas de la très bonne corne droite pour  dominer et améliorer une corne gauche moins claire.  Le novillo est exigeant. Pas dominé, il prend le dessus sur le torero qui se retrouve à plusieurs reprises en difficulté. Tentative opportune et honorable de recibir, hélas l’épée est très en arrière . Le jeune torero transforme un salut timide en vuelta.


Tomas Ubeda a de bons principes mais il manque d’expérience. Très vert , face à un toro de Cuillé sérieux et exigeant , il a du mal à trouver et garder le sitio. Il a encore des difficultés à enchaîner les trois temps de chaque passe et finit par se mettre le bicho dessus à la sortie . Le novillo prend le dessus. Pas assez dominé, il devient de plus en plus compliqué. L’épée portée avec sincérité est très caïda . Tomas éprouvera d’énormes difficultés avec le descabello . A noter le comportement exemplaire du public qui est resté silencieux malgré la kyrielle de descabellos.


Comme à Arzacq, Rafi va réaliser une très intéressante faena qu’il gâchera à la mort.
Son eral d’Alma Serena, est un manso. Tête haute, il envoie un coup de corne bien avant de rentrer dans la muleta. Il sera très vite attiré par les planches. Avec beaucoup de technique, dominio,  et d’élégance, Rafi fait baisser progressivement la tête au novillo . Il s’en suit une superbe série de derechazos qui illustre le potentiel du jeune torero . La faena, sans démérite de la part du torero, va à menos par la faute de l’eral. Le nîmois perd une fois encore à l’épée l’oreille qu’il avait gagné avec la muleta.


Antoine Madier reçoit à la cape un joli novillo de Philippe Cuillé. Handicapé du train arrière, le toro supporte mal le rythme imposé par le torero et chute à plusieurs reprises.
Le torero est intelligent et comprend qu’il faut commencer à aider le toro à  se reprendre physiquement et moralement. Le début de la faena par le haut, sans obliger le toro et en le laissant respirer  entre les séries permet au Cuillé de se ressaisir. Le bicho est très noble. Les séries qui vont suivre vont bluffer le public présent sur les gradins. Avec temple, élégance, en se croisant, Antoine Madier embarque le bicho dans de superbes séries à droite et à gauche (meilleures à droite).  Torero et toro vont à mas faisant vibrer le public.  Prenant un évident plaisir à toréer, le novillero toréé a gusto. 

Malgré une mise à mort en deux temps, la présidence accorde  deux oreilles à un torero ému aux larmes lors de sa vuelta et de sa sortie en triomphe.

A Antoine de savoir garder la tête sur les épaules ,et de continuer à travailler aussi bien sur le sable des ruedos que sur les bancs de son Ecole pour faire fructifier son potentiel intellectuel et taurin. .

Manifestement il y a un torero en puissance dans les Landes, des cartels Cissé , Rafi, Madier ne manqueraient pas de créer une émulation entre toreros et pourraient attirer du monde sur les gradins. Puissent les organisateurs (du Sud Est et du Sud Ouest) entendre ce message.

De nombreux amis du Sud Est ,dont ceux du Collectif des Aficionados Français ont fait le déplacement. .

Rendez vous ce dimanche à Samadet pour la seconde journée de la Féria de la Faîence avec les débuts en piquée de Tibo Garcia



Thierry Reboul

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